vendredi 1 juillet 2011

Pourquoi on se trompe de revendication ?

Encore une fois, nos confrères de la presse officielle – TVM, RM et AMI – vont en grève pour revendiquer le paiement des 50 et 10% qu’ils croient un droit acquis parce qu’une partie leur a été payée au lendemain du 6 août 2008. Je ne discute pas ici le droit ou non pour les employés d’entreprises ayant un statut assez distinct de celui des sociétés publiques, le droit donc pour ces employés de bénéficier des mêmes augmentations décidées pour les fonctionnaires de l’Etat. Je discute ici l’absence de revendication concernant l’exercice de la profession pour des gens qui ont jusque-là subi le diktat officiel.
Comment se fait-il qu’au moment où l’on s’achemine vers la mise en œuvre de nouveaux statuts pour ces institutions, les travailleurs ne parlent pas de leurs statuts à eux ? Mais ces gens n’ont pas de statut. Ils n’ont rien qui leur permette d’exercer en toute dignité leurs boulots. Ils n’ont rien qui les protège contre l’arbitraire souvent exercé par leurs chefs. Comment au moment où la parole se libère, où la plume se libère, où les révolutions secouent le monde, comment se fait-il que les journalistes de Radio Mauritanie, de Télévision de Mauritanie et de l’Agence mauritanienne d’information, n’aient à l’esprit qu’une augmentation de salaire dont l’opportunité est discutable légalement ? Est-ce un mal mauritanien de toujours revendiquer seulement les avantages immédiats et en numéraire, jamais l’essentiel et le durable ?
Il y a quelques années, je participais à un colloque international qui réunissait les représentants de la société civile de pays espérant découvrir le pétrole. Il y avait là des tchadiens, des congolais, des camerounais… Chaque fois qu’un mauritanien prenait la parole, c’était pour dire comment s’assurer que les salaires vont augmenter, combien les ONG’s de développement pouvaient avoir en terme de subventions… Quand les autres parlaient, c’était pour dire que le souci premier pour eux est de diriger la manne attendue vers la construction d’écoles, de routes, de dispensaires, bref d’infrastructures pour le pays. Cela donne à réfléchir…