mercredi 7 septembre 2011

La conférence d’Alger


C’est aujourd’hui que s’ouvre à Alger, la conférence internationale sur le terrorisme. La «conjoncture libyenne» a ouvert la voie à en faire une rencontre centrée sur les conséquences des évènements en cours sur la région. Alors qu’elle devait traiter d’une stratégie globale commune face à la réalité de l’existence d’une intense activité criminelle en général, terroriste en particulier dans la région sahélo-saharienne. Une activité qui touche pleinement les pays : Niger, Libye, Tunisie, Algérie, Maroc, Mauritanie, Mali et pèse sur le Sénégal, le Burkina et même plus loin au Nigéria.
Les africains présents ne pouvaient que s’inquiéter de la situation actuelle. Il reste cependant exagéré de dire que «la crise libyenne a fait du Sahel "une poudrière" avec l'arrivée massive d'armes, le retour de milliers de travailleurs migrants, de mercenaires dans une région déjà otage du terrorisme et de la contrebande, ont averti mercredi à Alger les participants à une conférence internationale sur cette région». Tout cela était là depuis des années. Et peu de pays de la région ont véritablement fait du «concret» pour contenir le danger et le faire disparaitre.
Si la Mauritanie et le Mali ont mis en commun leurs moyens militaires pour reculer la menace, qu’a fait l’Algérie dans cette région dont elle veut faire une zone d’influence ? Avec un ou deux drones, quelques F16, un ou deux bataillons de l’Armée de libération nationale, les colonnes d’AQMI auraient été décimées depuis longtemps. Avec les seuls moyens de la Mauritanie et une assistance malienne, quelques grands coups ont été portés aux groupes terroristes. Que dire si l’Algérie se mettait réellement de la partie ?
Les 38 délégations présentes à Alger doivent se rappeler les fortes connivences entre les groupes criminels qui profitent largement des faiblesses des Etats, de la corruption des Appareils d’Etat, des complicités et des laxismes…
Oui, le conflit libyen va aggraver la situation d’insécurité dans la région. La guerre qui risque de perdurer va faire de la Libye un Afghanistan de la région sahélo-saharienne. Les territoires sahariens devenant les Waziristân pour les talibans afro-maghrébins. Le «croissant de feu» qui se constitue – passant de la Somalie à la Libye – descendra jusqu’au Nigéria avec la jonction entre le Shabab de Somalie, AQMI au Maghreb, le Groupe combattant libyen et Boko Haram au Nigéria.
L’arrestation au Pakistan d’un citoyen mauritanien recherché dans son pays pour avoir participé à des attaques en 2005 (Lemghayti) et en 2008 (Nouakchott lors du démantèlement des cellules AQMI). Il avait alors fui le pays. et en si peu de temps, il est devenu l’un des hommes-clés d’Al Qaeda, direction centrale. Cela doit faire réfléchir les services de renseignements des pays de la région, de la Mauritanie en particulier.
Pour Soumeylou Boubeye Maïga, ministre malien des affaires étrangères, il faut redouter en plus le retour massif de migrants dans des zones déjà précaires. "Quelque 20.000 travailleurs maliens sont déjà revenus et maintenant c'est la seconde vague avec ceux qui étaient impliqués dans les combats et qui reviennent avec des armes". Pour le nôtre, Hamadi Ould Hamadi, le Sahel est "menacé par le terrorisme, la pauvreté et l'immigration clandestine". Il est important à ses yeux de "préserver les jeunes de la région" qui peuvent être incités à rejoindre les groupes terroristes.
«Tout le monde est interpellé par le crime organisé, le trafic de drogue qui est un défi majeur pour l’humanité», a dit le ministre algérien Messahel. Ce qui implique «une logique de convergences entre les acteurs pour lutter contre ces réseaux». La conférence d’Alger veut être, selon ses organisateurs, ce point de jonction entre les pays concernés pour, indique Messahel, «nous rencontrer, nous concerter et échanger nos expériences». Pourquoi ne pas avoir invité le Maroc et le Sénégal ?