lundi 18 mars 2013

Une utopie qui se réalise


Un reportage télévisé qui présente une commune d’Espagne, Marinaleda, quelque part dans la province de Séville en Andalousie. Cette région qui nous est, à nous autres Musulmans maghrébins «le paradis perdu».
On explique dans le reportage comment fonctionne cette démocratie citoyenne, basée sur la consultation et l’implication directe des citoyens. Ici, tous les aspects de la vie font objet de discussions et de mise en œuvre par la communauté des citoyens. Le maire de la ville, Juan Manuel Sanchez Gordillo est régulièrement réélu depuis une trentaine d’années.
Un barbu anticapitaliste qui rappelle par ses envolées, les illuminés d’antan, ceux qui ne courent plus les rues.
Alors que dans nos communes, les maires accaparent le pouvoir décisionnel et la gestion quotidienne des communes, à Marinaleda les questions de logement, d’emplois, d’équipements, d’impôts, d’infrastructures, de productions agricoles, de transformation, de commercialisation des produits…, tout est l’objet de votes populaires. C’est la coopérative agricole qui est à la base de l’organisation du système économique. Ici, on produit la meilleure huile du monde, grâce au sérieux du travail collectif. Elle possède pour ce faire des terrains arrachés à un riche propriétaire «traditionnel», une survivance d’un temps révolu, mais qui pèse encore lourdement sur le système d’organisation en Europe en général, en Espagne en particulier. Exactement comme ce que nous vivons ici malgré la loi domaniale : des milliers d’hectares de terres cultivables qui sont constamment en jachère (encore que la jachère suppose qu’ils seront utilisés ultérieurement alors qu’il n’en est rien).
Alors que certaines de nos communes demandent la création d’une police, il n’en existe pas à Marinaleda où pourtant règnent une discipline et une sécurité parfaites. Les assemblées générales de citoyens se tiennent chaque année pour décider de l’avenir. Tout est exploité en commun et les bénéfices vont dans la création de nouveaux centres d’intérêts participant au bien-être général et individuel. Les salaires sont les mêmes pour tous : 47 euros pour six heures et demi de travail dans les champs et huit heures à l’usine, par jour bien sûr. La location d’un logement est en moyenne de 15 euros par mois, la crèche est à 12 euros (cantine comprise). Quand on veut construire «sa» maison, on bénéficie d’un terrain viabilisé à condition de participer soi-même aux travaux qui sont assistés cependant par des professionnels mobilisés par la mairie qui fournit tout le matériel.
Ils sont heureux les gens de Marinaleda. Ils vivent loin de la crise. Ni chômage, ni excès de disparités, ni fractures sociales irréparables, ni racisme, ni mépris de l’autre ou de soi… l’idéal en attendant mieux.