samedi 10 août 2013

Incorrigible Justice !

Le pays a beau vouloir lancer un nouveau code d’investissements, créer une Zone Franche, offrir les meilleures conditions pour les investissements…, il n’en fera jamais assez pour garantir aux investisseurs la fructification de leurs capitaux si le système judiciaire continue de donner des signes notoires de faiblesse, d’incompétence et/ou d’inféodation.
Les récentes mesures de mise en liberté conditionnelle après dépôt de cautions de personnes accusées à tort ou à raison d’avoir dilapidé les biens publics ou d’avoir usé de corruption, ont révélé combien la réforme de la Justice est encore à faire. Dans l’urgence si l’on veut que les efforts entrepris soient couronnés de succès…
Une réforme avortée en 2007 après un bon départ. En effet, nommé inspecteur, le Magistrat Seyid Ould Ghaylani diligente une enquête menée dans les règles de l’art. Cette enquête permet d’identifier une trentaine de Magistrats aux méthodes plus ou moins récusables. Il propose au Conseil de la Magistrature qui se tient sous la présidence du chef de la junte de l’époque de procéder à la radiation de dix d’entre eux et à la rétrogradation de la vingtaine restante. Sur la base des preuves apportées et après avoir entendu les intéressés.
Pendant l’enquête et juste à la veille de la tenue du Conseil en question, éclate le conflit entre quelques jeunes Magistrats et leur tutelle. Six d’entre eux démissionnent. Entretenant l’amalgame autour des deux dossiers (qui n’ont rien à voir pourtant), le Président du Comité militaire et président du Conseil de la Magistrature accepte cette démission mais refuse à son ministre de prendre les mesures de rétorsion contre ceux des Magistrats accusés d’incompétence ou de corruption. Prétextant que ce «travail de fond» devra être entrepris par les autorités «légitimes». Alors que l’un des engagements du CMJD était de réformer la Justice…
C’est ici qu’il faut situer l’avortement de la réforme effleurée en cette période de transition. On n’y reviendra plus. Tous les projets visant à améliorer les prestations de la Justice sont abandonnés ou mis en œuvre sans conviction.
Le département sombre aujourd’hui dans un état de pourrissement où l’on se demande désormais à quoi servirait l’indépendance de l’Appareil judiciaire si ceux qui ont en charge de prononcer et d’ordonner l’exécution des jugements, si ceux-là sont dans l’incapacité intellectuelle ou morale de rendre justice ?