mardi 6 décembre 2011

S’en débarrasser au plus vite !


C’est un confrère espagnol qui m’a appelé pour demander confirmation : la Mauritanie aurait arrêté deux des responsables du rapt de trois européens (deux espagnols et un italien) du camp Polisario de Rabouni, non loin de Tindouf en Algérie, le 23 octobre dernier.
L’affaire avait suscité un émoi dans toute la région. Les enlèvements se passant jusqu’à présent en Mauritanie, au Mali ou au Niger, des pays considérés comme maillons faibles.
Pour la Mauritanie, les efforts entrepris depuis trois ans ont permis d’éloigner le spectre. En effet, depuis l’attaque de Tourine en septembre 2008, toutes les tentatives de AQMI de s’introduire et de s’attaquer à notre pays ont été déjouées. A Nouakchott, Bassiknou et ailleurs… La stratégie visant l’anticipation sur les projets terroristes, le contrôle du territoire par l’Armée, la multiplication des incursions sur les bases de AQMI, tout cela a permis de mettre fin à la pression exercée jusque-là sur la Mauritanie. L’effort se porte ailleurs : les théâtres d’opération et les enlèvements se multiplient dans les pays qui n’ont pas fait assez pour mettre fin à la situation d’insécurité dans la zone sahélo-saharienne.
L’enlèvement des trois européens en plein territoire algérien qui plus est en territoire sahraoui, a été perçu comme un tournant dans la stratégie de AQMI qui ne semblait plus hésiter à s’attaquer à l’Algérie au même titre que les autres pays, plus faibles.
N’empêche, c’est la Mauritanie qui vient d’arrêter deux des auteurs du rapt dont le présumé organisateur principal qui s’appellerait Mamina Alaaguir Ahmed Baba selon les sources policières citées par l’AFP. Il serait né en 1982 et serait un ressortissant des camps de réfugiés sahraouis en Algérie. Son compagnon s’appellerait Aghdhafna Hamadi Ahmed Baba et serait né en 1979. Cousin du premier, il lui aurait prêté main forte.
Les deux hommes sont arrivés en Mauritanie il y a une dizaine de jours. Ils auraient été «pris en charge» par les services mauritaniens dès leur entrée sur le territoire national. C’est seulement lundi que la police est passée à l’action dans un hôtel de Nouadhibou. Ils sont actuellement interrogés et doivent incessamment être transférés à Nouakchott.
On peut imaginer dès à présent qu’il pourrait ne pas s’agir de militants AQMI mais d’intermédiaires revendant les otages à l’organisation terroriste. On se souvient encore de l’épisode de l’enlèvement des humanitaires espagnols sur la route Nouadhibou-Nouakchott et dont l’auteur principal, Oumar Sahraoui avait été kidnappé à son tour par l’Armée mauritanienne qui l’a exfiltré du Mali, l’utilisant plus tard comme monnaie de change pour faire libérer les otages espagnols.
Le cas présent est légèrement différent. L’enlèvement ne s’est pas passé en Mauritanie, mais en Algérie. Y a-t-il des accords d’extradition entre les deux pays ? L’Algérie a-t-elle lancé un mandat d’arrêt contre les auteurs du rapt ?
Certes la Mauritanie a intérêt à se débarrasser au plus vite de ces deux hommes. Elle ne peut d’ailleurs les retenir que s’ils sont l’objet de recherche ailleurs. Auquel cas, il faut en finir au plus vite. Ce n’est pas par peur des réactions de leurs complices éventuels, mais les relations sociales sont si imbriquées dans cette partie du monde que l’incarcération de tels individus pourrait avoir de fortes répercussions… sociales.

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