vendredi 19 octobre 2012

Du poisson pour les masses


Tout a commencé par un coup de tête en 2006 : la délégation chargée de la surveillance maritime décide de distribuer gratuitement aux populations le poisson confisqué aux bateaux ne respectant pas la réglementation. Puis a suivi l’idée de le vendre à moindre prix pour assurer la permanence de l’approvisionnement du marché naissant.
Grâce à cette vente – 50 UM le kilogramme – et la saisie de camions frigos étrangers, l’opération évolue vers l’acquisition de containers frigos qui permettent le stockage du produit en attendant de l’écouler. C’est un poisson appartenant à la classe du «petit pélagique» comme le chinchard ou la sardinelle, qui alimente ce marché. Cela permet de laisser le poisson de grande valeur marchande entre les mains de ceux qui vivent de son commerce, tout en disponibilisant un marché de grande valeur nutritive aux populations et à un prix très bas. Un double objectif est ainsi atteint : - un apport nutritionnel de qualité à très bas coût, par une année de stress alimentaire ; - lutte préventive contre le goitre, par l’iode que seul le poisson de mer contient.
Ce circuit prend son envol en 2011 avec un total de 2.779.311 kilogrammes écoulés sur l’ensemble des points de vente qui se répartissent comme suit : Nouakchott (1.137.551 kg pour 2011), Nouadhibou  (214.540 kg), Kaédi (30.000 kg), Rosso (132.010 kg), Boulenwar (2.390 kg), Bir Moghrein (8000 kg), Zouératt (222.580 kg), Wadane (25.250 kg), Kiffa (218.140 kg), Atar (275.380 kg), Aleg (203.670 kg), M’bout (235.830 kg), Akjoujt (71.970 kg).
Au cours des six premiers mois de 2012, le total vendu est de 2.476.870 kilogrammes dans les mêmes points de vente auxquels il faut ajouter Boutilimitt (53.920 kg), Boghé (152.159 kg) et Aïoun (129.000 kg). Au cours de la même période, il y a eu de distribués, 200.930 kg à Kaédi, 16.690 kg à Boulenwar, 22.000 kg à Bir Moghrein, 290.990 à Zouératt qui couvre aussi Fdérik, 123.020 kg à Rosso, 39.381 kg à Wadane, 156.860 à Kiffa, 280.960 kg à Atar, 130.734 kg à Aleg, 64.000 kg à M’bout, 71.970 à Akjoujt, 525.780 kg à Nouakchott qui couvre désormais Idini et Wad Naga et 129.000 kg à Nouadhibou.
Pour une population qui a toujours tourné le dos à la mer et aux produits de mer, c’est déjà une petite révolution. Surtout que 2011-2012 fut marquée par une sécheresse qui a fait peser la menace de la crise alimentaire. L’apport de ce marché est incontestable dans l’approvisionnement du marché en denrées alimentaires, qui plus est riche en protéines.
Signe de la réussite de l’opération, l’intérêt que lui portent désormais les partenaires étrangers. En effet, les Espagnols, les premiers partenaires dans le secteur des pêches, y ont vu l’opportunité de participer à la fourniture d’une alimentation saine et de qualité aux populations et de façon pérenne. Grâce à un financement à hauteur de cinq millions euros, ils sont en train de mettre sur pieds une structure permanente en vue de gérer le projet et de l’institutionnaliser encore mieux. La construction des lieux appropriés de stockage a été lancée ces dernières semaines. Bientôt le projet acquerra des camions en plus et développera une infrastructure lui permettant de couvrir l’ensemble des régions de Mauritanie dont restent : le Guidimakha, le Tagant et le Hodh Echergui. Grâce à ce financement, d’autres points de vente verront le jour un peu partout sur le territoire national. Objectif : du poisson pour les masses.