vendredi 14 décembre 2012

La Mauritanie reprend


Après avoir été la «Cendrillon de l’Afrique Occidentale Française», puis «le trait d’union» entre l’Afrique blanche et l’Afrique noire, la Mauritanie est entrée dans une zone de turbulences diplomatiques qui l’a menée à se trouver en conflit avec le Sénégal, avant de tourner le dos à son versant sud puis quitter la CEDEAO. De l’autre côté, les relations tumultueuses avec le Maroc, le complexe initial ayant été entretenu, puis la malheureuse position dans la guerre du Golfe ont mené le pays vers une impasse qui l’a obligé à explorer l’impensable : les relations avec Israël. Du coup nous nous sommes retrouvés dans la position de ce que nos politistes ont appelé «l’orphelin géostratégique». Et toutes les appellations sibyllines – «Cendrillon», «trait d’union», «Suisse de l’Afrique»…- ont cédé la place à l’inconfortable situation du «ni, ni» (ni africaine, ni arabe).
Les errements diplomatiques et le repli sur soi entamé à partir de la fin des années 80, intensifié dans les années 90 pour devenir complet en 2000, ces errements conduisent le pays à s’isoler et à s’absenter de tous les théâtres régionaux et internationaux. L’extravagance des dirigeants, la paranoïa qui va les affecter au cours de leur exercice et l’incapacité à sortir de l’isolement vont conduire à une marginalisation catastrophique du pays. Parce qu’elle en fait un espace perdu, incapable de refléter une image positive de lui-même ou de se trouver un rôle dans ce qui se passe autour de lui.
Même si la période de transition (2005-2007), puis celle du régime civil (2007-2008) ont permis un retour – parfois folklorique – sur scène, il faudra attendre 2010 pour voir le pays redevenir ce qu’il a été : un partenaire incontournable dans le règlement des problèmes de notre sous-région. Avec notamment les attaques réussies contre les groupes terroristes basés au nord du Mali. Ce sont effectivement les efforts «militaires» qui vont remettre le pays en scelle. D’abord en changeant la donne stratégique dans la région et en faisant une lecture qui s’avérera saine et juste de la situation à laquelle les choses pouvaient aboutir. Ensuite en imposant notre pays comme un acteur incontournable dans le règlement de ce qui allait devenir la crise malienne. Aujourd’hui, personne ne pense sérieusement enclencher un processus sans la Mauritanie qui semble avoir décidé en toute souveraineté de ne pas privilégier la guerre au dialogue et de ne pas précipiter les choses avant de régler la question de la restauration de l’Etat malien dont l’intégrité doit être préservée.
Parallèlement à cela, le Président Ould Abdel Aziz qui ne manquait plus aucun sommet ni manifestation au sud du Sahara, va être le président du Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l’Union africaine. C’est à ce titre qu’il préside les comités de règlement des crises en Côte d’Ivoire et en Libye. Plusieurs sommets se tiennent à Nouakchott qui reçoit en grande pompe les chefs d’Etats africains. Même si les velléités des vieilles puissances coloniales ont empêché d’arriver à une solution africaine, il faut noter que la suite des évènements a donné raison à la position et à la lecture faite par le CPS et l’Union africaine (UA) à l’époque.
Quand arrive la crise malienne, la Mauritanie est un pôle de stabilité sur lequel doit s’appuyer toute tentative de sécurisation de la zone sahélo-saharienne. C’est pourquoi le pays est aujourd’hui un passage obligatoire pour tous ceux cherchent une solution à cette crise sécuritaire. Une situation à gérer avec humilité et adresse.