mardi 7 avril 2015

Le rejet de la décision de la commission des bourses

Quelques jours après la publication des résultats de la réunion de la commission nationale des bourses, le ministère de l’enseignement supérieur a annulé cette décision. La commission avait accordé 3398 bourses à 2699 étudiants établis en Mauritanie et 699 à l’étranger. C’est ce résultat qui est aujourd’hui remis en cause. Pourquoi, comment et quoi après ?
Dès 2009, la direction de l’enseignement supérieur avait trouvé une formule qui introduisait des critères assurant le maximum de transparence au niveau des choix des nouveaux boursiers. Il s’agissait d’un système de notation qui évaluait le cursus de l’étudiant dans sa globalité (redoublement, classement, assiduité…) et de faire ensuite le classement par ordre de mérite des candidats aux bourses d’études. C’est donc le logiciel qui détermine, sous la supervision d’une commission comprenant outre l’administration les représentants des étudiants.
C’est ce premier classement qui est proposé à la commission qui se charge ensuite de présenter différents scénarii au ministre qui prend sa décision. Il s’agit d’expliciter le niveau de l’enveloppe financière si l’on décide d’aller jusqu’à la moyenne de 7, de 6, de 5 ou de 4. A chaque niveau, son coût. C’est donc au ministre de décider en fonction de l’enveloppe prévue sur le budget national. Pour cette année, le ministère a décidé d’aller jusqu’à la moyenne de 4. Ce qui explique le nombre important de boursiers par rapport aux années passées.
Cela s’est fait dans la transparence requise et sans intervention extérieure. D’où la surprise générale quand on a rendu publique la décision d’annuler la décision de la commission déjà communiquée. On a pensé alors à l’éventualité d’une mauvaise information communiquée en haut lieu concernant la possibilité de quelques manigances. Sans faire remarquer que s’il y avait malversation ou manipulation, les étudiants auraient été les premiers à se manifester pour la dénoncer. Alors ?
Les autorités ont envoyé une mission d’inspection pour mettre au clair la procédure suivie par le ministère. Il est attendu qu’elle ne trouve rien à y redire, en tout cas au plan de la régularité et de la non interférence des autorités pour influer le classement automatique du logiciel de traitement de la question.
D’ailleurs la question posée est de savoir si le niveau atteint du fait d’aller jusqu’à la note 4 influe grandement sur l’enveloppe et s’il constitue une dilapidation des biens publics. Si l’on était allé jusqu’à la note 7, combien aurait-on économisé ? Environ 170 millions seulement. Si l’on ne prend pas en compte les départs en fin de bourse cette année. Dans ce cas la différence dépasserait à peine les 60 millions.
Modique différence quand on voit que ce sont près de deux mille étudiants mauritaniens qui seront encore privés de bourses alors que l’Etat peut les leur octroyer. D’autant plus que cette année, la règle des 6%, quota réservé aux filles en fonction de la liste normale, que cette règle a été heureusement appliquée lors de la dernière réunion de la commission. Ce qui a permis à de nombreuses étudiantes mauritaniennes de bénéficier de bourses. Comment peut-on envisager le retour sur une décision sans raison objective ? surtout sans prétexte de manipulation ou d’iniquité dans la sélection ?
L’application de ce procédé a permis l’absence de toute contestation de la part des étudiants dont les revendications se limitent désormais à la généralisation des bourses d’études. Il est difficile donc d’envisager une annulation pure et simple de la décision, surtout avec les risques qu’elle comporte pour la tranquillité dans le milieu estudiantin.

Attendre pour voir…