jeudi 1 mars 2012

Traduire, c’est trahir


J’ai lu sur certains sites arabophones de Mauritanie, la reprise de propos que le Président Amadou Toumani Touré du Mali aurait eu sur les ondes de RFI. Comme quoi il aurait ouvertement accusé notre pays d’être derrière la rébellion touarègue. Il se trouve que j’avais entendu cette interview accordé à Alain Foka présentateur vedette de l’émission «Le débat africain». Je suis allé à la recherche de l’interview de peur d’avoir raté quelque chose. J’ai eu une transcription faite par la presse malienne. Je vous la propose en lecture :
ATT sur RFI: «Je suis prêt à partir…»
Le Mali doit organiser, au mois de juin, une élection présidentielle dans un climat de guerre dans le nord du pays. Depuis le 17 janvier dernier, le Mouvement de libération de l’Azawad (MNLA) et d’autres rebelles touareg mènent une offensive visant à obtenir l’indépendance de cette région. A ceux qui accusent le président malien de ne pas vouloir mettre fin à cette rébellion qui entraverait le bon déroulement des élections et qui lui permettrait ainsi de se maintenir au pouvoir, Amadou Toumani Touré confirme l’organisation des élections et se dit «prêt à partir».
Nous mettrons tout en œuvre pour que les conditions soient réunies et qu’au plus tard, le 10 juin, nous ayons un président de la République librement et démocratiquement élu. Cela fait 50 ans que le problème du Nord existe. Nos aînés l’ont géré ; nous le gérons et nos cadets continueront à le gérer. Ce problème ne finira pas demain. Par conséquent, je ne crois pas que cela soit censé de penser que la meilleure manière de rester, c’est de faire la guerre.
S’il y avait à choisir entre le Mali et la guerre, je choisirai le Mali. Je suis prêt à partir ; je m’en irai et je souhaite, de tout mon cœur, que le Mali ait un président démocratiquement élu. Ce sera une victoire de la démocratie, bien plus importante que celle de la guerre.
Cela me fait mal d’entendre dire que je laisse faire une guerre pour pouvoir rester au pouvoir. Rester à faire quoi ? Je suis déjà parti. Je partirai. D’abord, je respecte la constitution que j’ai faite moi-même et ensuite j’aurai une autre vie après le pouvoir.

Amadou Toumani Touré considère que l’intégrité du territoire n’est pas menacée et qu’il n’y aura pas de période de transition.
Il n’est dit dans aucun article de la constitution, qu’en cas de menace de l’intégrité du territoire, une période de transition est prévue. Quoi qu’il arrive sur le terrain, la mission fondamentale des forces armées est celle d’organiser les élections libres et transparentes.
Ceux qui parlent de transition sont ceux qui sont pressés d’être ministres et convaincus de ne pas arriver au pouvoir par la voie des élections. Vous me parlez d’officiers qui peuvent décider de prendre le pouvoir puisque – disent-ils – je ne veux pas mettre fin à cette rébellion dans le nord du Mali. Mais qui sont-ils ? Je ne les ai jamais rencontrés. Que ce soit clair dans la tête de chacun : il y a des gens (des hommes politiques et des hommes de tous bords) qui sont déjà en train de faire leur petit chemin, parce qu’ils ne veulent pas qu’il y ait des élections et je pense que le plus mauvais service que l’on puisse rendre à notre pays, c’est de ne pas les organiser.

Le nord du Mali est confronté au problème du terrorisme avec notamment la présence du groupe terroriste al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui s’y est développé pendant les dix dernières années – les dix ans de mandat du président Amadou Toumani Touré. A ceux qui l’accusent de laxisme avec le mouvement, il répond qu’il s’agit d’une menace internationale et appelle les Etats de la région à le combattre ensemble.
Aqmi vient de tuer 70 jeunes Maliens. Vous pensez que nous avons été laxistes ?! Il y a deux, trois ans, nous avons perdu une trentaine de jeunes Maliens dans la guerre contre Aqmi. Vous pensez que nous avons été laxistes ?! Aqmi est une menace venue d’ailleurs ; c’est une menace internationale et c’est une organisation qui a des revendications plus lointaines qu’on ne le croit. Aqmi est internationale et interrégionale.
Nous pensons que pour combattre Aqmi, un seul pays n’a pas les moyens suffisants. La guerre contre le terrorisme n’est pas seulement militaire ; c’est un problème de développement, de sécurité et de défense.
La solution contre Aqmi ? Nous l’avons. Depuis 2006, j’ai demandé une conférence de chefs d’Etat et je n’ai pas réussi à l’avoir. Nous avons perdu six ans. Aqmi est une organisation internationale et transfrontalière ; la réponse doit être, par conséquent, transfrontalière. Comment font ces hommes pour vivre ? Où se rabattent-ils ? Où est-ce qu’ils mangent ? Le Mali s’est dit qu’il faut approuver un programme de cinq ans et créer une cohabitation qui ne soit pas profitable à Aqmi. Nous devons planifier et dégager des textes juridiques avec les pays de la région et occuper, avec nos armées, toute cette zone saharo-sahélienne.
Les gens d’Aqmi sont en mouvement constant, allant de frontière à frontière et c’est pour cela qu’il faut que, tous ensemble, on bloque. Le Mali est partisan de tout cela.

Le trafic de drogue est également un des points clefs de cette interview. Le président malien s’insurge lorsque des complicités au sein de sa propre armée sont évoquées et qu’on le soupçonne de fermer les yeux.
Ce n’est pas vrai ! S’il y a des complicités, c’est au niveau du MNLA. Les 300 à 350 véhicules qui se promènent dans cette bande ont besoin de carburant ; de pneus ; d’huile ; de réparations. Tous ces narcotrafiquants ont besoin de logistique et d’alimentation. Qui les nourrit ? Où se ravitaillent-ils ?
Pour quelles raisons fermerions-nous les yeux ? Nous nous battons contre un trafic transfrontalier ; nous détenons des hommes ; nous les mettons en prison… et vous pensez que nous fermons les yeux ?! C’est une accusation gratuite. Pour arriver jusqu’ici, la drogue est bien partie de quelque part. Nous, on ne plante pas de drogue dans le désert ; il n’y a pas un arbre qui pousse. Donc, d’où est-ce qu’elle vient ?
La drogue est intercontinentale ; elle ne nous est pas destinée mais nous sommes une zone de passage, malgré nous. Lutter contre ce trafic exige un large dispositif qui implique plusieurs pays, plusieurs continents et plusieurs services qui ont, chacun, une part de responsabilité. Par conséquent, dire que nous fermons les yeux, c’est trop dire. Nous nous battons avec les moyens que nous avons. (Source: RFI) 
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