samedi 5 avril 2014

Lourdeurs et calculs

Il y a quelques années, fin 2009-début 2010, la société minière Tasiast proposait à la Mauritanie la construction d’un Centre des urgences moderne à Nouakchott pour un coût total de six millions dollars. L’étude de faisabilité et de la formulation du concept a été entièrement financée par la société qui voulait participer à l’effort national visant le développement des infrastructures sanitaires. Une manière d’accompagner la volonté affichée du Président de la République qui commençait à donner une importance particulière au développement des infrastructures sanitaires.
Quand la société minière présenta le projet aux autorités concernées, celles-ci se contentèrent d’abord de laisser la démarche sans réponse. Avant de se rattraper pour proposer que la société commence à construire sur sa part de l’investissement (trois millions dollars) en attendant que la partie mauritanienne se décide.
C’est ainsi que les locaux du Centre des urgences fut construit dans un espace situé entre l’hôpital national (CHN) et celui de la cardiologie. Vous pouvez voir les bâtiments à partir de l’avenue qui les longe. Bien sûr que les ambitions ont été revues à la baisse : plus besoin par exemple de prévoir un «coin» pour l’atterrissage des hélicoptères d’urgence. Mais passons…
Estimant avoir fini la construction de l’immeuble lui-même, la société minière signifia aux autorités qu’il restait un reliquat de huit cents mille dollars. Une manne qui aiguisa d’abord les appétits. Mais «on» se ressaisît rapidement parce que le pourvoyeur des fonds suggéra que la somme soit utilisée pour mettre en place d’un système de distribution des gaz médicaux dans le Centre (oxygène…).  
Un premier appel d’offres a été lancé. Mais les autorités concernées, sachant «qui» elles voulaient pour ce marché, spécifièrent dans le marché une exigence : le compresseur doit être de la même marque que celui qui existe déjà au CHN (hôpital national) et qui a été acheté chez un fournisseur «particulier». Oubliant que spécifier la marque d’un produit relevait de la concurrence déloyale et que cela était formellement interdit par les nouvelles règles régissant l’attribution des marchés. Ce sera justement la raison de l’opposition exprimée par l’Autorité de régulation des marchés quand elle a été sollicitée pour l’adjucation du marché finalement obtenu par le fournisseur favori pourtant proposant l’offre la plus chère.
On déclara le marché infructueux malgré l’existence d’autres offres techniquement valables et financièrement plus favorables. Côté Autorité des marchés, on attend la décision des autorités sanitaires. Côté autorités, on attend visiblement de trouver la formule qui pourrait permettre de donner le marché au plus «proche», au plus «connu des services». Quitte à perdre du temps à réaliser une aussi importante infrastructure que ce Centre des urgences dont la construction a finalement pris près de cinq ans… tout un mandat…