lundi 10 septembre 2012

Assassinat, oui mais...


Triste sort que celui qui a été réservé aux seize membres de la Jemaat Edda’wa wa ttabligh, cette association de prédicateurs très pacifiques et très volontaires.
On ne sait pas encore tout ce qui s’est passé. Mais, contrairement à ce que le correspondant de l’AFP (qui doit être le fameux Serge Daniel, le journaliste-barbouze), ils n’ont jamais refusé d’obtempérer à un ordre d’arrêt à un contrôle. Ils sont pour la plupart des ressortissants des régions frontalières et connaissent parfaitement les règles pour passer de l’autre côté… Ils sont passés la frontière après avoir fait leurs formalités d’entrée avant d’être rejoints par une unité qui a ouvert le feu sur eux.
Passé le moment du choc, c’est une situation à laquelle on pouvait s’attendre. Il y a quelques semaines, le Sénégal annonçait en grande pompe l’arrestation d’un groupe de «terroristes mauritaniens» appartenant à AQMI. Dès qu’on a vu les noms, on a compris ici qu’il s’agissait en fait d’un groupe de prédicateurs qui prennent les routes africaines à la faveur des vacances pour prêcher la bonne parole.
Une campagne de presse a été lancée contre les «salafistes qui ont pris possession des mosquées de Bamako». Il s’agissait en fait de prédicateurs qui n’ont rien à voir avec le militantisme islamique. Cette campagne a probablement participé à la naissance d’une psychose qui fait que tout musulman barbu portant une Djellaba et une marque sur le front, répétant des incantations, est «un terroriste» probable.
Le groupe de prédicateurs ciblés par l’Armée malienne a commis la faute d’aller au Mali dans les conditions actuelles. Mais les populations riveraines ne peuvent se résoudre à croire qu’un quelconque évènement puisse perturber les relations dans cet espace où les frontières n’ont jamais été mentales. On peut imaginer le groupe, essentiellement des enseignants d’écoles, après avoir fait les formalités, traverser calmement avec leurs frères maliens la frontière pour rejoindre leur destination. Ils sont à mille lieues de savoir que leur présence pourrait être suspecte.
Il nous reste à espérer que les Maliens réagissent au plus tôt, ce qu’ils n’ont malheureusement pas fait, donnant l’impression que rien ne s’est passé. Il faut comprendre que les autorités actuelles n’ont pas emprise sur l’ensemble des acteurs et excuser au Mali ses manquements.
En attendant, essayons de supporter la douleur et de contenir nos colères. Et surtout de refuser toute instrumentalisation de ce drame.