mercredi 30 mai 2018

Editorial 754


Le Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU) a réitéré sa volonté de participer aux élections futures. Il a même promis la débâcle au parti au pouvoir. C’est son droit d’avoir les ambitions les plus improbables. On ne peut pas reprocher à ce conglomérat d’opposants de promettre une défaite cuisante à ceux qui sont au pouvoir.
Par contre, on peut et on doit leur reprocher de demander la dissolution de la toute nouvelle Commission électorale indépendante (CENI). Non pas, comme l’a dit quelqu’un, parce qu’il s’agit là d’une proposition d’enfreindre les lois de la République. Non pas, parce que le FNDU révèle ici son incapacité à accepter tout ce qui ne vient pas de lui. Non pas parce que le FNDU n’a plus de conditions à poser depuis qu’il a décidé de participer sans préalables…
Mais parce que le FNDU en demandant la dissolution de la CENI, suggère un nouveau processus qui demande du temps… du temps... du temps…
Le temps qu’on n’a pas vu venir. Le temps qu’on n’a pas vu passer. Le temps qu’on n’a pas su vivre.
Si le processus est repris, ce sont toutes les dates déjà envisagées qui sautent. Celles des Législatives et des locales. Mais aussi celle de la présidentielle. Du coup, c’est le risque de voir naitre un cycle nouveau qui peut mener n’importe où sauf à la tenue des échéances dans les délais prévus par la loi.
C’est peut-être ce qui est recherché par le FNDU. Une «tactique» quelques fois utilisée sans visiblement de résultats.
Quand les trois pôles politiques signent rapidement l’accord de Dakar, ils pensent pouvoir agir sur les délais. Pour eux, il suffit de trainer le processus prévu pour arriver aux délais incompressibles et impossibles à respecter. C’est la bataille autour du décret de convocation du collège électoral pour le 19 juillet 2009. Si les uns considèrent encore aujourd’hui qu’il s’agit là de la rupture de contrat, c’est bien parce qu’ils avaient tout calculé pour arriver justement au blocage dû aux délais.
Quand la Coordination de l’opposition démocratique demande le report des sénatoriales en 2011 pour permettre sa participation au dialogue en perspective, c’est bien pour aboutir au résultat qui a fini par être : la péremption des institutions. Si bien qu’il a fallu au pouvoir imposer au Conseil constitutionnel de transgresser la loi pour trouver une formule permettant de faire avec l’illégalité.
Certains acteurs politiques ont toujours fait du temps un facteur de défaite du protagoniste. C’est ce qu’ils tentent aujourd’hui. Pousser le Président Mohamed Ould Abdel Aziz à l’erreur. Le plus simple et le plus improbable, c’est de différer les échéances.
On peut dire aujourd’hui qu’il n’y a que les ennemis de l’homme qui cherchent à lui faire des tours pour empêcher son départ en 2019. Mais lui sait où est son intérêt.
Comme il l’a prévu lui-même – et de lui-même – il respectera les termes de la Constitution et de son serment.
Comme il l’a promis, il mettra en place un dispositif qui empêchera les retours en arrière. Les niveaux atteints en matière de liberté d’expression, en matière de capacité de critiques, d’émancipation pour le Mauritanien, de la maîtrise de l’Etat civil, du recentrage de la diplomatie… et surtout de la sécurité et de la stabilité, ces niveaux-là ne doivent plus être remis en cause.
Comme il l’a entamée, la marche vers la Modernité devra se faire avec plus d’assurance, plus de force. Pour ouvrir la voie à plus d’égalité, plus de justice et plus d’équité.
Les rendez-vous de 2018 fondent la Mauritanie de demain. Et quoi qu’on dise, ils s’annoncent plutôt prometteurs. Si les chefs et leaders de formations politiques sont à la tête de la course électorale, nous aurons au moins une Assemblée nationale représentative et inclusive. Alors que les conseils régionaux et les municipaux balayeront le spectre de la diversité.

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