vendredi 6 juillet 2012

Querelle de ...minaret


Ce matin, il est difficile de se rendre à Tékane (soixantaine de kilomètres à l’est de Rosso). Le poste de police à la sortie de Rosso vous oblige à présenter votre carte d’identité et à attendre un moment. Le jeune policier explique poliment : «Nous devons prendre l’identité de toute personne qui va à Tékane, la retenir ici le temps de rendre compte au commissaire et attendre qu’il nous dise de vous laisser passer»… Révoltant.
L’explication donnée ne vaut pas. On nous dit la crainte des autorités de voir éclater des affrontements à l’occasion de l’évènement qui nous amène : l’inauguration d’une nouvelle mosquée. A la base, le conflit entre deux familles de Tékane : les Sy, marabouts du Toro, gardiens de la tradition et la bibliothèque de la ville ; les Kane, seigneurs politiques et militaires, dépositaire de la réalité du pouvoir. Les premiers refusent le projet de création d’une nouvelle mosquée, de peur d’éclipser l’ancienne. Les seconds pensent plutôt que la ville a connu un afflux de populations qui fait que l’ancienne mosquée ne peut plus contenir les pratiquants et qu’elle ne peut être agrandie pour raison de manque d’espace de développement.
Le problème est resté dans l’ordre de la polémique autour de la possibilité d’avoir deux mosquées ou plus dans une même agglomération. Jusqu’au moment où le ministère des affaires islamiques s’en est mêlé. Prenant parti pour la thèse des Sy et refusant aux Kane de procéder à l’inauguration officielle de la nouvelle mosquée. La décision a été prise trois jours avant la date prévue pour l’évènement. Et pour justifier cette prise de position inappropriée, le ministre est intervenu en personne pour sonner le tocsin de la tension…
Pourtant rien de tout ce qui a été dit ou fait ne mérite tant d’appréhensions… ce sont les autorités qui ont raté de merveilleux moments de communion et de leçons de vie.
«Ce qui est fait renseigne forcément sur celui qui l’a fait», dira el Haj Thierno Nourour Bâ, Imam d’une ville du Sénégal dans un grand plaidoyer pour la solidarité, pour les valeurs humanistes islamiques…
De tout le Fouta son arrivés chefs religieux et Imams pour saluer l’évènement. Le temps de louer et de mettre en exergue les bienfaits du Créateur, les enseignements de son Messager, le Prophète (PSL), des Cheikhs Ahmed Tijane, d’El Haj Oumar El Fouty, d’El Haj Malick Sy… de toute cette tradition qui fait de cette terre, un havre de paix, un centre culturel dont le rayonnement spirituel a illuminé au-delà du Sahel et du Soudan.
Rappelons que la nouvelle mosquée a été construite sur financement de l’ancien ministre des finances, ancien Gouverneur de la BCM, Ousmane Kane. L’action de ce mécène a déjà permis l’équipement et la rénovation d’une mosquée à Nouakchott.
«Mon rôle s’arrête à la construction et à l’équipement, après je remets les clés à l’Imam et c’est lui qui va gérer les locaux selon les préceptes consacrés». L’Imam ici est Ahmed Sy, secrétaire général de l’association des Imams du Trarza. 

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