jeudi 17 janvier 2013

La Mauritanie dans la guerre


C’est apparemment ce que veut une frange de notre élite politico-médiatique. Quand un responsable politique ou un média diffuse une information indiquant que la Mauritanie participe déjà à la guerre, et ce au moment où se déroulait la sanglante et dramatique prise d’otages en Algérie, n’est-ce pas là une manière de «provoquer» chez les terroristes la volonté d’en découdre avec notre pays ?
En réalité la Mauritanie est déjà en guerre. Elle participe déjà à cette guerre qui a commencé le jour où des bandes armées ont fait main basse sur le Nord du Mali et choisi de s’attaquer à notre pays. Elle y est depuis que quelques-uns de nos enfants ont délibérément gagné les camps d’entrainement du GSPC puis AQMI pour s’attaquer à leur pays et aux autres pays de la région. Elle y est depuis qu’une frange de ses religieux a choisi d’apporter plus ou moins clairement, son soutien à ces groupes armés. Elle y est depuis que nos politiques et certains de nos journalistes ont justifié les agissements criminels de ces groupes…
La Mauritanie est en guerre. Elle prend part à cette guerre qui la concerne effectivement. Qui ne peut que la concerner…
Depuis quelques années, des groupes de combattants, résidus d’une guerre abominable menée en Algérie dans les années 90, ces groupes se sont donc retirés dans le Sahara central, côté malien. Ils ont réussi leur insertion sociale et se sont approprié les circuits économiques, y compris ceux des trafics de tous genres. Ils ont créé une nouvelle industrie qui est celle de la traite des personnes par les enlèvements de ressortissants occidentaux.
En s’installant sur ces terres déjà pauvres et ingrates, ces groupes ont détruit les circuits économiques traditionnels et ont ajouté à la misère des populations éprouvées par la mauvaise gouvernance. Ils ont réussi à corrompre le corps social et à saper les fondements de l’Etat malien. Ils s’en sont ensuite pris aux peuples voisins, insistant sur la Mauritanie, maillon faible. Ils ont tué des nôtres à Lemghayti, à Ghallawiya, à Nouakchott, à Tourine… ils ont assassiné des étrangers sur nos terres, mettant en péril ses relations et son image… comme si leur objectif était celui de mettre à genoux notre Etat et d’affamer nos peuples.
Les soldats mauritaniens ne sont peut-être pas dans la catégorie des «pauvres Musulmans» qu’il faille soutenir selon l’entendement de certains de nos Ulémas qui n’ont jamais été remués par les exactions, les tortures, les injustices, les inégalités subies, vécues par leurs compatriotes. Ni 1989, ni 1990, ni 1991, encore moins les épisodes malheureux de 1988 (épuration des Baathistes), de 1984 (épuration des Nassériens)… rien de tout ça ne les a fait bouger. Rien de cela ne mérite la mobilisation et la solidarité.
Tout comme les tueries de Lemghayti, de Ghaalawiya, de Tourine, et pas non plus les malheurs causés par ces bandes dans le Nord malien. Les milliers de réfugiés, le patrimoine détruit, les richesses pillées… tout cela ne mérite pas la colère.
On peut qualifier la guerre qui a commencé au Mali de «survivance coloniale» et la dénoncer, sans pour autant soutenir ou justifier les agissements des groupes armés. Les Mauritaniens, Ulémas, journalistes ou autres n’ont pas le droit d’oublier leurs compatriotes tués de façon abominable par ceux qui sont encore prêts à reprendre le chemin de la guerre contre notre pays. Il leur suffit un prétexte, celui que beaucoup de gens voudrait bien leur donner : une participation «présumée» mauritanienne à la guerre. Utile de rappeler que l’attaque de Lemghayti avait été justifiée par Bellawar par le supposé assassinat par la police mauritanienne de «la militante Zeyneb» lors d’une manifestation. Le fait n’a jamais eu lieu et la réaction à cette rumeur a été dramatique pour des citoyens mauritaniens. Musulmans quand même.

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