samedi 3 septembre 2011

Le temps passe


Une semaine déjà que ceux des politiques qui veulent entrer dans le processus de dialogue l’ont fait. Plus d’une semaine que le gouvernement a répondu au moins à deux de leurs doléances : le report des élections qui a été effectivement décidé et l’ouverture des médias publics qui ne s’est pas encore traduite dans les faits. C’est pourtant cette dernière qui va décrisper l’atmosphère.
Imaginons des débats contradictoires où tous sont invités à prendre la parole pour dire ce qu’ils pensent de la situation et du processus lui-même. N’est-ce pas rassurant que de laisser s’exprimer publiquement tous les acteurs ? A l’opinion de juger la justesse de tel ou tel point de vue, la vanité de telle ou telle revendication.
Les Mauritaniens semblent incapables de sortir de la logique du «tout politique». Leurs opérateurs – c’est le terme qu’il faut utiliser dans la mesure où l’exercice de la politique rapporte en terme de revenus – refusent de rompre avec les méthodes régissant jusqu’à présent la vie politique publique. Et ce n’est pas le seul point sur lequel nous n’entendons pas faire des progrès. Il y a aussi toute la question liée à notre rapport avec le temps. Et du coup avec l’Histoire.
Le temps ne compte pas pour nous. La notion de «perte du temps» n’existe pas ici parce que le temps n’est pas une valeur avec laquelle il faut compter. Pas d’accumulation, pas de progrès et même pas d’Histoire.
Comme au temps des campements – et des petits hameaux perdus -, nous nous laissons emporter par des cycles d’abondance et de carence. D’où notre vision circulaire de la vie qui ne fait que revenir sur ses pas… Nous tournons en rond.
Les problèmes posés à l’aube de l’indépendance sont ceux qui se posent aujourd’hui : la construction d’un Etat  moderne, d’une Nation riche de sa diversité, d’une école creuset de formation de la personnalité mauritanienne de demain, d’une société égalitaire où les valeurs citoyennes remplacent ceux liés à la naissance, de routes, d’hôpitaux…
Chaque jour qui passe aujourd’hui sans accord, sans discussions en vue de cet accord, est un temps perdu, donc une chance de moins, une complication de plus.
Le changement sera réellement envisageable le jour où nous comprendrons que nous n’avons pas de temps à perdre. Que nous en perdu assez jusque-là.