vendredi 15 juillet 2011

Sur la route du Tagant

Had açiil vtagaanet shaam
Naavid ha laagi ‘anha ‘aam
U’mal bilyaaliih u layaam
Layn el hag minha bell mnayn
‘aadu ibaanulu ruuç akhhaam
Kda tagaanet methadiine
Yanbaaw u yarbaaw vleghmam
U huma zaad ellaa mashyuviin
Maa yabga shawq edress ma gaam
U laa yabga vil’aynine khziin
U laa yabga mandhuum vlefhaam
Maa jawau el faadhu mandhumin
U yabga maa wadda haq traab
Maahi kiif traab khra zayn
U yabga maa wadda haq ahbaab
Maa yinjabru viblaad khrayn

Il y a mille façons de réciter ce poème. La plus usitée est celle-là. Quelle que soit la récitation qu’on en fait, le poème de Sidi Mohamed Ould Gaçri ne pouvait pas mieux décrire ce pays aux contreforts abrupts et envoûtants. Peu importe la route qu’on prend, on ne peut rester indifférent à l’approche des grands plateaux auxquels font concurrence des dunes démesurément grandes, éternellement belles. A la vue de ces paysages contrastés, on comprend pourquoi le Tagant a produit les plus belles compositions dédiées aux lieux. Nulle part dans le Trab el Bidhâne on enregistre autant d’attachement à la terre, autant de célébrations des lieux. Pas parce qu’on y a aimé, pas pour le souvenir d’un moment passé dans le lieu, mais tout simplement pour la beauté du lieu, pour le lieu lui-même.
Le pays de la pierre, «trab el hajra» comme on dit en Hassaniya, cet espace qui englobe aussi une partie de l’Adrar dont il est presque le prolongement et une partie de Rgueyba dont il reste le lieu d’enracinement, ce pays a produit un caractère fait de labeur, de sensibilité, de prévoyance et de forte rationalité. C’est ce que l’homme du Tagant incarne aujourd’hui.
Le labeur a donné la mentalité du «compter sur soi». La sensibilité, l’amour de la belle parole. La prévoyance, le sens de l’hospitalité. La rationalité, la rigueur dans la vie.
Je suis à Tijikja depuis la veille. Je viens célébrer avec les autochtones le festival des dattes. Dans sa deuxième édition. Les festivités doivent commencer dans la journée par la visite guidée de l’ancienne ville.
Dans tous les ksours anciens, il y a toujours ce quartier appelé localement «leqdima», l’ancienne. Il est le noyau de la première ville. A Atar le Garn el Gaçba a été en partie détruit par la Mairie qui a construit un marché sur une partie du vieux quartier. A Wadane, la ville ancienne a été conservée pour être un haut lieu du tourisme local. A Tijikja, on a l’impression qu’on encourage la disparition des vestiges anciens. Quand ce ne sont pas des constructions modernes en lieu et place des maisons de pierre, c’est le délabrement qui en arrive à bout. Une restauration pourrait être envisagée par la très active mairie de la ville. Espérons-le.