mercredi 13 juin 2012

Sur la voie de Omar


Parmi les belles histoires pleines d’enseignements que la mémoire populaire a retenues de l’exercice du pouvoir par le Khalife Omar Ibn Al Khattab, celle que je m’en vais vous raconter.
Un jour, le Khalife qui avait l’habitude de marcher dans les rues et aux abords des vergers pour sentir son peuple et veiller à ce qu’il n’y ait pas d’injustice, pendant qu’il se promenait comme à son habitude, il surprit un vieux bonhomme, rongé par l’âge, l’échine courbée par les efforts, juste habillé pour respecter les préceptes en la matière, la peau sèche et effroyablement ridée, ce monsieur qui n’avait plus beaucoup de temps à vivre était en train de planter une pousse de palmier. L’effort qu’il faisait était énorme, tout comme la détermination à le faire.
Surpris par tant de zèle dans l’accomplissement d’une mission comme celle-là de la part d’un homme comme celui-là, le Khalife ne put s’empêcher de demander : «Qu’est-ce que tu as à fournir tant d’efforts alors que cela peut te tuer, toi dont la vie est largement entamée ?»
Le regardant, le vieux reconnut l’homme. «Ô Khalife, saches que ceux qui nous ont précédés ont planté et semé, ce qui nous permet à nous de manger. Nous faisons de même pour que ceux qui nous suivent mangent».
Le Khalife s’en alla, les larmes plein les yeux. Et se rappelant tous les compagnons du Prophète qui passaient leurs journées à palabrer dans la Mosquée sous prétexte de rassembler les traditions, il se dirigea vers la Mosquée du Prophète. Tous les rouwat étaient là à discuter. Il prit la parole pour interdire désormais à tout musulman, compagnon ou non du Prophète, de rester sans produire quelque chose. La fermeté de l’homme et son sens de la responsabilité lui dictèrent de faire sortir par la force tous ceux qui avaient pris l’habitude de venir «tuer le temps là». Et de leur interdire désormais de se rassembler à ne rien faire.
Il s’en suivit une révolution dans l’agriculture, l’artisanat et le commerce. La révolution économique de l’Etat musulman commença ainsi. C’est du moins ce qu’on se raconte dans nos milieux traditionnels.
Il reste, et c’est ce que retiendra l’Histoire, que Omar est le véritable artisan de l’Etat islamique dont il a assis définitivement les fondements.
Il faut penser à cette histoire chaque fois que vous vous trouvez dans un salon, une rédaction, un bureau de l’administration, dans la rue… finalement n’importe où en Mauritanie. Avec ces dizaines de gens qui n’ont d’autre chose à faire que de palabrer, de colporter les rumeurs, de diffuser les méchancetés…
Des mots, des mots, rien que des mots. Et pour faire dans le facile : des maux, des maux, rien que des maux.  

1 commentaire:

  1. bien parlé, mon grand! j'espère que cette leçon sera retenue par tous les oisifs qui ne sentent pas la misère dans laquelle on est installé...

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