mardi 23 octobre 2012

Vol de nuit


Cela fait longtemps que je n’ai pas pris Air France. Depuis en fait ce temps où la xénophobie, devenant l’un des aspects de la pensée dominante en France, a commencé à dicter certains comportements aux employés de cette compagnie. Cela a aussi coïncidé avec la hausse des prix des billets sur cette compagnie qui est aujourd’hui la seule à joindre directement Nouakchott à Paris.
Je prends donc l’avion d’Air France pour me rendre à Paris où la Mauritanie a décidé de se déplacer suivant en cela son Président parti s’y soigner. Là-bas, pendant quelques jours, la Mauritanie sera célébrée par le ministère du commerce, de l’artisanat et du tourisme (j’ai oublié quelque chose ?). Une troisième édition d’un évènement devenu «traditionnel», même si…
Dans l’avion j’utilise ma tablette pour visionner un enregistrement qu’on m’avait fait de Tergit, le premier film entièrement «mauritanien». Il a fait partie d’une saga produite par feu Hammam Fall, un précurseur à qui l’on doit, en plus de Tergit, «Nomades modernes» et «Maimouna». Des films qui ont accompagné les heures de gloire nationale marquée par la nationalisation des ressources, de la monnaie, de la culture et donc du cinéma.
J’adore regarder ce genre de films qui provoquent chez moi une plongée dans un Nouakchott et une Mauritanie insoupçonnable aujourd’hui. Ces filles qui dansent et chantent en toute liberté, sans provoquer d’émois. Hadrami Ould Meidah et tous les autres éléments de l’orchestre national, véritables créateurs, artistes incontestables, jouant un mélange de tradition et de modernité dont la somme fait un blues original (et originel, nous rappelant d’où vient cette musique…). Les orchestres d’Atar et de Kaédi débordant de bonheur et de gaieté. Et ces deux «vieux» dont le film tente de raconter les pérégrinations à travers une Mauritanie multiple et riche…
L’hôtesse qui me proposait «du thé ou du café» me tira de ma plongée dans ce temps qui me semblait être «le temps de la Mauritanie». Je décidai alors de partager ce moment… avec ceux qui n’ont pas oublié, avec ceux qui n’ont pas connu…