jeudi 27 décembre 2012

Le temps des congrès (1)


Après le congrès de Tawaçoul qui a permis de réunir l’Internationale islamiste à Nouakchott, voici venir le temps de celui de l’Union des forces du progrès (UFP), avec cette fois-ci la possibilité de rassembler ce qui reste d’une «certaine» gauche internationaliste, en attendant la retrouvaille de l’Alliance populaire progressiste (APP) qui devrait être l’occasion pour les nationalistes arabes et autres de faire la démonstration qu’il en existe encore.
D’habitude, un congrès de parti sert à renouveler les grands choix et à relancer le projet de société sur lequel militants et cadres se retrouvent. Il peut être l’occasion de revoir ces choix s’ils s’avèrent mauvais ou de changer de stratégie si la voie tracée n’a pas été judicieuse. C’est un peu l’évaluation «à mi parcours» comme disent les consultants de chez nous. Voir ce qui a été fait, redresser la barre pour atteindre de nouveaux objectifs déterminés…
Le congrès de Tawaçoul a permis de réunir …les Frères (avec F si l’on veut faire le jeu de mots), de «révéler» quelques ambitions pour la présidence du parti qui se sont exprimées contre son leader actuel Jemil Ould Mansour, et d’exprimer enfin quelques nuances dans l’engagement politique local.
La Mauritanie a effectivement accueilli des hôtes de marque (sure l’échelle de l’islamisme politique) : l’idéologue tunisien Rachid Ghannouchi, l’un des hommes forts de Hamas et quelques autres moins connus du grand public. Certains d’entre eux ont été l’objet d’une attention particulière de la part des autorités et de la société civile. Ce qui s’est traduit par des rencontres, des invitations et des cérémonies plus ou moins festives.
Les ambitions exprimées par Mohamed Ghoulam et Ould Beyba qui ont fini chacun dans sa précédente place au sein de la structure dirigeante du parti (malgré les scores et la «rébellion» passagère), ne sont pas réelles. Dans la mesure où les deux hommes ne présentent pas d’alternative à Ould Mansour et ne peuvent s’inscrire contre lui. Tout le monde sait enfin qu’au sein de la mouvance, les divergences ne remontent pas en surface. Et ce n’est pas le propre de ce parti, mais la caractéristique de tous les partis mauritaniens qui se fondent non pas sur la légitimité d’un chef mais sur celle d’un combat, d’une lutte et d’un parcours. C’est aussi la caractéristique de l’UFP.
Tout ça pour dire que l’intérieur de ces partis ne souffre pas les ambitions personnelles ni les visions «hors normes». Il y a un chemin, une voie, une sorte de consensus qui a pris le temps de mûrir et de prendre à partir de «la base». Ce qui «perturbe» d’ailleurs au sein de ces formations, c’est bien la présence de personnalités propulsées au premier plan en vue de faire la démonstration d’une ouverture sur toutes les élites et donc «d’élargir la base populaire du parti». On le sent aujourd’hui comme «une perturbation», mais demain ?
L’impression que laisse le congrès de Tawaçoul est bien celle-là : tout n’a pas été dit, tout n’a pas été décidé, la page, même si elle a été (très légèrement) pliée, n’a pas été effectivement tournée. Ce qui n’empêche pas certains de tout parier sur une possibilité d’alliance entre Tawaçoul et l’Union pour la République (UPR) le parti au pouvoir aux prochaines élections. On va verra, comme disait l’autre.

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