La
victoire des conservateurs aux législatives de la semaine dernière en Grande
Bretagne, cette victoire a fait l’effet d’un tsunami sur la classe politique de
ce pays. La plupart des hommes politiques ayant subi la défaite ont été obligés
de démissionner pour dire qu’ils avaient tiré la leçon de la débâcle. Du coup,
partout en Europe, particulièrement en France, le débat a été ouvert autour de
la nécessité d’imposer l’attitude comme une loi.
Pour
beaucoup, «c’est la seule façon de provoquer le renouvellement de la classe
politique». Pour d’autres, «il est temps d’exiger des acteurs politiques
de répondre de leurs mauvais choix, de leurs mauvaises prestations». Car
ailleurs, particulièrement en France, les acteurs politiques se comportent en
véritables «opérateurs» se permettant les hauts et les bas qui
s’imposent à eux, jouant à volonté de la démagogie et du populisme et ne
répondant jamais de leurs déboires.
Héritage
laissé par la colonisation ou caractéristique sociale «autochtone» ?
Le fait de ne jamais répondre de ses actes caractérise aussi l’espace politique
mauritanien. Plus qu’ailleurs, l’acteur politique n’est pas tenu ici d’avoir un
parcours exemplaire, de payer pour ses choix et ses engagements. D’abord parce
que la politique est assimilée à un jeu où la perfidie et le mensonge sont des
armes à utiliser. Ensuite parce que la mémoire commune ne retient rien du
parcours, souvent chaotique de ces acteurs. Ils s’affranchissent alors de
toutes les considérations morales qui devaient leur imposer d’avoir un cursus
irréprochable, clair et rigoureux. Deux illustrations.
Monsieur
X a longtemps milité dans un parti d’opposition. Il a longtemps joué des coudes
pour se faire une place auprès du leader de son parti. Allant jusqu’à manœuvrer
pour faire le vide autour de ce leader afin de se présenter comme le plus
fidèle des soutiens. Il a réussi à pénétrer l’espace intime du leader. Poussant
cette intimité jusqu’à accéder à tous les aspects de la vie personnelle de son
chef.
Arrivé
à ce stade, et sans transition, Monsieur X nous annonce sa décision de changer
de camp. Il rejoint le camp du pouvoir. Commence pour lui une frénétique course
de communication. Il lui faut faire la démonstration de son nouveau
positionnement. Cela se traduit sur la place publique par des attaques
violentes (parfois vulgaires) contre son ancien leader et son parti. En
cachette, il doit avoir livré tout ce qu’il sait de la vie cachée de celui dont
il a su violer l’intimité.
Mais
en général, un comportement comme celui-là finit toujours par «consommer»
son auteur. Ses nouveaux maitres ne se pressent pas de le récompenser (même
si…). Il attend. Intervient alors un changement. Les maitres ne sont plus les
maitres. L’espoir de voir ses anciens «amis» devenir les maitres est
grand. Et avec lui la volteface de Monsieur X.
Monsieur
Y est un cadre du parti au pouvoir, de tout parti au pouvoir. La dernière fois
qu’on l’a entendu publiquement parler, c’était pour vilipender les opposants au
régime qu’il défendait. Il montait alors combines sur combines pour diaboliser
les opposants, fustiger leurs causes, débaucher leurs militants les plus
significatifs, les accuser de tous les maux…
Il
participait sans vergogne au sac du pays, à la corruption des mœurs politiques,
au pillage des ressources publiques, au détournement des programmes de
développement, à la culture de contrevaleurs…
Arrive
le moment de la fin d’un cycle. Monsieur Y fait semblant d’être quelqu’un
d’autre. Il découvre subitement qu’il y a de l’injustice dans l’exercice
quotidien du pouvoir, qu’il y a la mauvaise gestion, qu’il y a les pratiques
esclavagistes, qu’il y a des inégalités sociales criantes… Il adopte les causes
justes et réussit à faire oublier qu’il a été l’artisan – ou l’un des artisans
– du système qu’il dénonce désormais. Il est «militant» et même «victime».
Il côtoie à cet effet les honorables défenseurs des causes justes, réussit à
les devancer dans le mouvement en occupant les premières lignes, à couvrir de
sa voix les leurs.
Dans
la Mauritanie d’aujourd’hui, c’est désormais Monsieur X et Monsieur Y qui sont
l’incarnation des causes justes, du combat des déshérités, du soulèvement des
victimes… après avoir été les bourreaux d’hier, les complices de tout temps…
ils confisquent aujourd’hui la grandeur du combat à mener pour l’émancipation
de l’homme mauritanien et salissent la noblesse de cette cause.
Monsieur X et Monsieur Y ne sont que des échantillons
de toute une classe politique qui refuse se remettre en cause, de se démettre,
de quitter la scène malgré ses excès.
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