jeudi 7 mars 2013

La «kharja» de Noël Mamère


On savait que cela allait finir en «pschitt». Parce qu’en tenant les propos qui furent les siens, le député des Verts, Noël Mamère, faisait une confusion énorme sur la relation que le Président Ould Abdel Aziz entretiendrait avec le trafic de drogue. On sait que le coup d’Etat qui a renversé Ould Taya en août 2005, et dont Ould Abdel Aziz est l’artisan principal, que ce coup mettait fin à des années de «bonne intelligence» avec le monde des trafics et du blanchiment d’argent. D’ailleurs, c’est seulement à partir de ce moment que les plus grosses prises ont été enregistrées. L’une des explications était que l’avènement de nouveaux responsables à la sécurité (Ould Abdel Aziz et Ould Ghazwani) avait mis fin à la protection dont les trafiquants jouissaient à l’époque. Il est injuste de vouloir lui collet une quelconque relation avec ce trafic-là. C’est pour cela qu’il fallait s’attendre à une forte réaction de la part de la Mauritanie qui est ainsi insultée. La plainte fut déposée devant les juridictions parisiennes et le député a rendu public un communiqué où il essaye de relativiser ses propos. Jugez-en vous-même :

«Suite à divers contacts et échanges avec des amis et camarades militants-y compris mauritaniens- je découvre que j'aurais accordé bien plus d'interviews et tenu plus de propos que je ne dois et peux pas avoir tenus au sujet du malheureux malentendu qui me vaut le courroux du président mauritanien. Il ressort de tous ces échanges que ma parole libre et spontanée est abusivement instrumentalisée dans une série de manipulations économico-politiques et tribales qui déstabilisent déjà un pays et un peuple que je respecte dans une région accumulant des crises tragiques qui n'épargnent pas mon propre pays. En effet, la France est engagée militairement au Mali et je compte nombre de compatriotes otages dans cette région où la chronique de leurs éventuelles survie et libération passent aussi par la collaboration active des autorités de Nouakchott.
A tous ces titres, je tiens à préciser que mon propos télévisuel – tenu lors de l'émission «28 minutes» du 21 janvier 2013 traitant de la situation malienne - n'avait pas vocation à stigmatiser le président mauritanien dans sa personne ni lui faire porter la responsabilité des trafics de drogue ou d'influences qui gangrènent la Françafrique au sens plus large.
Autrement dit, je ne veux pas être instrumentalisé : lors de mon intervention surArte, j'ai évoqué le président mauritanien, sans doute, abusivement. Comme j'aurais pu dire «tchadien», «malien» ou «algérien»...etc. Tant je ne visais pas l'homme lui-même mais plutôt les dysfonctionnements des appareils judiciaires - y compris chez nous en Europe - qui laissent parfois échapper de gros poissons mafieux comme cet autre homme dont j'ai parlé lors de mon intervention. C'est dire que, malheureusement, l'épithète géographique peut se décliner sur tout un continent.
L'intérêt de mon propos était surtout d'attirer l'attention de l'opinion publique française sur les enjeux et risques de notre intervention en territoire étranger dont le moindre n'est pas la capacité des djihadistes terroristes à trouver refuge dans les états voisins trop longtemps abandonnés à la dictature et au sous-développement.»
Noël Mamère
Député-Maire de Bègles