lundi 12 novembre 2012

Une nuit à Oumla’dhâme


C’est une bourgade située à mi-chemin entre Néma et Aïoun. Petite par la taille, grande par la notoriété et le poids de l’Histoire. Nous sommes ici dans le campement d’Ehl el Mokhtar – traduction vulgaire de l’expression «zmâne Ehl el Mokhtaar» mille fois chanté par les poètes les plus inspirés. Quelque part ici une muse, une égérie pour Wul Tarumba, pour Cheikh Mohamed Lemine, pour Sidaty Wul Hammadi… Quelque part par là, on raconte l’épopée d’Ehl Lemhaymiid, la chefferie qui a pu fédérer Meshdhouf, l’une des plus grandes tribus du Traab el Bidhâne.
Ce soir, c’est ‘Aala Wul Dendenni qui tente d’animer la soirée, faisant vibrer l’assemblée aux sons de ses accords parfaits et avec une voix qui fait la particularité de la famille Ehl Dendenni. Douceur, mélancolie, méditations…
Autour de lui, quelques jeunes – et moins jeunes – de la ville (synonyme «rat de ville»). Des cadres des mines, d’autres de l’administration, des journalistes… pratiquement toute l’équipe des séminaires organisés par le Comité national de l’ITIE en Assaba et dans les deux Hodh’s.
Certains essayent de jouer aux poètes en déclamant des anciens poésies amoureuses, nostalgiques et/ou guerrières. D’autres sont carrément des poètes et le prouvent en improvisant. De quoi nous rassurer sur cette culture bidhâne qui n’est pas près de mourir tant que des jeunes prennent goût à l’entretenir, à l’exercer et à la réinventer. Merci Abaya…
Il joue un «shawr» composé par son père, le virtuose Ahmed Wul Dendenni, alors qu’il était dans le train reliant Khayes à Dakar. Ici il s’était trouvé en face d’un griot mandingue qui avait une kora et qui la jouait merveilleusement bien. Ils commencèrent chacun à narguer l’autre. De leurs échanges, une belle partition est née. Elle est encore jouée par ‘Aala…
Nuit inoubliable, nuit bidhânesque en ce qu’elle allie de passé et de présent, de nostalgie et de plaisir immédiat, de tristesse et de rire…

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