Le
décor est planté. Ou presque. Le dispositif mis en place par le Président
Mohamed Ould Abdel Aziz pour préparer l’échéance de 2019 semble prendre forme.
Il s’articule autour de ses hommes de confiance, ceux qui ne peuvent être
soupçonnés d’arrivisme, d’opportunisme ou de fausse loyauté, ceux qui ont fait
leurs preuves en tout : efficacité, constance, fidélité, dévouement…
La
composition du nouveau gouvernement annonce à peu près de quoi demain sera
fait. Nettement rehaussé par la présence du Chef d’Etat Major des Armées, le
Général Mohamed Ould El Ghazwani comme ministre de la défense, ce gouvernement
semble être celui de la consolidation de l’existant tout en incarnant l’espoir
d’une reprise en main. Laquelle commence par l’apaisement des relations.
Finies
les querelles qui ont rongé le système ces deux ou trois dernières années.
Finie la tension permanente avec les protagonistes traités en ennemis et non en
partenaires.
La
mise en place de la nouvelle Assemblée nationale avait déjà permis de hisser à
sa tête Cheikh Ould Baya, le député de Zouerate et ancien président de
l’Association des Maires de Mauritanie.
Homme
de confiance, Ould Baya croit profondément aux vertus du dialogue, mieux, à la
nécessité et à la possibilité de convergence en matière politique. Le processus
de désignation de son bureau, mais aussi celui de la mise en place du conseil
régional du Tiris Zemmour et du Conseil municipal de Zouerate, ont donné la
preuve de ce souci, constant chez lui, de chercher le consensus surtout quand
il est possible.
La
pièce manquante du puzzle est l’instance dirigeante du parti Union pour la
République qui tient son congrès dans la deuxième moitié de décembre prochain.
Mais on peut dire dès à présent que le décor planté jusque-là, est celui qui va
permettre d’apaiser les rapports, de les normaliser et pourquoi pas de faire
converger l’ensemble des acteurs politiques pour permettre un tan soit peu de
sérénité…
La
Mauritanie qui parait aujourd’hui un pivot de stabilisation du Sahel, est un
pays fragile. Sur le plan intérieur, l’échec patent des politiques à proposer
et/ou à accompagner, les secousses récentes et anciennes, les tares sociales
structurelles, les déficits de gouvernance accumulés, bref… le lourd héritage
des décennies d’errements a traumatisé les acteurs les empêchant de réfléchir,
de se projeter pour anticiper. Ils se sont contentés de courir après les
événements sans pouvoir jamais rattraper le temps et les occasions perdus.
Résultat : une société émiettée et une élite déresponsabilisée.
Sur
le plan régional, la Mauritanie est entourée de problématiques dont le
débordement ici est un risque énorme.
Au
nord, le conflit du Sahara qui bout constamment. Avec lui la question des
Bidhanes au Maroc, de la succession en Algérie, de la stabilisation en Libye… A
l’est et au sud-est, l’Azawad et la question peule qui créent l’environnement
propice au développement et à l’implantation des groupes extrémistes religieux
et ethniques. Au sud, les convulsions qui frappent de temps en temps des pays
et des sociétés qui, comme nous, ne sont pas encore arrivés à leurs points
d’équilibre.
Les
richesses, gaz et pétrole, qui s’annoncent sont certainement des facteurs
aggravant pour ce qu’ils attirent de convoitises. Nous oublions souvent que les
quantités annoncées nécessitent une ressource humaine (savoir-faire,
technicité…) que nous n’avons pas mais que tous les autres ont. Nous oublions
aussi que la présence de grandes sociétés multinationales (Majors, comme on
dit) est nécessairement une menace sur la souveraineté et même sur la cohésion
des pays où les richesses sont exploitées.
C’est
seulement quand on aura jaugé et jugé ces menaces que nous comprendrons que
«quelque chose» peu être fait. Que «quelque chose» doit être fait.
Pour
consolider le front intérieur en répondant aux attentes légitimes et dont
l’expression peut (ou pas) comporter quelques exagérations. Les populismes se
nourrissent sur l’incompétence des acteurs. La meilleure façon de leur barrer
la route, est de traiter sereinement et intelligemment les revendications.
Pour
renforcer le statut de la Mauritanie comme pôle de stabilisation et comme
élément facilitateur dans une région en pleine ébullition.
2019
est un rendez-vous crucial. En décidant de respecter son serment et de se
conformer aux dispositions de la Constitution en matière de mandats, le
Président Mohamed Ould Abdel Aziz permet d’ouvrir une nouvelle fois, la porte
de l’espérance avec en prime la possible expérience d’une alternance au pouvoir
annoncée. Cela rapportera mieux et plus à la Mauritanie que le gaz, le pétrole
et que tous les métaux précieux du monde.
Inchaa
Allah
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