mardi 1 janvier 2013

Bonne année 2013


Je m’en vais vous proposer à lire l’éditorial du N°482 du 3 janvier 2010, en espérant que des choses auront changé depuis :
«Nous venons de dire adieu à une année… de plus. 2009… comment faire pour que les années qui se suivent ne soient que des années qui se suivent pour nous ? Comment inverser cette tendance qui est celle de la dégradation de notre environnement et de nos conditions ? Faisons le bilan…
L’année qui commence verra des pays dont la Mauritanie, célébrer leur cinquantième anniversaire d’indépendance. «Dis papa, à quoi sert l’indépendance ?» faisait un caricaturiste à un enfant africain qui assistait à des festivités commémorant un anniversaire d’indépendance. Tous les enfants mauritaniens ont le droit aujourd’hui de se poser cette question.
Quand le pays accède à l’indépendance, il fait face à deux défis : la reconnaissance en tant qu’entité indépendante à l’extérieur et l’acceptation de son autorité par les populations de l’intérieur.
Pour les premiers responsables de l’époque, il s’agissait de croire au destin d’une Nation, de faire adhérer les leurs à cette croyance, de la bâtir ensuite et de faire participer les leurs à l’entreprise de construction. Deux attitudes qui ont fait la force de l’équipe première : l’humilité et la détermination.
L’humilité a donné la simplicité qui est l’un des caractères fondamentaux de la culture sociale originelle. Elle a créé une sorte d’aura insufflant une certaine légitimité à l’entreprise de l’époque. Elle a aussi donné la spécificité d’une communauté qui n’avait rien à cacher, surtout pas son dénuement. La vérité de l’image a constitué à mon avis l’une des forces du moment.
La détermination nécessitait un profond sentiment de dignité. En revoyant les images de l’époque, ce qui frappe ce n’est jamais l’apparat, mais c’est bien l’air digne des acteurs de la scène. L’impression qu’ils s’assumaient et qu’ils s’accomplissaient.
Pour le pays, cela s’est traduit par l’adoption d’une attitude qui reflétait deux vocations qui semblaient «naturelles» pour la Mauritanie : celle d’être une terre de convergence et celle de choisir le camp de la modération et de la mesure. Mokhtar Ould Daddah rêvait de faire de ce pays, «la Suisse de l’Afrique»…
Qu’avons-nous fait de nos cinquante années ?
C’est à l’école et à travers elle que nous pouvons évaluer la réalisation du projet Mauritanie. Comment va notre école ? Très mal, me direz-vous. Encore plus mal que vous ne pouvez imaginer, vous rétorquerai-je. Sans la perspective d’une amélioration. Parce qu’avec les choix de la Mauritanie nouvelle pour le secteur, on peut penser que le Président Mohamed Ould Abdel Aziz ne pense pas à l’urgence d’une action dans le secteur de l’éducation. Sinon comment comprendre ces choix ? Quel genre d’individu produit cette école ? Quel rôle de creuset joue-t-elle ? Quel moule est-elle ?
Les hauts responsables – ministres, président, Premier ministre, présidents des chambres…- envoient leurs enfants dans des écoles privées, si ce n’est l’école française et dépendances. Les responsables du pays sont les premiers à manifester leur manque de confiance dans tout ce qui est public. Et nous voulons que le citoyen lambda se comporte autrement…
Sur le plan économique, qu’est-ce qui a été fait et dont on peut être fier ? Une société mauritanienne pouvant jouer la concurrence ailleurs ? Une production de denrée de première nécessité ? Une autosuffisance quelconque ?
Les politiques économiques ont été catastrophiques. La gestion du pays calamiteuse. La pêche qui aurait dû être la manne pour le pays, est incapable de décoller. Alors que le Maroc dont les potentialités sont moindres tire d’énormes profits du secteur, la Mauritanie traîne à en tirer réellement profit. Ni sur le plan des infrastructures, ni sur celui de l’emploi, ni la production, ni la commercialisation…
Tout comme l’agriculture qui peine. Des milliards investis… pour pas grand-chose. On est loin de l’autosuffisance alimentaire, loin de l’exploitation de toutes les potentialités, loin de disponibiliser les emplois possibles…
L’élevage est laissé en marge. Pour un pays à vocation nomade, à forte population d’éleveurs (Bidahâne et Peulhs), c’est le comble…
50 ans… nous avons besoin de redonner espoir à notre peuple… d’innover… de faire rêver… de rompre avec nos croyances anciennes et récentes… d’impulser une mentalité neuve… croire à la valeur du travail et revaloriser son produit… réhabiliter le mérite et la compétence.»