lundi 3 octobre 2011

«Négro-mauritanien», «arabo-berbère», concepts chargés


Tout mot, toute appellation est chargée. C’est pourquoi le mot «concept» convient mieux parce qu’il traduit la lourdeur qui accompagne l’usage du mot. Ce n’est plus un mot simplement dit, mais il véhicule une charge qui en dit long sur le positionnement de celui qui le prononce. Il faut donc revisiter, en ces temps d’atermoiements et d’inquiétudes, ces concepts.
«Négro-mauritanien» n’a de sens que si l’on se réfère à l’historique du concept. Il est né avec le Manifeste du négro-mauritanien opprimé du milieu des années 80. Quand un groupe de militants nationalistes noirs de Mauritanie avait élaboré un document sur la situation de la communauté noire dans le pays. Le document avait été largement distribué dans l’une des conférences de l’OUA et à travers l’Afrique noire, l’Europe et l’Amérique. Ses auteurs avaient donc préféré la désignation «négro-mauritanien» à la désignation traditionnelle «négro-africain».
La guerre entre les mouvements de l’époque s’exprimait aussi par les mots. Si les nationalistes noirs utilisaient ce mot pour se définir, ceux du Mouvement national démocratique (MND) les appelaient «nationalistes étroits» (N.E). Alors qu’ils désignaient les nationalistes arabes sous le vocable de «chauvins». Ceux-là se faisaient appeler par leurs vis-à-vis noirs par «arabo-berbère». Cherchant derrière à «exciter» le sentiment des nationalistes arabes très militants de l’arabité et ne voulant plus entendre parler de la page berbère de l’Histoire du pays.  
«Négro-mauritanien», «N.E», «chauvins», «Arabo-berbère»… toutes ces appellations appartiennent à une époque que l’on croyait révolue. Voilà qu’aujourd’hui, on entend des militants, des cadres de partis légalement constitués, des membres de communauté s’invectiver en utilisant ces mots qui, au départ, servaient à déprécier, du moins à marquer le positionnement de l’adversaire et vis-à-vis de lui.
Quand un chef politique, quel qu’il soit, utilise l’un de ces mots, il exprime une position politique donnée, un mépris ou une insulte à l’encontre d’un groupe donné. Parce qu’un chef politique n’est pas un historien ou un sociologue qui se soucie de la précision des mots et de la vérité des appartenances.
On est donc revenu très en arrière dans les rapports entre les politiques, mais aussi dans la conception de ce que nous devons partager. Dont les concepts.
 «Négro-mauritanien» n’es pas approprié si l’on sort le mot de son contexte historique et politique. Tout comme «N.E», «chauvin», «Arabo-berbère» aussi… 

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