jeudi 14 juin 2012

La marche vers la guerre


Le président du Niger est un va-t-en-guerre, il l’a dit et répété. Il n’est pas le seul parce que son homologue de Guinée a aussi demandé une intervention militaire dans le Nord malien. On sait que le président ivoirien avait, dès le début, montré beaucoup d’excitations à l’idée d’une intervention militaire de la CEDEAO. Il a même parlé et demandé la mobilisation des troupes en attente, quelques trois mille hommes qui seraient prêts à intervenir n’importe où dans l’espace ouest-africain.
La Mauritanie, l’Algérie et d’autres pays, sans faire la promotion d’une intervention immédiate, pensent que la situation actuelle est intenable et qu’elle est lourde de menaces pour toute la région.
La «communauté internationale» - on désigne par ce terme, les pays qui ont droit de véto au Conseil de Sécurité de l’ONU – est unanime. Même les Russes et les Chinois pensent qu’il faut agir au plus vite. Les Français et les Américains n’en parlons pas : ils se sentent directement concernés, les premiers pour avoir des otages aux mains de AQMI, les seconds pour le rôle de «gendarmes du monde» qu’ils ont toujours joué.
Les indépendantistes de l’Azawad, ceux du MNLA au moins, ne pèsent pas grand-chose devant les milices de Ançar Eddine et les différentes factions de Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI).
Liées par la communauté idéologique et une alliance ancrée, les deux organisations jihadistes occupent les grandes villes et maitrisent parfaitement la circulation des biens et des personnes. Ces organisations craignent une seule chose : la mobilisation des fils de la région pour les bouter dehors, un peu le scénario des Sahawat qui a permis aux Américains de contrer l’action sanglante de Al Qaeda. Il s’est agi de monter des milices composées des enfants du pays déterminés pour le mal que les groupes combattant au nom de Al Qaeda leur ont fait.
En Algérie, au Niger et en Mauritanie, les élites maliennes, militaires et civiles réfugiées s’organisent déjà.
Peut-on y voir les prémisses d’une action qui viserait alors à mobiliser, à équiper et à soutenir les fils du pays pour libérer le Nord des mains des milices armées ? qui va-t-on mobiliser, des Touaregs, des Arabes, des Songhoïs, des Peulhs… ? ou tous ensemble ? accepteront-ils d’y aller sans garantie du règlement de tous les passifs ? faut-il restaurer l’Etat central avant ou après ? et surtout, surtout : que faire avec les trafiquants de drogue qui font l’ossature de toutes ces milices, celles qui occupent le terrain et celles qui seront sollicitées pour les chasser ?