mardi 22 janvier 2013

Au nom des Musulmans du Mali


Une quarantaine de figures plus ou moins connues du salafisme en Mauritanie ont émis un avis dénonçant la guerre «menée par la France chrétienne» contre «les Musulmans du Mali». Parmi eux se trouvaient certes quelques vénérables Shaykhs comme Mohamed Lemine Ould Hacen, mais cela n’a pas donné une grande ampleur au mouvement. Puis vint la position très tranchée du Conseil mondial dirigé par Youssouf Qaradawi, le Shaykh établi au Qatar dont il cautionne tous les agissements. Et enfin notre vénérable Shaykh Mohamed el Hacen Ould Deddew est entré en ligne pour exprimer la même attitude de condamnation violente d’une «croisade» contre les Musulmans du Mali.
Il se trouve, en plus de ce que nous avons déjà dit, que le Haut conseil islamique du Mali, seul représentant de l’expression musulmane dans le pays, bénit parfaitement l’intervention française. Aujourd’hui, le président de ce Conseil, Mahmoud Dicko qui, faut-il le souligner pour le lecteur mauritanien n’a pas d’équivalent ou de concurrent au Mali, a déclaré devant la presse que cette guerre vise la reconquête et donc la libération d’une partie du Mali occupée par des bandes armées «qui n’ont rien d’islamique» même si elles revendiquent le contraire.
Le porte-parole – légitime et légal – s’est dit outré par l’attitude exprimée par les Salafistes d’Egypte, le Président Mohamed Morsi, le gouvernement de Tunisie, le Shaykh Qaradawi et le Qatar qu’il a accusé d’avoir une position équivoque vis-à-vis des groupes agissant au Nord du Mali.
«Le Haut Conseil islamique du Mali constate avec regrets que depuis le début de la crise du Nord le 17 janvier 2012, le Mali, pays membre fondateur de l’OCI n’a pas bénéficié du soutien de la communauté musulmane». Et de rappeler que c’est le Mali qui a été agressé et que sa population a subi la loi de «bandes de criminels» agissant au nom de l’Islam et bénéficiant visiblement de la complicité de certains pays de la Oumma islamique. Avant de conclure : «Tous les Musulmans du Mali apprécient hautement l’intervention militaire française qui vise à mettre fin à l’occupation d’une partie de leur territoire».
Et comme cela ne suffit pas pour convaincre nos shuyukh (pluriel de shaykh) de revenir sur leurs propos qui sont finalement un encouragement pour les groupes armés, voilà venir le temps des dissensions au sein de l’organisation principale qui justifie cet alignement : Ançar Eddine. Avec la naissance du Mouvement Islamique de l’Azawad, nous avons le premier «coup de gueule» au sein de la nébuleuse créée par Iyad Ag Ghali. La dissidence exprime naturellement sa volonté d’«aller vers une solution pacifique». Le mouvement, «indépendant», «composé exclusivement de nationaux», affirme «de la manière la plus solennelle qu’il se démarque totalement de tout groupe terroriste, condamne et rejette toute forme d’extrémisme et de terrorisme et s’engage à les combattre». Le nouveau groupe dirigé par l’une des figures locales Algabas Ag Intalla qui a participé aux différentes rencontres de Ouagadougou, «lance un appel aux autorités maliennes et à la France pour un arrêt des hostilités dans les zones que nous occupons, à savoir les régions de Kidal et Ménaka (nord-est du Mali) et (pour) créer un climat de paix qui va nous permettre d’aller vers l’établissement d’un dialogue politique inclusif».
A ceux qui se sont empressés pour se ranger du côté des vrais assaillants d’appeler les groupes armés à déposer les armes, de demander aux combattants algériens, mauritaniens, nigériens, nigérians, libyens, égyptiens, tunisiens, européens ou nord-américains, de leur demander de quitter ce pays qui n’est pas le leur et de laisser sa population vivre en paix. Eux qui semblent écoutés par ces jeunes en rupture avec leurs sociétés d’origine, doivent dire la seule bonne parole qui vaille : parce que la solidarité des «frères» (de tous genres) a fait défaut, le Mali avait le droit de faire appel à ses alliés pour continuer à exister et pour refaire son unité. Les criminels, les vrais, sont ceux qui ont mis la région à feu et à sang. Depuis quelques mois déjà et qui ont préparé le coup depuis quelques années déjà.