dimanche 6 mai 2012

Reconnaissances posthumes


En ces jours de fête internationale de la liberté de presse, on est heureux d’entendre que l’agence américaine Associated Press (AP) vient de présenter ses excuses posthumes à l’un de ses journalistes, disparu en 1963. Reconnaissance du professionnalisme et du sens du scoop du journaliste Edward Kennedy qui avait été le premier à donner la nouvelle de l’abdication de l’Allemagne au lendemain du 7 mai 1945.
L’abdication avait été signée à Reims d’abord par les chefs de l’armée allemande en face des Alliés. Mais les Russes qui avaient joué un grand rôle dans l’effondrement de l’Allemagne hitlérienne, avaient demandé d’attendre de signer à Berlin avant de rendre publique la capitulation. L’Armée américaine avait alors demandé aux correspondants de guerre présents de surseoir à la publication de l’information en attendant son officialisation à Berlin.
24 heures après, Edward Kennedy, incapable de cacher une information d’une telle importance, envoie sa dépêche à son agence.
Il est immédiatement suspendu par l’Armée, avant d’être licencié par son employeur. 67 ans après l’évènement et 49 ans après sa mort son employeur reconnait son erreur et réhabilite le travail du journaliste.
"C'était un jour affreux pour AP. Cette affaire a été gérée de la pire des manières", a déclaré le patron de l'agence américaine, Tom Curley aux organes de presse. "Lorsque la guerre est terminée, on ne peut pas retenir l'information de cette manière. Le monde a besoin de savoir", a ajouté le directeur de AP.
Une leçon d’abnégation et d’équité. Quand je pense à toutes nos valeurs qui ne sont pas reconnues même après leurs morts. Quand je pense à tous ceux que nous glorifions et qui ne le méritent pas. Aux trafics de l’Histoire, aux dérives voulues et orchestrées…