dimanche 22 septembre 2013

Dernière Commission mixte Mauritanie-UE : David vs Goliath

Le Protocole  RIM UE signé pour deux ans en juillet 2012, est entré dans sa dernière ligne droite avant le vote du Parlement UE devant le valider ou le rejeter en octobre 2013.  C'est ainsi que Bruxelles et Nouakchott, qui defendent, chacun à sa manière ce Protocole, ont tenu une dernière Commission mixte avant cette date.
Il ressort de leurs conclusions que les deux parties ont voulu anticiper pour rendre le Protocole plus "attractif " sans incidence sur ses objectifs fondamentaux.
Bruxelles a abandonné les céphalopodes et la sardinelle en deçà des 20 miles aux pêcheurs mauritaniens.
Nouakchott tout en maintenant les 20 miles d'exclusion de pêche pélagique industrielle exceptées les extrémités sud et nord de la façade maritime:
- à l'extrémité sud : 13 miles
- à l'extrémité nord l'ancien tracé a été légèrement réaménagé pour permettre aux chalutiers pélagiques de pêcher dans des canyons profonds et très loin des côtes.
Ces modifications permettront une meilleure capture de chinchards, tout en préservant la sardinelle.
Quant aux crevettiers espagnols, leur zonage à également été revu comme suit:
- l'extrémité sud vers le Sénégal : 6 miles comme avant, la zone centre passe de 6 et 8 miles à 9 miles, donc plus loin de la côte, laissant ainsi plus de champ aux pêcheurs mauritaniens. En contrepartie la zone au niveau de Timiris à été rapprochée, puis de nouveau éloignée vers le Cap Blanc.
- La redevance par tonne pêchée est passée de 420 à 400 €
- Le bycatch en céphalopodes est lui passé de 6 à 8 % pour le quota de 5000 tonnes par an.
Ces aménagements, pensent les deux parties couperont l'herbe sous les pieds des ennemis du Protocole, sont sans incidence négative sur la ressource et améliorent les recettes financières de tous, ce qui ne gâche rien.
La Mauritanie considère que si elle préserve la ressource, les intérêts de ses pêcheurs en leur protégeant leur zone de 20 milles (sardinelle), les céphalopodes, les 60 % de marins employés, les débarquements et les transbordements à Nouadhibou, la redevance de 2 % sur la totalité des captures pélagiques pour ses poissonneries, la redevance de 123 euros/tonne pélagique pêchée, la contrepartie financière de 67 millions d'euros...., si la Mauritanie réussit à préserver ces fondamentaux, tout le reste est accessoire.
Le seul problème que les deux parties n'ont pu résoudre - et il est important - est celui de la date d'entrée en vigueur du Protocole: la RIM considère la date de la signature à Nouakchott le 1er août 2012, alors que Bruxelles considère celle de son adoption par le Conseil des Ministres des 27 états de l'UE. Sur ce point les deux parties continuent les discussions afin de trouver une entente.

L’Accord, présenté à Nouakchott comme une victoire sans précédent du négociateur mauritanien qui nous a habitués à brader la ressource sans de réelles négociations, cet Accord repose sur une philosophie qui prend en compte la nécessité de préserver la ressource en général, et d’en faire profiter les Mauritaniens autant se peut. C’est en cela qu’il s’agit d’une réussite dès lors que les critiques émises çà et là se rapportent à la volonté du négociateur mauritanien, le Conseiller technique du ministre des pêches, Cheikh Ould Ahmed, d’en tirer le maximum de profit pour le pays. Les opérateurs espagnols ont été particulièrement hostiles à l’Accord et continuent de mobiliser les Parlementaires contre son approbation. Une guerre inégale qui rappelle l’épisode David vs Goliath.