mercredi 27 février 2013

«Inclinez-vous»


C’est sans doute le plus expressif des slogans affichés au lendemain de la mort de Stéphane Hessel, ce résistant français, ancien diplomate, militant de toutes les grandes causes qui a fait la une pour ses écrits et ses positions. Des positions qui demandaient du courage et comportaient de nombreux risques. Ce n’est pas n’importe quel intellectuel occidental, qui plus est français, qui peut déclarer : «En réalité, le mot qui s’applique — qui devrait s’appliquer — est celui de crime de guerre et même de crime contre l'humanité. Mais il faut prononcer ce mot avec précaution, surtout lorsqu’on est à Genève, le lieu où siège un haut commissaire pour les droits de l'homme, qui peut avoir là-dessus une opinion importante. Pour ma part, ayant été à Gaza, ayant vu les camps de réfugiés avec des milliers d’enfants, la façon dont ils sont bombardés m’apparaît comme un véritable crime contre l’humanité.» (janvier 2009) Ou : «Si je peux oser une comparaison audacieuse sur un sujet qui me touche, j'affirme ceci : l'occupation allemande était, si on la compare par exemple avec l'occupation actuelle de la Palestine par les Israéliens, une occupation relativement inoffensive, abstraction faite d'éléments d'exception comme les incarcérations, les internements et les exécutions, ainsi que le vol d'œuvres d'art.»
Seul Stéphane Hessel osait citer Israël parmi les Etats «tyranniques», au même titre que la Russie, l’Iran, la Chine ou la Corée du Nord. Lui qui faisait partie d’un groupe d’intellectuels français qui avaient milité pour le boycott d’Israël.
«La pire des attitudes, disait-il, est l’indifférence». Ce qui l’a amené à écrire son livre qui a fait date, le fameux appel à l’indignation : «Indignez-vous !» Et comme l’expression de l’indignation n’est qu’une étape sur la voie de l’accomplissement de soi, il enchaînait avec «Engagez-vous !», son deuxième livre.
Contre le capitalisme sauvage, les inégalités, l’oppression en Palestine, l’exploitation de l’homme par l’homme, des plus pauvres par les plus riches, l’arbitraire, les inégalités…. Son premier livre est vendu en 2010 à plus de 4 millions d’exemplaires. C’est une véritable objection de conscience aux férus de ce monde, ceux qui se complaisent dans un satisfecit béat et qui oublient que l’avenir appartient à ceux qui se battent pour une cause, à ceux qui sont encore capables d’indignation.
Pour avoir une idée de ce qu’il fut, ce pourquoi il a combattu, ce à quoi il invite, quelques citations : «Créer, c'est résister. Résister, c'est créer.» 
«Aussi, appelons-nous toujours à une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation de masse, le mépris des plus faibles et de la culture, l'amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous.» 
«Je suis convaincu que l'avenir appartient à la non-violence, à la conciliation des cultures différentes. C'est par cette voie que l'humanité devra franchir sa prochaine étape.» 
«Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous, d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux. Quand quelque chose vous indigne comme j'ai été indigné par le nazisme, alors on devient militant, fort et engagé. On rejoint ce courant de l'histoire et le grand courant de l'histoire doit se poursuivre grâce à chacun. Et ce courant va vers plus de justice, plus de liberté mais pas cette liberté incontrôlée du renard dans le poulailler

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