mardi 5 juin 2012

Besoin d’Egypte


Le processus politique égyptien nous concerne. Il concerne même l’ensemble du monde arabe. Parce que l’avenir de ce monde dépend de la conclusion du processus égyptien. Si la démocratie aboutit normalement à un changement, à une transformation du pays des Pharaons, cela déterminera la modernisation des autres pays arabes. Si par contre, on en reste à un lifting d’un système qui est, au mieux, un changement de bourreaux, on peut être sûr qu’il ne restera pas grand-chose de ce qu’on appelle pompeusement «le printemps arabe».
L’Egypte est le seul pays dont le positionnement géographique, le poids démographique, le parcours historique, le prédisposent à jouer le rôle de pôle de rayonnement. Après la mise à genoux de l’Irak et l’émergence de l’Iran et de la Turquie comme puissances régionales, le Monde Arabe s’est retrouvé orphelin, sans tête et sans assises. Mais comment l’Egypte peut-elle reprendre le dessus ?
Le deuxième tour de l’élection présidentielle oppose un symbole du régime déchu à un représentant de la confrérie des Frères Musulmans, élément essentiel de la révolution qui a chassé Moubarak sans véritablement vaincre son système. C’est à l’islamiste de donner les gages que plus rien ne sera comme avant. A lui de prendre en charge la problématique copte et de l’intégrer dans sa vision de l’Egypte. On nous parle de la possibilité de nommer un Copte au poste de vice-président, c’est déjà un pas. On promet aussi, comme gage d’ouverture, de nommer El Baradai au poste de Premier ministre dans le gouvernement qui suivra la victoire islamiste. C’est tant mieux. Mais l’essentiel est ailleurs.
C’est d’abord dans l’éloignement de la sphère et de la logique salafiste qui constitue un frein à l’entreprise de modernisation de la vie.
C’est ensuite dans le volontarisme et l’engagement avéré pour l’ouverture de la société égyptienne. Sur elle-même et sur les autres.
On ne peut que souhaiter la réussite de l’expérience égyptienne. On n’a que la prière pour ce faire.