samedi 8 février 2014

Quel front face à l’obscurantisme ?

Dans un article écrit récemment par notre confrère Ahmedou Ould Wedi’a (Essiraje), l’auteur a proposé la création d’un front pour faire face à l’obscurantisme des «nouveaux takfiriyine». Pour lui, après la bataille contre l’obscurantisme d’inspiration religieuse (Salafistes takfiristes), il faut maintenant lutter contre l’autre face de cet extrémisme qu’expriment l’athéisme et les écrits iconoclastes de plus en plus fréquents. Pour Ould Wedi’a, le fondement idéologique des deux attitudes est celui qui provoque l’exclusion et le refus de l’autre. Autant les premiers rejettent tout ce qui n’est pas d’inspiration religieuse, autant les seconds refusent à tout ce qui est de cette inspiration le droit de s’exprimer. Cela se traduit par la confusion entre tous les courants religieux qui sont tous accusés d’être «extrémistes».
Il faut dire que les «Islamistes modérés» payent cher leur normalisation. Que ce soit en Tunisie où ils ont fini par faire aboutir le processus par le compromis, en Egypte où la confrontation a plongé le pays dans l’instabilité, en Syrie où la guerre civile fait rage… Partout où le processus «révolutionnaire» a abouti à l’organisation d’élections et à la victoire des Islamistes, il y a eu une «Ligue» contre eux. Comme si l’objectif était d’interdire l’exercice du pouvoir par les Islamistes. Le 16 décembre dernier, j’écrivais ici à propos de la Tunisie :
«…Suit ensuite la nécessité de trouver un équilibre entre les extrêmes : d’une part les Salafistes (Jihadistes ou non) qui perturbent et déstabilisent la Nahda, parti islamiste plutôt moderniste ; d’autre part les tenants d’une laïcité qui frise l’athéisme et qui veulent imposer à la société tunisienne un modèle qui ne lui sied pas forcément, et qui, par leur action, parasite les revendications démocratiques et modernistes légitimes de la société tunisienne. Les premiers ne veulent pas entendre de la démocratie qu’ils assimilent à une hérésie. Les seconds instrumentalisent la peur développée face à l’Islam politique pour remettre en cause les résultats des urnes en obligeant la Nahda à renoncer au pouvoir. Les deux extrêmes se nourrissent l’un de l’autre.»

Il y a lieu effectivement de créer un front contre toutes les dérives. Un front d’inspiration démocratique pour l’égalité, la justice, la citoyenneté…