lundi 16 avril 2012

Au pays du gâchis (1)


Le Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz a commencé, hier dimanche, une grande tournée qui va le mener au Brakna, puis au Gorgol, pour revenir au Brakna. Une boucle qui va lui permettre de faire la démonstration de sa popularité dans des milieux supposés acquis politiquement à ses protagonistes. Démonstration faite dès l’étape d’Aleg, la capitale du Brakna.
Beaucoup de monde, venu même de Nouakchott. Et surtout une population locale très présente. Dans sa diversité ethnique (Négro-africains et Arabes) et générationnelle (jeunes et moins jeunes). Dans sa diversité politique aussi : toutes les écoles, anciennes et nouvelles, étaient là. On va toujours dire que les populations de l’intérieur du pays obéissent aux injonctions de l’administration – ce qui est faux, les choses n’étant plus ce qu’elles étaient.
L’itinéraire choisi répond aux activités prévues. C’est ici une adduction d’eau, d’électricité à inaugurer. Là, un projet de ville. Ici, des infrastructures à renforcer ou à créer…
Mais cet itinéraire correspond, à mon avis, au parcours dans le pays du gâchis. Le Président Ould Abdel Aziz aurait pu se contenter de parler de ce qui aurait dû être fait et qui n’a pas été fait dans les localités visitées. Rappeler que c’est la faute de gestionnaires qui couvrent, pour la plupart d’entre eux, aujourd’hui de leurs voix la scène.
A Aleg, où sont passés les centaines de millions du projet Lac d’Aleg ? où sont passés les quelques milliards engloutis pendant les trente dernières années ? où sont passés agriculteurs et éleveurs, laborieux et volontaires qui peuplaient cette plaine fertile qui ne produit toujours pas de quoi alimenter le marché local ?
La pauvreté est là malgré tout ce que les pouvoirs publics, les partenaires extérieurs ont envoyé comme fonds. Malgré les projets lancés en grande pompe et qui finissaient par mourir en silence, dans l’indifférence totale des premiers responsables. On n’a pas besoin d’inspecteurs, ni d’études, ni de contrôleurs pour voir que ce qui était destiné à développer la plaine d’Aleg a été détourné. Par qui ? Par des administrateurs, des hauts cadres responsables de projets, directeurs centraux, secrétaires généraux, ministres, Premiers ministres… celui qui se trouve à la base de la prédation «arrose» toute la chaîne. Les populations sont abandonnées à leur sort. Personne ne rend compte. Personne ne paye.
C’est pourquoi, ils peuvent hausser le ton aujourd’hui, prétendre à l’honorabilité et donner des leçons aux autres. Ils comptent sur la courte mémoire…