samedi 14 janvier 2012

Contre-performant pour les commanditaires


L’information concernant le départ «précipité» de l’Emir du Qatar est fausse. Bien sûr. Mais sa diffusion et son entretien relèvent de l’intoxication visant à indisposer le pouvoir, voire le discréditer.
Une semaine après, on se rend compte que cela a produit l’effet contraire. Pour l’opinion publique arabe très remontée contre les monarchies du Golfe, le Président Ould Abdel Aziz est célébré comme un héros qui a pu dire non aux doléances de l’Emir et manière violente. La presse algérienne, syrienne, libanaise, la presse électronique contestataire… ont consacré éditoriaux et articles à l’information (pourtant dénuée de tout fondement).
Dans l’opinion publique mauritanienne, cette attitude a été saluée comme une volonté d’indépendance. Ce qui a plu plutôt…
A la suite de ce bruit, le Qatar se voit obligé d’accélérer la réalisation de ses projets en Mauritanie. Les autorités de ce pays prendront nécessairement en compte les relations avec le pouvoir en Mauritanie pour essayer de «peser» sur les expressions, «véhémentes» de plus en plus, de l’opposition établie au Qatar. Pour les sceptiques, ils peuvent être renvoyés aux images de la télévision tunisienne montrant notre Président en compagnie de l’Emir du Qatar, côte à côte, au cours de la commémoration du départ de Ben Ali.
On ne peut rien construire sur le faux, sur l’approximation. La réalité est déjà assez scandaleuse pour les Mauritaniens qui, après cinquante-et-un ans d’indépendance, sont encore à raisonner en termes de clivages tribaux, ethniques, régionalistes… Dans une Mauritanie où l’on ne sait pas combien nous sommes, qui nous sommes, où nous sommes, ce que nous faisons, ce que nous voulons, ce que nous voulons faire de nous-mêmes et de notre pays… dans une Mauritanie où l’on importe tout ce dont nous avons besoin pour vivre. Même les idées. Dans une Mauritanie où la faillite de l’élite aurait dû être décrétée depuis bien longtemps… au moins depuis ce fameux mars 2007 qui a vu s’affronter, au deuxième tour d’une présidentielle âprement discutée, deux hommes tous deux membre du régime «déchu» le 10 juillet 1978… quelle expression plus éloquente de l’échec de la classe politique qui n’a pas pu, entre temps, produire des hommes capables de convaincre ?
Encore une fois, on apprend précocement que «la politique, c’est l’art du possible» et que «la guerre est une continuation de la politique par d’autres moyens»… élémentaire, n’est-ce pas ?