mercredi 10 avril 2013

Dénouement (plutôt) satisfaisant


Dans l’affaire Hondone, une porte de sortie de crise semble avoir été trouvée. Il a fallu remonter jusqu’à la présidence pour amener les deux parties à s’entendre sur un nouveau point de départ.
Tout a commencé il y a quelques semaines, quand la partie mauritanienne a découvert que la partie chinoise accélérait sur certains aspects du protocole d’application de la convention signée en 2011, notamment sur la pêche des céphalopodes, et qu’elle ralentissait sur les aspects, beaucoup plus importants pour la Mauritanie, de l’emploi, de la construction navale et de la pêche pélagique. Ce qu’apprenant, le Président de la République avait donné ordre au ministère des pêches de ne pas renouveler les licences de fonds avant de revoir les termes de l’accord.
C’est au colonel Cheikh Ould Baya, l’artisan de l’accord avec l’Union Européenne, que fut confiée la mission de renégocier la mise en application du protocole d’accord, et ce en sa qualité de conseiller du ministre des pêches.
Manipulations et incompréhensions (dont nous avons rendu compte en leur temps) ont amené les deux parties à aller vers une impasse. Même quand deux commissions furent constituées, la première représentant l’Etat mauritanien (Ministères des pêches, des finances, du développement…), la seconde la société chinoise (Hondone, Ambassade de Chine, intermédiaires mauritaniens…). Plusieurs rounds de négociations n’ont pas permis de trouver un terrain de convergence.
La partie chinoise faisait porter à l’administration mauritanienne la responsabilité des retards constatés dans la réalisation du projet. Elle demandait aussi l’ouverture de nouvelles possibilités pour elle pour compenser ses insuffisances (possibilité d’acheter le produit, de pêcher en-deçà de la zone des 20 miles fixés pour le pélagique, de louer le froid…).
Pour la partie mauritanienne, il s’agissait, tout en respectant scrupuleusement les termes et la philosophie de la Convention ratifiée par le Parlement, de s’en tenir aux termes du protocole qui définit les contours de sa mise en application. Après avoir payé le prix politique de la convention qui a été l’occasion de plusieurs joutes politiques qui ont été pour les détracteurs du régime, l’occasion d’accuser le Président en personne d’être le premier bénéficiaire de la Convention, après le prix politique donc, la Mauritanie ne devait pas supporter un coût économique et social par la mauvaise application des termes de l’accord.
Les appréhensions des Mauritaniens ont fini par être entendues par les Chinois. C’était au cours d’une réunion tenue ce matin à la Présidence de la République.
Le ministère laisse travailler les cinq céphalopodiers déjà présents jusqu’en juin. D’ici là, la partie chinoise va lancer sa partie pélagique. Pour ce faire, construire les cent pirogues et créer 2000 emplois supplémentaires. En réalité, la pêche aux céphalopodes ne durera plus que 20 jours avant l’arrêt biologique de deux mois (mai et juin). La troisième année finissant de la durée du premier protocole, il va falloir que la partie mauritanienne mette sur pied un comité de suivi pour s’assurer de la bonne exécution des nouveaux engagements.
Les rebondissements de cette affaire auront convaincu les sceptiques qu’il n’y avait rien derrière en termes d’intérêts «présidentiels» particuliers… Espérons que la polémique est close.