jeudi 1 janvier 2015

Nos vœux sincères

Que 2015 soit pour nous la fin d’un monde fait de paresses, d’injustices, d’inégalités, d’ignorance…
Que 2015 soit le début véritable des refondations. Refondation mentale. Au niveau de l’Appareil de l’Etat, au niveau des populations où l’on a besoin de recouvrer notre système de valeurs, de retrouver nos réflexes de solidarité, de réactiver les soupapes sociales de sécurité, d’ouvrir les vannes du partage, de reprendre le sourire les uns face aux autres…
Refondation d’un Etat de droit avec le respect des institutions, des lois et textes réglementaires. Une justice plus forte, plus impersonnelle pour mettre fin à la règle de l’impunité.
Une école plus performante pour former le Mauritanien de demain (celui d’aujourd’hui est un peu perdu pour nous). Une santé de proximité. Une administration plus soignée, plus efficace, plus convaincante…
Une classe politique plus exigeante pour elle-même, plus engagée, plus claire dans ses engagements, plus forte dans ses choix…
Un gouvernement plus à l’écoute des gémissements, plus proche du peuple… Un débat plus serein… Une économie plus dynamique… Une société plus créative…
…nos vœux pour vous sont de l’année passée, de l’année d’avant, de celle qui a précédé celle-là… le temps passe, l’espoir demeure. Tant qu’il y a l’espoir, il y a la vie.

mercredi 31 décembre 2014

Ce qu’il faut retenir de 2014 (3)

L’année politique se termine avec la perspective du renouvellement des deux tiers du Sénat. Plusieurs fois remises à plus tard, voilà qu’elle est décidée pour la mi-mars prochain. Cette élection se fait en l’absence, toujours, d’une partie de l’opposition, notamment des formations qui n’ont pas pris part aux élections municipales de fin 2013 : les conseils municipaux issus du scrutin de 2013 forment le collège électoral des sénatoriales futures. Des partis comme le RFD (rassemblement des forces démocratiques de Ahmed Ould Daddah), l’UFP (union des forces du progrès de Mohamed Ould Maouloud), entre autres partis du Forum pour la démocratie et l’unité (FNDU) ne feront certainement partie de la course. Alors que Tawassoul, Al Wiam, l’APP, l’AJD/MR pourront concourir, eux qui ont des conseillers.
L’on retiendra que le boycott prouve encore une fois qu’il ne procède pas d’une vision prospective et positive de l’exercice politique. Des partis ont ainsi choisi de se mettre hors jeu, sans prendre en compte la réalité du terrain et des rapports de force. Ils ont cru que l’absence pouvait occasionner une crise, voilà qu’elle crée un vide rapidement comblé par d’autres acteurs, pas forcément les plus attendus. L’on retiendra deux de ces acteurs.
Birame Ould Dah Ould Abeid doit beaucoup à l’absence des acteurs traditionnels. Son discours prenant en charge les frustrations les plus aigues, a profité du recul et/ou de l’absence d’un discours unificateur tout en étant revendicatif. La nature ayant horreur du vide, les frustrations étant réelles et parfois légitimes, le candidat Biram Ould Abeid a puisé dans ce terreau pour devenir l’homme politique qu’il est devenu. Avec ses 8%, il sentait l’air du fameux renouvellement de la classe politique devenu un leitmotiv ces dernières années.
Tawassoul, le parti des Islamistes est le premier des partis d’opposition ayant participé aux élections législatives et municipales de 2013. Il hérite à ce titre de la présidence de l’Institution de l’Opposition démocratique. Un tremplin qu’il va certainement utiliser dans la perspective de l’échéance qui se pointe en 2019 et qui coïncide avec la fin du deuxième mandat du Président Mohamed Ould Abdel Aziz.
Une première rencontre entre le Président de la République et le nouveau bureau de l’Institution ouvre déjà la porte à de nouvelles chances d’entamer un dialogue sain entre les acteurs. Même si Tawassoul reste prisonnier d’une recherche équilibriste entre un FNDU qui n’entend pas céder une once sur ses positions et qu’il ne peut envisager de quitter dans l’immédiat, et l’exigence pour lui de regarder vers l’avenir et de s’assurer l’accomplissement d’une stratégie de conquête de pouvoir plus ou moins murie.
Comment faire pour donner à l’Institution toutes les chances de réussir sans toutefois se heurter aux partenaires du FNDU ? Comment phagocyter les leaderships traditionnels, les canaliser pour s’en servir le moment venu ? Comment ne pas éveiller les suspicions des partenaires et des adversaires ? Comment définir les uns et les autres et sur quels critères ? Comment mettre en confiance Pouvoir et Opposition pour les ramener à la table de dialogue et s’imposer ainsi comme le facilitateur du moment ?
Dans le court et moyen termes, les rapports en politique dépendront des choix que feront les nouveaux partenaires que sont l’Institution de l’Opposition démocratique et la Présidence de la République. Si le courant rétabli aboutit à une ouverture politique des uns sur les autres et si l’Institution réussit à entrainer dans son sillage ne serait-ce qu’une partie des compagnons du FNDU, il est probable, même très probable, de voir aboutir une nouvelle dynamique plus ou moins inclusive. En tout cas un mouvement qui puisse signifier la reprise du chemin d’une certaine convergence.
A long terme, il faut envisager l’avènement d’un Monde nouveau débarrassé de certaines contingences qui nous freinent aujourd’hui, notamment des vieilles querelles qui tiennent et inspirent encore les acteurs de la scène. La transition qui durera encore produira nécessairement le renforcement des acquis en matière de libertés, surtout d’expression, d’association et de manifestation. Le processus de démocratisation entamé sans démocrates – les acteurs étant pour leur écrasante majorité produits par les écoles du monolithisme – trouvera enfin des animateurs à même de le faire avancer sur la voie du raffermissement de l’Etat de droit garant de l’égalité et de la justice entre ses citoyens.
Malgré les prophètes qui nous promettent malheurs et désolations, il faut espérer fermement que l’avenir, le meilleur, est devant nous.

mardi 30 décembre 2014

Ce qu’il faut retenir de 2014 (2)

Dans son numéro double 2 & 3 de juillet-décembre 2014, le bulletin de la Confédération africaine des organisations professionnelles de pêche artisanale (CAOPA), publie une interview accordée par Roberto Cesari, le négociateur principal de l’équipe européenne pour les Accords de pêche. Bien sûr le cas de la Mauritanie y est évoqué.
Le chef de l’unité Accords bilatéraux et contrôle de l’UE, rappelle que la réforme de la Politique commune de pêche (PCP) a axé sur la nécessité de «mettre au centre la soutenabilité, la préservation des ressources et la durabilité et le contrôle des activités de pêche».
A une question relative à la Mauritanie, le responsable reconnait : «Pour la Mauritanie, on a en effet un souci. La première année avait bien commencé, ils avaient appliqué à la lettre cette obligation de non-discrimination pour une certaine période pour la flotte russe par exemple. Je rappelle que cette règle de non-discrimination s’applique aux conditions techniques et financières : les mêmes conditions que notre accord doivent être appliquées aux autres accords que la Mauritanie conclut pour le même type de flotte qui cible les mêmes espèces».
Concernant les difficultés à renouveler l’Accord de pêche Mauritanie-UE, le négociateur européenne reconnait qu’il y a «encore beaucoup de choses à régler ; ce ne sera pas une négociation facile». Avant de préciser : «on est tout à fait disposé à suivre la ligne politique du Président Aziz réélu pour le secteur de la pêche mauritanien, c’est-à-dire de se concentrer sur la coopération dans le secteur de la pêche pour la création d’emplois et de richesses par le biais de l’accord».
Pour conclure : «On ne va pas remettre en cause les mesures techniques fondamentales qu’on avait bien négocié en 2012. Il faut bien sûr que la clause de non-discrimination soit appliquée et surtout que la transparence soit garantie».
Ces propos donnent une autre dimension des difficultés qui freinent les Européens. Il n’y a pas seulement cette volonté de reculer sur certains acquis au profit de la Mauritanie, notamment le niveau de la compensation, le paiement de l’effort effectif de pêche, la nationalisation de la pêche de fonds, l’obligation de débarquement, le niveau de mauritanisation du personnel embarqué, les quantités de pélagiques prélevées pour alimenter le marché intérieur mauritanien… Il y a aussi et surtout cette volonté de faire plier une petit pays qui a enfin pu traiter, manœuvrer pour tirer le maximum de profits de sa ressource.
Si le souci de l’Europe est d’instaurer un commerce équitable – accès à une ressource de qualité et à proximité, en contrepartie d’avantages somme toute raisonnables -, si la préoccupation de la soutenabilité de l’effort de pêche est réelle, les négociations doivent reprendre sur la base de conclusions techniques et non de considérations qui mélangent la politique et les humeurs.
Nous retiendrons que le sens de la solidarité nationale n’a pas manqué. Même si des voix et des plumes ont essayé de participer à l’effort de faire fléchir la Mauritanie. L’année 2014 nous enseigne que les intérêts personnels – des consignataires, armateurs…- et l’opposition à un pouvoir, opposition qui devient haine, peuvent faire oublier à certains d’entre nous ce qu’est l’intérêt national.

lundi 29 décembre 2014

Ce qu’il faut retenir de 2014 (1)

L’année se termine avec deux procès dont on aurait pu se passer. Mais l’excès aura eu raison de l’atmosphère qui avait régné jusque-là. Une atmosphère caractérisée par la libération de la parole. Au point de voir se succéder manifestations et déclarations à longueur de journée dans Nouakchott et parfois à l’intérieur. Le mouvement revendicatif s’est soudainement réveillé pour prendre une ampleur nouvelle en Mauritanie. Par sa forme et dans son contenu.
Longtemps la revendication a épousé les contours des corporations (syndicats, partis et groupes politiques). Elle a, avec la gouvernance PRDS (parti au pouvoir entre 1991 et 2005), pris les contours de la tribu et de la région. Puis elle a été, ces dernières années, été réduite à une expression sectaire. Répondant ainsi à l’échec des regroupements qui n’ont pas pu – ou su – prendre en charge frustrations et exigences des uns et des autres.
Des snipers politiques ont alors trouvé une voie de placement, alors qu’ils avaient plus ou moins échoué dans la lutte de classement qui est réellement le moteur politique faisant déplacer les acteurs d’un point à un autre. Du coup, la classe politique traditionnelle s’est retrouvée dépassée par le mouvement qui est cependant resté superficiel.
Nous retiendrons en effet que le foisonnement politique en Mauritanie n’a pas fait bouger les lignes de démarcation fondamentales, comme il n’a pas pu faire la synthèse du processus d’évolution que nous avons connu depuis novembre 1946, date de la première élection du pays qui correspondait alors à un espace. Ces lignes de démarcation entre un Monde qui doit disparaitre (et avec lui ses stratifications, ses injustices, ses éparpillements, ses arriérations…) et un Monde qui est né de circonstances multiples dont la colonisation avec son corollaire qui est la naissance de l’Etat moderne dont la base est la renonciation volontaire aux différences qui régissaient et leur remplacement par le statut de la citoyenneté (donc de l’égalité, de l’équité, de la justice, de la solidarité…).
Les deux procès, de part leurs objets, serviront les thèses islamophobes en général, mauritanophobes en particulier. Il faut dire que les agissements des années 80 et 90 ont laissé des traces fortes dans la perception que l’opinion publique internationale a de nous et de notre pays. Longtemps, nous avons été assimilés au régime d’apartheid. Il en reste aujourd’hui que de nombreux journalistes et acteurs étrangers croient ferme que des marchés d’esclaves subsistent ici, que des maîtres castrent encore leurs esclaves (les propos sont ceux d’un militant ayant pris la parole devant les commissions spécialisées de l’ONU). C’est que les militants de ces causes n’hésitent pas à accabler, à exagérer une réalité déjà insupportable pour ce qu’elle est. Ils n’hésitent pas à donner les chiffres les plus incongrus, à décrire les situations les moins probables, alors qu’un cas d’esclavage, un seul cas est déjà de trop.
L’exagération sert à occulter le chemin parcouru, l’effort continu. A entendre aujourd’hui le débat au Parlement européen, à lire les articles parus ici et là, à écouter les différents acteurs, on se rend compte qu’aucune référence n’est faite à la feuille de route pourtant conçue et mise en œuvre sous la supervision de la Rapporteur spéciale des Nations Unies. Une maladie spécifique de nos latitudes : toujours donner l’impression que rien n’est entrepris, que rien n’est fait pour changer une situation… une autre façon de lutter pour garder le caractère immuable des lignes de démarcation. Une forme de résistance au changement.

dimanche 28 décembre 2014

Des secrétaires

Une première secrétaire. Une Peule, largement la cinquantaine. Le boubou ample sans extravagance, le mouchoir noué autour de la tête couvrant parfaitement ce qui doit l’être. Tout en elle sent l'expérience et le professionnalisme. Déjà la disposition des documents sur son bureau et le rangement des classeurs indiquent un sens méticuleux de l’organisation.
Gentiment, elle me demande, dans un Hassaniya sans accent : «vous désirez Monsieur?» Le ton comprend la majuscule, tellement il dégage le respect. J'explique que je suis venu déposer un courrier adressé à son patron. Elle propose d’abord de me faire une photocopie pour y apposer la décharge. J'en suis ravi.
«Mon patron est sorti, mais je vous promets qu'il recevra le courrier qui sera à sa lecture dès qu'il revient». J'en suis persuadé vu le ton ferme et rassurant. Je n'ai donc pas besoin d'insister comme il est d'usage.
Je reviens le lendemain. Cette fois-ci, je suis sûr que le patron a eu le courrier, mais je voudrai insister pour accélérer le traitement. Je reviens vers la dame d'hier. Elle m'explique que pour me faire annoncer à son patron, je dois m'adresser à une autre secrétaire…
A peine la quarantaine, le corps de la Mauresque, rabougri par des années d'inactivité, probablement de gavage par des produits augmentant l'appétit, le visage ravagé par les produits chimiques dits de beauté, l’air de rien…
Pour attirer l'attention de la dame, il me faut répéter les salutations d'usage plusieurs fois... Finalement, elle daigne suspendre la discussion avec son amie affalée sur deux des fauteuils de la salle d'attente. Juste pour me répondre : «alaykoum salam»… et replonger ensuite dans la discussion. Puis son téléphone sonne, «... Aywa, tu es toujours a Kaédi? Elmelhaf shimmaasi?...»
Apparemment le débat tourne autour du voile et de sa valeur à Kaédi, la capitale du Gorgol où vont les commerçantes de tout le pays pour s'approvisionner chez les teinturières... La conversation prend fin avec un soupir poussé par la secrétaire visiblement excédé de devoir revenir à moi qui suis toujours debout.
Elle s'adresse à sa compagne et lui dit : «C'est Jamila. Elle dit qu'elle dépense tout son argent et qu'elle n'a plus de quoi payer son voyage retour. Je lui dois ce que je lui ai emprunté le mois passé et elle me demande de lui envoyer de l'argent par Gaza Télécom, c'est près de Polyclinique... Monsieur vous ne savez pas où se trouve Gaza Télécom?». Je ne savais pas et même si je savais, ce n'est pas à elle que je vais l'indiquer...
Elle sent, elle comprend à mon regard et à mon air... Toujours est-il qu'elle se lève enfin et va dans le bureau de son patron. «Il est toujours occupé avec l'un de ses collaborateurs. Ils sont plongés dans une étude, d'ailleurs je n'ai pas pu lui parler». Puis elle s'affale à côté de son amie et commence à lui parler à très haute voix, comme si elle se trouvait dans un autre lieu. Le manège dure un quart d'heure. C'est son amie qui m'invite finalement à m'asseoir. Une discussion passionnée avant de sortir toutes les deux. «Nous allons chercher Gaza Télécom, fais attention aux lieux et si quelqu'un demande, dis que je ne suis pas loin».
Le Monsieur à qui est confiée la mission de garder la maison, est témoin de toute la scène que je viens de raconter. C'est sans doute pour cela que la minute qui suit, il entre dans le bureau du patron, visiblement pour m’annoncer. Il revient et me demande d’entrer…

Je m’arrêterai là dans ce récit. Parce que ce qui m’intéresse ici est de décrire comment peut-on être reçu dans une administration mauritanienne. Cela dépend finalement de l’aptitude du premier contact qui est la (ou le) secrétaire, et de sa disponibilité à remplir la mission qui est la sienne. Combiner professionnalisme et bienveillance sont des qualités qui demandent la compétence. Ce qui manque dans nos administrations.

samedi 27 décembre 2014

Vers la reprise des négociations Mauritanie-UE ?

Dans une lettre datée du 22 décembre adressée au ministre des pêches de Mauritanie, le directeur général des affaires maritimes et des pêches de la Commission de l’Union Européenne, a réitéré son «entière disponibilité à poursuivre la négociation en vue du renouvellement (du) protocole (de pêche)».
C’est la première correspondance depuis l’expiration, le 15 décembre, du Protocole couvrant la période 2012-2014. Une expiration qui fait suite à l’échec des négociations entre les deux parties. Le dernier round qui s’est déroulé à Bruxelles en novembre dernier n’a pas permis d’aplanir les obstacles nés de la divergence autour du niveau de la compensation. Pour les Européens, la somme de 47 millions devrait être le point de départ de la négociation, alors que pour les Mauritaniens, il n’était pas question de descendre en-deçà des 67 millions du dernier Protocole.
«Il est tout particulièrement souhaitable qu’un point de convergence puisse être trouvé sur les aspects financiers de cette négociation. Notre première offre faite à la Mauritanie demeure ouverte à discussion», poursuit le responsable européen. Tout en souhaitant «continuer à nous engager à vos côtés pour le développement d’une pêche durable et appuyer les orientations stratégiques du Gouvernement mauritanien». Allant jusqu’à noter «avec satisfaction que votre initiative visant à renouveler la stratégie sectorielle des pêches progresse de manière efficace en concertation avec les acteurs et partenaires du secteur».
La lettre remet sur le tapis la première proposition qui vise à prendre sur l’enveloppe de la compensation pour gonfler le volet «appui sectoriel». Si la compensation entre directement dans la trésorerie mauritanienne, l’argent de l’appui sectoriel est sujet à d’innombrables tracasseries bureaucratiques. Ses destinations et son décaissement restent soumis à l’assentiment préalable de la partie européenne et aux procédures qu’elle impose.
C’est ainsi que les Mauritaniens sont en droit de revendiquer six millions euros inscrits au chapitre «appui sectoriel» au titre du Protocole qui vient d’expirer. Alors que sur le Protocole précédent (2008-2012) l’apurement de cette enveloppe doit coûter plusieurs millions à l’UE. C’est naturellement, cette problématique qui doit dicter aux négociateurs mauritaniens leur comportement en la matière. La Mauritanie ne devant accepter de discuter les termes d’un nouveau Protocole que si le contentieux est entièrement apuré.
En fait, la partie européenne se trouve doublement piégée à cause des hésitations de ses négociateurs. D’abord en voulant imposer son diktat à la Mauritanie, on est passé par la remise en cause des procédures qui se limitaient à un échange de lettres après la paraphe du Protocole pour permettre à la flotte européenne de pêcher dans la zone mauritanienne. Conséquence : on en est venu à négocier l’effectivité du Protocole qui commence désormais avec la ratification par le Parlement, c’est-à-dire à la fin du processus. Deuxième conséquence : même si le Protocole avait été signé en novembre, il aurait fallu attendre plusieurs mois pour le voir ratifié par le Parlement, donc la date d’expiration aurait été inchangée (15/12).
Le deuxième piège est celui qui consiste à insister sur le gonflement de l’enveloppe «appui sectoriel». Si une telle option est bénéfique pour la Mauritanie, il va falloir solder les comptes des deux Protocoles précédents. Sinon, on aura hypothéqué une enveloppe nécessaire à l’instauration d’un commerce équitable entre les deux parties.
La réponse du ministère mauritanien devra nécessairement comporter des éléments opposables aux avances européennes qui continuent à faire fi – ou presque – de l’intérêt de la Mauritanie en se donnant une marge de manœuvre considérable.
Il est sûr que la démarche européenne ouvre la voie à la reprise de la négociation. Le futur round devant se tenir à Nouakchott, il s’agira pour les deux parties de chercher réellement des points de convergence, un terrain d’entente qui ne lèsera en rien leurs intérêts.
Entre David et Goliath, les rapports ne sont pas fatalement ceux qui se terminent par l’extermination de l’un ou l’autre des protagonistes. La raison du plus fort n’est pas toujours la meilleure, surtout quand on trouve le point d’équilibre qui tienne compte de l’intérêt de chacun.

vendredi 26 décembre 2014

Ould Baya, président de l’Association des Maires

Ce soir les 219 Maires élisent le nouveau président de l’Association des Maires de Mauritanie et en même temps le bureau exécutif et le bureau permanent. L’Union pour la République (UPR) qui a une majorité absolue soit 147 maires, a préféré associer tous les partis politiques présents dans le collège électoral. C’est ainsi que cette élection a été le fruit d’un véritable consensus même si l’on a remarqué au finish 10 votes contre la proposition. Alors qu’elle a été adoptée par 209 maires présents.
L’Association créée en 1987 est une structure apolitique qui regroupe quand même tous les maires du pays. Ce qui en fait un excellent cadre d’échanges et d’entraide entre les communes de Mauritanie. Elle est aussi une interface entre le pouvoir exécutif et les structures locales, avec cette possibilité pour elle de promouvoir la décentralisation qui est une option fondamentale du développement en Mauritanie. L’un de ses objectifs étant de coordonner les actions des collectivités locales en vue de faciliter et de rendre plus efficient l’apport des ressources mobilisées à l’effet de les développer.
Mais le rôle le plus important de l’Association est celui de porter la voix de la Mauritanie à l’extérieur, de drainer, d’orienter les financements à travers les jumelages et la coopération internationale. L’Association des Maires de Mauritanie joue donc un rôle dans l’assainissement de l’image du pays au niveau de l’extérieur.
En choisissant Cheikh Ould Baya comme nouveau président, l’Assemblée générale des Maires de Mauritanie, a opté pour la redynamisation et la continuité de l’élan de modernité entamé par son prédécesseur Ahmed Ould Hamza qui a pu sortir l’AMM d’une longue léthargie.
Le mandat du Maire de Zouérate sera celui du travail en profondeur afin de faire quelques grands pas en avant dans le programme de décentralisation qui devra se concrétiser par plus de pouvoir aux collectivités locales. Cela permettra certainement aux communes de jouer un meilleur rôle dans l’éducation, la santé, la lutte contre la pauvreté…
Le mandat sera certainement aussi celui de l’ouverture sur l’extérieur et une plus grande association de tous les acteurs. Les aptitudes du nouveau président à discuter et à avoir des partenaires le maximum, son sens de l’intérêt général et du sacrifice sont des atouts dans le programme qu’il entend mettre en œuvre. Il sera soutenu par une équipe de Maires ayant expérience et compétence pour mener à bien la mission qui est la leur.
L’intensité du tir de barrage opéré à la veille de cette élection par ses détracteurs qui auront mobilisé plumes et voix en vue de déstabiliser le processus de l’élection – comme celui des négociations -, ce tir de barrage n’aura servi à rien. Cheikh Ould Baya a été élu haut la main président de l’Association des Maires de Mauritanie dans une atmosphère consensuelle (tous les partis étaient associés) et fraternelle, avec 209 voix sur les 219 inscrites.