lundi 11 mars 2013

Le Mali qui était


"La France a favorisé une fiction de démocratie", c’est le titre d’un article écrit par l’ancienne responsable du service culturel de l’Ambassade de France à Bamako, Mme Danielle Rousselier, écrivaine de son état. J’ai lu le papier sur noorinfo.
La dame dit avoir travaillé de 2007 à 2009 à Bamako et qu’elle fut témoin d’une attitude de complaisance qui a caractérisé les relations des puissances occidentales, de la France qu’elle représentait, avec le Mali de Amadou Toumani Touré (ATT). Une complaisance qui engage, selon elle, une «responsabilité partielle» de la France dans l’engrenage qui a mené à cette guerre».
La «fiction de démocratie au Mali» a servi de faire-valoir d’une politique africaine qu’on a voulu nouvelle depuis la conférence de La Baule et qui ne faisait en fait que répéter une attitude condescendante de la France vis-à-vis de l’Afrique. C’est ainsi qu’une indulgence a caractérisé les rapports avec un régime qu’on savait corrompu. Parmi les exemples cités par l’auteur, nous retiendrons celui-là :
«En novembre 2009, les autorités maliennes ont tenté de camoufler l’incendie en plein désert, près de Gao, d’un Boeing 727 transportant six tonnes de cocaïne «évaporée» dans les sables. L’affaire du Boeing «Air Cocaïne» a révélé ouvertement à la fois que le paisible Mali était bien devenu le carrefour du trafic de drogue en Afrique et, plus grave, que les trafiquants avaient bénéficié de complicités dans l’administration et dans l’armée au plus haut niveau. En a-t-on pour autant tiré toutes les conséquences sur la nature profondément corrompue du régime d’Amadou Toumani Touré, faisant le lit des trafiquants de drogue et favorisant par là le narcosalafisme avec les conséquences que l’on sait sur le fragile équilibre avec le Nord et les Touaregs ?»
l’auteur expliquait ensuite comment la scène malienne s’était appauvrie et pourquoi elle devenait le lieu où se développaient les discours religieux les plus radicaux. C’est bien parce que le débat politique n’existait plus et parce que l’élite intelligente (ou supposée l’être) a démissionné après avoir été corrompue.
«La France n’était, certes, pas la seule à fermer les yeux. L’aveuglement fut international : on avait trouvé un pays à qui dispenser l’aide, et les bailleurs de fonds comme les ONG se précipitaient sur ce pays modèle dont la façade démocratique a volé en éclats lors du putsch du 22 mars 2012.» C’est ainsi, selon elle, qu’au nom de «la bonne gouvernance», «nous avons été complices d’un Etat malien prédateur, appuyé sur une «société civile» artificielle profitant de la faiblesse et de la corruption du régime pour s’enrichir à vive allure sur le dos du pays
Cela nous rappelle, nous Mauritaniens, les sautes d’humeur, légèrement feintes de ATT, quand notre pays avait décidé de réagir à la menace en usant de son droit de poursuite. A l’époque, ATT faisait tout pour atténuer l’engagement de la Mauritanie, engagement qui dérangeait (déjà) les affaires dans cette partie du Mali. On ne peut faire l’économie de l’évaluation de cette époque qui a vu les autorités du Mali démissionner et s’effacer devant le diktat des bandes criminelles. Le résultat fut une politique de consensus qui était en fait une sorte de fuite en avant qui n’en finissait pas de commencer.
Pour ne pas tomber dans le panneau et pour avoir les bons résultats de l’intervention militaire au Mali, les amis de ce pays (dont nous sommes) doivent dire la vérité. A ses dirigeants, à son élite, à son Armée. Vous êtes responsables de ce qui vous arrive. Vous êtes les seuls à pouvoir trouver, entre vous, la porte de sortie de la crise qui a mis à terre l’Etat et les Institutions.

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