mercredi 18 mars 2015

Et maintenant donc ?

Le Président Mohamed Ould Abdel Aziz s’en est allé à Néma, capitale du Hodh oriental, dans une longue visite qui va le mener dans tous les chefs-lieux d’arrondissements et de départements de la Wilaya, avant d’aller faire de même au Hodh occidental.
«On» a beaucoup péroré sur cette visite. Il y a ceux qui ont voulu y voir une opportunité pour le Président de faire campagne pour une réforme de la Constitution en vue de fausser les règles du jeu. Il y a ceux qui ont cherché quelques calculs politiciens derrière la visite. Tous ont essayé toutes les rumeurs, toutes les raisons, même les plus saugrenues comme ce projet de renforcer le pouvoir parlementaire pour permettre au Président de devenir un Premier ministre avec de larges pouvoirs. Ridicule tentatives de cacher le motif réel qui est celui du profond désarroi de la classe politique incapable de penser l’avenir, de formuler des propositions alternatives, d’y faire adhérer le maximum de gens et de peser ainsi sur le cours des événements. Une attitude qui n’est pas nouvelle et qui n’est pas près de disparaitre.
Le Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU) a finalement élaboré un document qu’il entend remettre au ministre secrétaire général de la présidence dès son retour de voyage. Le document qui a été l’objet de plusieurs séances de discussions, s’articule autour de trois moments.
Un moment où le Pouvoir est invité à donner des gages de bonne volonté en adoptant une dizaine de points dont le statut du Bataillon de la sécurité présidentielle, la déclaration de patrimoine du Président, la neutralité de l’administration, la baisse des prix… tous les préalables connus et plusieurs fois soulevés par l’Opposition.
Si le pouvoir accepte, on passera à la deuxième étape qui comporte l’application d’un autre lot de préalables. Parce qu’il s’agit ici pour l’Opposition d’amener le Pouvoir à se plier à sa volonté comme si le rapport de force dictait cela. En faisant plier le Pouvoir, l’Opposition l’aura affaibli et contribué ainsi à le déstabiliser. On veut avoir par la ruse – ou la manœuvre – ce qu’on n’a pas eu par l’action. On croit tromper et c’est une tactique suivie par les acteurs politiques dont la première tendance est toujours de dénier au vis-à-vis toute intelligence, toute capacité de discernement.
Jusqu’à la fin de son règne qui aura duré quand même 21 ans, Moawiya Ould Taya a été perçu comme un idiot, un diminué, et même un fou. On s’est gaussé de l’homme et on l’a même cru malade, condamné tantôt par une tumeur de la prostate tantôt par une cirrhose. Les rumeurs ont commencé à faire partie des déterminants politiques à partir de 1992. C’est seulement treize ans après que l’homme a quitté le pouvoir.
Ce même penchant à l’instrumentalisation excessive de la rumeur et de l’intoxication finit aujourd’hui par parasiter les positionnements des acteurs. Une auto-intoxication des appareils politiques qui finissent par fonder leurs analyses et leurs positionnements sur des rumeurs qu’ils ont eux-mêmes créées. En pensant tromper le vis-à-vis et l’opinion publique alors qu’on ne trompe que sa petite personne.
Tout le monde veut bien parler du rétablissement de la confiance. Alors que ce dont nous avons besoin, c’est d’abord de la bonne foi des acteurs. Sans bonne foi, on ne peut espérer de nouvelles attitudes, de nouveaux rapports à la politique… sans bonne foi, il n’y a pas de sincérité, et point de confiance.
Tout indique aujourd’hui, que la contreproposition du FNDU s’apparente plus à un défi, une provocation, une sorte de fuite en avant devant les responsabilités.
Encore une fois, on refuse d’envisager l’échéance qui constitue un tournant de la vie politique mauritanienne : 2019. Quoi faire dans la perspective de cette échéance ? comment faire pour intéresser tous les acteurs à l’avenir politique : ceux qui, techniquement, ont leur avenir derrière eux, ceux qui ne voient pas clairement de place pour eux dans le moyen et le long termes ? comment convaincre tous ceux-là de faire fi de leurs ambitions personnelles pour travailler en vue de renforcer la démocratie et l’Etat en Mauritanie ? comment leur expliquer que si l’intérêt général prime, il n’y a pas de divergences possibles ?  

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