vendredi 25 juillet 2014

Qui payera la casse ?

Un accident violent s’est produit hier sur l’avenue Moktar Ould Daddah, une avenue principale de Nouakchott, une artère où la circulation devait pourtant être régulée. C’est une voiture de type Toyota Avensis qui est venue percuter l’abribus placé à côté de SIG-Informatique. La violence du choc indique la vitesse à laquelle roulait la voiture.
Selon les témoins, la voiture était conduite par un jeune, «un enfant» insistent les témoins. Il aurait été amené à l’hôpital sans plus de détails (on espère pour lui qu’il ne soit pas touché). Les éléments du GGSR accourus sur les lieux ont pris la précaution de bloquer la voiture pour empêcher qu’elle soit déplacée avant la fin de l’enquête. C’est que la voiture n’est pas immatriculée et le propriétaire pourrait la remorquer en pleine nuit pour s’éviter les conséquences de l’acte.
La violence de l’accident nous rappelle l’irresponsabilité des usagers de cette avenue qui est souvent le lieu de rodéos motorisés pour les jeunes du quartier de Tevraq Zeina. Deux feux marchent encore sur cette avenue. Les contrôles policiers sont rares. Quelques fois les éléments du GGSR mènent des campagnes efficaces sur toute l’artère.
Il faut aussi penser à ces parents qui fournissent à leurs enfants les moyens de se tuer et de tuer : qu’est-ce une voiture entre les mains d’un gosse qui conduit mal et qui se conduit mal, sinon une machine à tuer ?
Mais il y a une chose à la quelle personne ne va penser – à part le GGSR qui a collé un sabot au pneu pour prévenir toute fuite de ce véhicule : mais qui va payer la reconstruction de l’abribus ? Il s’agit de ces constructions qui ont donné une image moderne de Nouakchott, mais aussi des villes de l’intérieur. L’aspect est celui d’un abribus qui est aussi un support de publicité. Tout cela en fait une sorte «d’ornement public»… entre guillemets parce que ce terme me rappelle une anecdote que je vais partager avec vous.
En 1995, alors que j’étais rédacteur en chef du Calame, le journal a été la cible d’une vendetta qui a eu l’effet d’un tsunami. Nous avons porté plainte. Mais le Juge chargé de l’enquête a émis un mandat d’arrêt contre ma personne avec qualification «provocation de destruction d’un… ornement public». En discutant avec le Juge, il nous expliqua que les vandales considéraient que la Calame avait publié un article diffamatoire, pour cette raison ils s’en sont pris au journal, donc c’est bien le rédacteur en chef du journal qui est responsable du sac !!! et «l’ornement public» ? Le juge a considéré que le journal était «un ornement public»… Bon, il faut reconnaitre qu’à l’époque la liberté de presse relevait effectivement de «l’ornement» dans la mesure où elle était factice, les autorités ayant tout le loisir à l’asphyxier à travers l’article 11 et toutes les autres mesures visant à la mettre au pas… heureusement que cette époque est loin de nous…