La
Communauté Urbaine de Nouakchott (CUN) recrute une trentaine de cadres. Pour la
première fois, cette administration a préféré faire appel à la Commission
nationale des concours pour ce faire. Une manière de s’assurer que le
recrutement va se faire dans des conditions optimales de régularité. D’éviter
aussi de recourir aux méthodes traditionnelles de recrutement qui consiste à
choisir dans son environnement immédiat. C’est pourquoi la décision de faire
appel aux compétences de la commission nationale doit être saluée. Surtout que
rien n’oblige la locataire des lieux, Maty Mint Hammadi, à procéder ainsi.
La Commission nationale des concours vient de terminer
une série de concours organisés pour le recrutement de centaines de
fonctionnaires destinés à répondre aux besoins d’administrations diverses. Ces
concours ont vu la participation de milliers de candidats : près de 9000
pour le concours des Douanes, 14.000 pour la santé, etc. Jusqu’à présent aucune
plainte n’a été déposée auprès des autorités compétentes (commission des
concours, ou administrations concernées). Ce qui n’a pas empêché certains de nos
confrères de parler d’irrégularités sans préciser lesquelles. Et toujours en se
basant sur les rumeurs qu’ils contribuent ainsi à alimenter.samedi 31 janvier 2015
vendredi 30 janvier 2015
Une année d’Afrique
Le
Président Mohamed Ould Abdel Aziz remet le sceptre à un successeur pour la
présidence tournante de l’Union Africaine. C’est ainsi qu’en un an, la
Mauritanie aura eu l’honneur de diriger l’organisation panafricaine, surtout de
la représenter sur la scène internationale, notamment dans les sommets UA-Union
Européenne, UA-Etats Unis d’Amérique, le G20… Ce fut un honneur, mais aussi une
opportunité pour notre pays d’affirmer sa présence, de reprendre ses marques
sur la scène internationale. Nous venons de loin…
Les
déboires de la diplomatie mauritanienne vont amener le pays à renoncer à ses
vocations originelles qui voulaient en faire un trait d’union et une terre de
convergence pour les ensembles Arabe et Africain. Il a fini par se perdre et
par perdre ses repères pour devenir une sorte d’«orphelin géostratégique»
n’étant plus ni Arabe ni Africain.
La
reconnaissance d’Israël puis l’établissement de relations diplomatiques avec ce
pays le coupaient du Monde Arabe. Le retrait de la CEDEAO lui faisait tourner
le dos à l’Ensemble Africain.
La
présidence de l’UA nous aura permis justement de reconquérir l’environnement
qui est naturellement le nôtre. La présence de notre Président sur tous les
fronts africains a remis la Mauritanie au centre de l’Afrique, nous poussant à
recadrer notre diplomatie pour un plus grand enracinement dans notre versant
sud que nous avons dédaigné deux décennies durant.
La
chance du Président Ould Abdel Aziz aura été d’avoir d’abord dirigé le Conseil
Paix et Sécurité (CPS) de l’UA et d’avoir, à ce titre, dirigé les panels
chargés d’intervenir en Libye et en Côte d’Ivoire pour régler les crises qui se
transformaient en guerres civiles. Dans les deux cas, le CPS de l’UA était sur
le point de trouver des solutions quand l’interférence impromptue des
puissances occidentales, particulièrement de la France en a voulu autrement.
En
Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo était déjà d’accord à remettre le pouvoir à
Alassane Ouattara et la mission de l’UA avait déjà pris le chemin d’Abidjan,
quand les forces françaises ont intervenu pour l’arrêter.
En
Libye, une feuille de route avait déjà été acceptée par les chefs politiques
des rebelles et par Moammar Kadhafi quand les avions de l’OTAN ont décidé
d’intensifier leurs bombardements pour arriver à tuer le Guide libyen.
L’expérience
des panels avait permis à la Mauritanie d’accueillir par deux fois des sommets de
chefs d’Etats africains. Ce qui la préparait à la présidence de l’UA. Plusieurs
sommets ont été organisés – et très bien organisés – à Nouakchott. Dont le
dernier, et pas le moindre, est celui qui a eu lieu les 19 et 20 janvier autour
de «la transparence et (le) développement durable en Afrique». Un sommet
voulu et promu par Transparency International et la Banque Mondiale.
Notre
pays passait pour modèle dans le domaine sécuritaire. La stratégie élaborée par
la Mauritanie pour lutter contre le terrorisme et le crime organisé en général
a fait effet. Ce qui lui a permis de lancer le sommet du G5 du Sahel regroupant
outre notre pays, le Mali, le Niger, le Tchad et le Burkina Faso. On parle
désormais du «Processus de Nouakchott» qui fait partie de l’architecture
de paix et de sécurité mise en œuvre par l’UA.
Ce
retour sur la scène africaine doit se traduire par une réintégration de
l’espace CEDEAO avec lequel nous sommes désormais liés par des accords spéciaux
qui nous font profiter des privilèges accordés par l’OMC pour ces ensembles
économiques qui regroupent des pays pauvres comme le nôtre.
Il
doit aussi se traduire par un ancrage solide dans notre espace maghrébin et la
recherche de solutions aux multiples blocages qui empêchent justement l’Union
du Maghreb Arabe d’avancer. Un renforcement de l’axe Tunis-Nouakchott, la mise
en confiance du Maroc et de l’Algérie, peuvent amener nos pays à trouver un
point de convergence autour du règlement de la question libyenne. Un processus
maghrébin de règlement de la crise libyenne peut être amorcé par les autres
pays du Maghreb s’ils s’y mettent. La Mauritanie peut en être la locomotive.
Quoi
qu’en disent ses détracteurs, la présidence de Mohamed Ould Abdel Aziz de l’UA
aura été bénéfique pour la Mauritanie qui a pu revenir sur la scène pour se
frayer un chemin dans cette jungle où les plus faibles doivent se démener pour
se faire une place.
jeudi 29 janvier 2015
Le sectarisme est le Mal
Dernièrement,
l’opinion publique mauritanienne, celle qui se construit sur la toile, a été bouleversée
par cette rencontre entre le Président de la République et les représentants
de la communauté Soninké. Le choc était d’autant plus grand que les termes
sont ceux de l’AMI, agence d’information officielle. On s’attend désormais à la
couverture par cette agence, et par les autres médias publics, des activités
des communautés et pourquoi pas des tribus. Au-delà de tout ce qui a été dit,
il faut insister sur deux aspects de la question.
Les
représentants de la communauté Soninké sont venus se démarquer d’une
déclaration qu’un autre groupe aurait rendu publique au nom de la communauté
Soninké, un groupe de jeunes qui se réclame aussi représentants de
communauté Soninké. L’un et l’autre des groupes font usage de faux. Aucune communauté
n’a de représentants attitrés. Déjà, aucun village, aucune caste, aucune tribu,
aucun groupe ne peut se prévaloir d’une unité qui lui permette de désigner des
représentants pour parler en son nom. Qu’est-ce qui se passe alors ?
Comme
au niveau de chaque tribu, de chaque communauté, voire de chaque famille, la
concurrence entre les acteurs pour un placement dans les structures de l’Etat
(poste électif, poste administratif…) prend souvent des allures tragiques,
comme s’il s’agissait d’une lutte à mort. C’est l’un des héritages de l’époque
PRDSienne qui a vu l’exacerbation des différences devenir une donne dans la
gestion des affaires publiques.
La
lutte de placement qu’on peut aussi dire de classement est le
moteur qui fait mouvoir l’espace politique. Le reflux des idéologies et des
visions humanistes a cédé la place aux réflexes grégaires, épidermiques. Même les
causes les plus nobles sont devenues un fonds de commerce politique dans cette
lutte de classement. Il suffit de voir tous ces faux militants se greffer sur
le combat légitime des anti-esclavagistes. C’est la faute à tout le monde.
C’est
pourquoi, le salut du pays passe nécessairement par une réhabilitation, une
revivification (pour parler à la manière des Soufis) des vocations premières d’un
Etat qui n’avait d’autre atout pour s’imposer aux siens et aux autres que la
foi de ses bâtisseurs.
Au
début était la volonté des Mauritaniens de renoncer à leurs particularismes
pour fondre dans une structure qui appartient à tous et qui vit de l’apport de
chacun. La volonté de créer un espace où la citoyenneté prime sur l’appartenance
communautaire, où l’égalité imprime les rapports entre individus.
Créer
un espace où se développeront de nouvelles valeurs favorisant l’émancipation de
l’individu des pesanteurs d’une société traditionnelle qui n’est pas à pleurer
pour ce qu’elle impose de rapports et de pratiques iniques. L’on doit reconnaitre
que, malgré les survivances mais aussi les déviances, nous sommes loin et même
très loin du système qui régissait notre société et notre espace. Ce n’est pas
la peine de polémiquer là-dessus.
Revivifier
les vocations de départ consiste à refuser à tous ceux qui
n’ont plus rien à nous offrir que le retour à nos rapports épidermiques, à leur
refuser de nous imposer leurs manières de nous voir. Cela commence par dénoncer
ces faqih et shaykh qui nous imposent les lectures les plus rétrogrades de
notre religion, par lutter contre ces politiques ayant échoué dans leurs
entreprises multiples et qui n’ont plus à nous proposer qu’à cultiver nos
différences pour en faire une source de confrontations, et par combattre les
discours développés sur l’espace public pour remettre en cause les principes
sacrés pour lesquels nous nous sommes engagés ensemble (discours inégalitaires,
propos contre le statut personnel, soutenant l’esclavage, cultivant les
particularismes pour en faire une valeur…).
Ce
n’est pas parce que nos politiques n’ont plus de quoi nous faire rêver à un
avenir meilleur (parce que commun) que nous devons accepter de nous laisser
berner par des discours qui se construisent autour des particularismes
singuliers et non des richesses plurielles.
mercredi 28 janvier 2015
Fin de l’impunité ?
Les
récentes affaires qui ont secoué le ministère des finances et le système
bancaire donnent l’occasion au Président Mohamed Ould Abdel Aziz de réaffirmer
sa volonté déclarée d’engager une lutte sans merci conte la gabegie. Cette lutte
commence naturellement par l’assainissement du système financier.
On
voit, à travers la succession d’interpellations dans le milieu des percepteurs,
que les pouvoirs publics sont dans la phase de mise en œuvre d’une opération coup
de poing qui demande du courage, de la détermination, de l’équité, et, bien
sûr, une volonté politique soutenue et inébranlable. Les limogeages dans la
haute administration et les interpellations suivies ou non d’inculpations ne
suffisent pas à elles seules. Les enseignements tirés du contrôle et des
inspections doivent être lisibles (et visibles) pour prétendre à un soutien
populaire à la politique engagée contre la mauvaise gestion sous toutes ses
formes.
Il
faut rappeler que la demande sociale en matière de lutte contre la gabegie
n’est pas évidente. Même si elle découle d’une attitude logique qui doit être
celle de tout humain «normal», ayant grandi dans un univers qui bannit
le vol et l’indélicatesse sous quelque forme que ce soit, cette attitude n’est
pas le fort de notre encadrement national (société politique, notabilités
traditionnels, chefs religieux, élite en général). Il suffit de voir les
soutiens apportés aux auteurs de malversations par les partis politiques, les
segments entiers de notre société bienpensante, de pans de l’élite… Ces
soutiens donnent aux prédateurs l’air de héros des temps modernes. Tout ça
parce qu’entre l’exigence d’assainissement et la demande sociale et politique,
il y a un hiatus difficile à passer.
En
attendant, il est utile de rappeler ce que nous écrivions il y a quelques
semaines, quand les premiers trous ont été découverts dans les
perceptions de l’intérieur. On concluait que le système de prédation dans les
finances avait fini par prendre l’allure de réseaux maffieux qui ont profité de
l’absence de contrôles et d’inspections professionnelles. L’absence d’auditeurs
au sein de la direction du Trésor y est pour beaucoup. Et ce ne sont pas les
auditeurs de l’Inspection générale d’Etat qui vont combler le déficit : en
fait ils ne voient que ce qui est évident. Ils ont eu quand même le mérite
d’avoir été à l’origine des actions d’assainissement, mais il faut, pour aller
plus au fond, renforcer, instituer s’il y a lieu, le contrôle interne. Parce que
toutes les perceptions inspectées ont été mise à défaut.
Dans
toutes les situations de dérapages découvertes ces derniers temps, il est
évident qu’il y a eu négligence de la part de la hiérarchie, à tous les niveaux.
Quand une petite commune comme Jidrel Mohguen (Rosso, Trarza) affiche plus de
120 millions de recettes en un exercice, il y a lieu pour toute la chaine de la
hiérarchie de se poser des questions et d’émettre des doutes. Donc de donner l’alerte
immédiatement. Au lieu de cela, on a continué à satisfaire les demandes de
provisionnements exprimées par les percepteurs sans se poser des questions.
Pendant
des années, des situations comme celle-là ont été enregistrées partout en
Mauritanie : des communes dont le budget dépasse rarement les deux
millions et qui se retrouvent avec un niveau de recettes exorbitant. Deux explications
à cette situation : 1. C’est une manière pour les percepteurs de
réorienter les dépenses des fonds destinés aux différents plans d’urgence pour
justifier leurs affectations. 2. Le percepteur ayant la latitude de produire
lui-même des carnets pour prélever taxes et amendes, il en abuse sans que cela
se traduise sur les écritures officielles du trésor public.
Ici
apparait la responsabilité pécuniaire du percepteur, une responsabilité pour
laquelle il paye en s’expliquant devant la police financière puis en allant
devant une juridiction et probablement en prison. Mais il y a une
responsabilité technique qui doit aussi être identifiée pour payer ses
manquements. Sans l’indulgence, la négligence et la bienveillance (complicité,
diront certains) de la hiérarchie, le fauteur aurait sévi une fois peut-être
mais la prédation n’atteindrait jamais les proportions qu’elle a atteint. Il y
a aussi la responsabilité politique qui est engagée. Nous savons tous qu’une
partie des fonds amassés frauduleusement va dans l’entretien de couvertures
politiques (hommes influents qui protègent, dépenses inconsidérées pour le
Parti au pouvoir, clientélisme tribal, régional et local, entretien des
services régionaux et ceux de renseignements…). La main de l’Etat doit aller là
où est passé l’argent de l’Etat suivant une procédure frauduleuse.
La
responsabilité technique et politique n’est jamais dégagée, même si l’on doit
considérer que les derniers limogeages au sein des Finances répondent justement
à cette exigence-là. Mais ce n’est pas suffisant pour créer une forte adhésion
autour de cette guerre contre la gabegie dont on veut faire l’axe principal du
mandat en cours. Il faut plus pour dissuader les cercles et les réseaux de
prédation qui se greffent autour des dysfonctionnements de l’administration.
La
maitrise des flux au niveau des dépenses doit s’accompagner d’un contrôle total
des recettes par l’émission de carnets uniques de quittance pour les différents
démembrements de l’Etat pour s’assurer que toute la collecte va dans les
caisses du Trésor public (communes, Autorité de transport, amendes…).
L’assainissement du secteur exige une mise à terme de
la règle de l’impunité. On devra payer à tous les niveaux de responsabilité son
indélicatesse, sa négligence et sa protection du Mal.mardi 27 janvier 2015
Argent, argent… arnaque, arnaque…
Au
centre hospitalier de Nouakchott, appelé «Hôpital national», il existe désormais
un système de kit qui fait payer aux malades le service rendu. Il s’agit de
trois niveaux de traitement :
-
Le kit I payé à
5000 UM. Il concerne les malades en consultation dans les
urgences, en général les maladies qui ne demandent pas de gros traitements ;
-
Le kit II à
10.000 UM. Il concerne la catégorie suivante, celle qui
demande hospitalisation et traitements particuliers ;
-
Le kit III à
15.000 UM. C’est le plus lourd parce qu’il couvre les malades
du bloc opératoire.
La
première décision du nouveau directeur, nommé il y a quelques semaines, a été d’interdire
aux médecins de prescrire de traitements avant la présentation de quittances par
les malades. Aucun médecin ne peut plus délivrer une ordonnance avant la
présentation de cette quittance. Le malade peut alors prendre les médicaments
auprès de la pharmacie de l’hôpital.
Le
problème, c’est que les ordonnances des malades externes qui sont les plus
nombreux ne coûtent jamais plus 1500 UM, alors qu’aucune ristourne n’est
prévue dans le circuit. La plupart des malades de l’hôpital national payent donc
5000 UM sans avoir eu pour 1500 UM. Où va le reliquat ?
quelque part certainement.
Ce
qui est considéré déjà comme une arnaque des populations, est perçu comme une
possibilité d’aller vite en besogne…
Avant
l’arrivée de l’actuel directeur, le malade payait 500 UM pour la
consultation, recevait son ordonnance et allait acheter les médicaments qui lui
sont prescrits. Cela lui coûtait rarement plus de 1500 UM quand il s’agit de
traitements de premier degré.
Les
nouvelles mesures adoptées imposent aux malades et à leurs parents de payer
plus pour ce qu’ils reçoivent. Un système ingénieux d’arnaque…
On
sait cependant que l’hôpital national a toujours été – surtout ces dernières
années – le moins pourvu en moyens de tous les centres hospitaliers de
Nouakchott. S’il reçoit entre 700 et 800 mille ouguiyas de subvention pour le
lit, l’hôpital Zayed va jusqu’à plus de trois millions par exemple. Ce au
moment où l’on sait que la pression exercée sur l’hôpital national est la plus
forte.
Ce
qui n’explique absolument pas le fait de faire payer aux citoyens le prix fort
par le recours à ce procédé de kit qui sème le doute et ajoute aux problèmes qui
se posent déjà au malade…
lundi 26 janvier 2015
Et le droit dans tout ça?
A la suite de la mutinerie de la prison centrale de Nouakchott, les
autorités judiciaires sont vite montées au créneau pour se justifier plus que
pour éclairer. Un passage des propos entendus, l’affirmation que la décision de
libérer ceux parmi les prisonniers dont la peine avait expirée avait été prise
le vendredi même, «mais des problèmes personnels avaient empêché la mise en
œuvre de la décision avant la fin de l’heure légale».
En entendant cela, je me suis rappelé des propos similaires tenus en
avril 2002 par le directeur de la police politique qui me retenait alors depuis
douze jours. Il arrive avec ses principaux collaborateurs et me dit : «Tout
est fini, la décision de te libérer est prise parce qu’on n’a rien trouvé
contre toi. Mais on arrive en fin d’heure et je ne peux procéder à sa mise en
application parce que je vais en weekend». Et en riant : «…quarante-heures
de plus ce n’est rien, à la première heure dimanche tu pourras aller chez toi…»
Treize années séparent les deux affirmations, mais leur effet est le
même. Leur justificatif aussi. Voilà qu’un responsable – peu importe s’il est
de la police ou de la justice – peut décider de maintenir en prison quelqu’un
qui est libre par le fait de la loi ou de la décision politique. Peu importe
pour ces gens si les détenus souffrent, peu importe ce que la liberté signifie
pour quelqu’un qui en était privé, peu importe si leurs décisions personnelles
respectent ou non la morale, la loi… Un abus d’autorité, voilà ce que le
Procureur a reconnu l’autre soir à la télévision publique.
Cet abus d’autorité, le ministère de la Justice avait cherché à
l’éviter. Il y a quelques années, le ministère avait commandité un système
d’alerte pour permettre à la direction des prisons de suivre l’état
d’avancement de la peine de chaque prisonnier électroniquement. A la fin de la
peine, un bip permettrait aux autorités concernées d’agir immédiatement.
L’Union Européenne avait financé ce projet dont le mécanisme n’a jamais été
utilisé par les autorités concernées. Après cet incident, il est temps de
s’approprier et d’activer ce mécanisme qui existe sous forme de projet parce
que personne n’en veut au ministère.
Ce qu’on nous cache et qu’on n’a pas pu comprendre à travers tout ce qui
a été dit et écrit sur la question, c’est que les prisonniers sont une source
de revenus. Tant qu’ils sont là. Pour tout le système, judicaire et
pénitencier.
A la longue, un système maffieux s’installe où chacun trouve un petit
quelque chose à soutirer. De l’avocat, au juge, au gardien de prison, au codétenu…
tout le monde… a besoin de prisonniers.
En contrepartie, les prisonniers établissent facilement des rapports de
complicité avec cet environnement dans lequel ils sont obligés de s’adapter.
C’est seulement ainsi qu’on peut comprendre comment des prisonniers salafistes
peuvent avoir des Smartphones dans leurs cellules. Ce qui leur permet de
maintenir le lien avec l’extérieur, parfois de continuer à prêcher leurs
dangereuses idéologies, à recruter…
La mutinerie de l’autre soir doit servir. Aucune impunité n’est
acceptable en la matière. Et pour le signifier, la réaction doit être rapide.
Pas besoin de rapports pour savoir que l’abus d’autorité a été exercé à
l’encontre de citoyens dont la peine a expiré ou de savoir que les prisonniers
ont besoin de sérieuses complicités pour préparer un tel coup.
Pas besoin d’analyses pour comprendre que les manquements et les excès
ont mis le pays dans une situation qui a remis en cause toutes les certitudes
concernant la sécurité et la stabilité. Qu’ils ont mis les Salafistes dans la
position des Justes qui revendiquent un droit, juste ce droit… qui ont fini par
faire plier l’injustice par la violence… comment faire ensuite pour empêcher la
jeunesse mauritanienne, une certaine partie de cette jeunesse, de les adopter comme
héros… en un temps où la recherche de modèle et de héros est effrénée ?
Il y a des coupables à la faillite – même momentanée – de l’ordre et de
la justice. Il faut faire payer quelqu’un… qui ?
dimanche 25 janvier 2015
La réponse du FNDU
Finalement, la réponse du Forum national pour la démocratie et l’unité
(FNDU) aux propositions du gouvernement est tombée. Il s’articule autour des
questions suivantes :
-
Un
gouvernement consensuel : un gouvernement avec de larges prérogatives et
qui respecte les lois de la République est la seule garantie de la neutralité
de l’administration et empêche l’utilisation des services et des intérêts
publics dans la course politique ;
-
Les
Institutions électorales que sont le Conseil Constitutionnel, la CENI et les
directions du ministère de l’intérieur impliquées dans les opérations
électorales. Toutes ces structures devront être restructurées et leurs
responsables nommés de façon consensuelle ;
-
La
neutralité de l’administration afin de garantir la non interférence de
l’autorité publique et de l’argent public doit se faire à travers l’élaboration
d’une nouvelle loi sur la neutralité de l’Etat dans le jeu politique et dans
les élections, ainsi que la mise en application de toutes les lois ayant
rapport à ce sujet. Mettre fin aux nominations sur la base d’allégeances
politiques, éloigner l’administration de la politique, nommer sur la base de la
compétence sans discrimination, et prendre des dispositions afin de l’indiquer
avant tout processus de dialogue ;
-
Eloigner
l’attribution de marchés publics, d’agréments et tout service public de la
politique avant toute élection ;
-
Révision et application des lois sur les
budgets électoraux pour les candidats et limitation de la participation
individuelle à chaque campagne ;
-
L’annonce
officielle par le chef suprême des Armées Président de la République de
l’interdiction d’activités politiques aux éléments des forces armées et de
sécurité, en plus de la déclaration solennelle des commandants des corps en vue
d’affirmer le caractère républicain de son institution et leur engagement
d’être à égale distance de tous les protagonistes politiques ;
-
Le vote des
militaires en même temps que les civils et dans les mêmes conditions ;
-
Ouverture
des médias publics à tous les protagonistes politiques de façon juste et
continue, et désignation des responsables de ces établissements sur la base de
la compétence et de l’indépendance ;
-
La
préparation matérielle des élections demande quant à elle : la révision
des textes relatifs aux élections de façon consensuelle ; l’accélération
de l’opération d’enrôlement à l’intérieur et à l’extérieur et remise gratuite
de la carte d’identité nationale aux enrôlés ; audit du fichier
électoral ; implication de tous les protagonistes dans la préparation des
listes électorales.
samedi 24 janvier 2015
La mise à nu du système judiciaire et pénitencier
Toute la soirée de vendredi à samedi, Nouakchott a vécu au rythme
d’événements singuliers et pour le moins inattendus survenus dans la prison
civile de Nouakchott.
Tout commence en fin d’après-midi quand des prisonniers salafistes
accrochent des gardes venus mater un sit-in qu’ils organisent depuis plus d’une
semaine. Ce sit-in visait à protester contre le maintien en détention de quatre
d’entre leurs amis dont la peine a expiré et que le Parquet refuse de libérer,
sans explications.
L’accrochage entre gardes et prisonniers prend l’ampleur d’une bataille
rangée qui voit les Salafistes prendre le dessus, avec le retrait des gardes
qui laissent derrière eux deux de leurs camarades qui deviennent alors des
otages aux mains des prisonniers. On tente dans un premier temps de couvrir la
mutinerie en utilisant la force. Mais très vite, les autorités se rendent
compte qu’il est trop tard. Les Salafistes, bien organisés et ayant les moyens
technologiques de faire participer l’extérieur au déroulement des événements,
ont déjà envoyé les images des deux otages à l’extérieur.
Sans scrupules, la plupart des moyens d’informations privés –
télévisions et sites électroniques – publient immédiatement les photos.
L’alerte est donnée. Les événements se déroulent alors en direct de la prison
de Nouakchott.
C’est un peu avant minuit que preneurs d’otages et autorités arrivent à
un accord : les quatre prisonniers salafistes sont libérés en échange de
la libération des otages. Une honte à double niveau.
D’abord au niveau de l’éthique : voilà des prisonniers dont la
peine a expiré et qu’on maintient malgré cela en prison. Une habitude qui
relève de la normalité de l’excès d’autorité dont font preuve les hommes du
Parquet. Il suffit de faire la liste de tous les prisonniers dont la peine a
expiré et qui sont maintenus malgré cela en détention. Paresse ou
insouciance ? probablement les deux à la fois.
Ensuite au niveau sécuritaire : voilà que des prisonniers qui plus
est salafistes peuvent prendre en otage des gardes en plein Nouakchott. On est
loin, très loin, du zéro risque qu’on espérait avoir approché avec toutes les
réussites en matière sécuritaire.
L’action de ces dernières vingt-quatre heures met effectivement à nu le
système judiciaire en étalant sur la place publique ses défaillances, son
incohérence et sa mauvaise foi. Défaillances, incohérence et mauvaise foi sont
à la source de l’arbitraire exercé au quotidien contre toutes les victimes qui
ne comptent (ou décomptent pas).
Elle a mit à nu aussi les insuffisances du système pénitencier qui finit
par vivre sur le compte des prisonniers qui, eux, ont tout loisir à se
comporter comme ils veulent. Sinon comment expliquer la présence de téléphone
de grande qualité dans la prison ? et les armes blanches, s’il y en a
eu ? et cette bonhomie qui caractérise les relations entre prisonniers et geôliers ?
que dire aussi de ces prisonniers fraichement rapatriés de la prison du désert
qui les isolait et qui prouvent qu’ils ont la possibilité de continuer à agir
et à recruter ? où en sont les ONG qui reprochaient aux autorités de les
avoir isolés ?
Les prisonniers salafistes dont la peine a été consommée et qui ont
finalement été libérés à la suite de cette action violente sont :
1.
Tiyib Ould
Salek, arrêté en 2005. Il était accusé d’abord de participation à l’opération
de Lemghayti qui a coûté la vie à 17 de nos vaillants soldats. Il a été ensuite
jugé pour avoir reçu de l’argent de l’extérieur en vue d’organiser des actions
terroristes et d’avoir recruté à cet effet. Il est accusé d’appartenir à une
filière internationale, c’est pourquoi les services espagnols ont demandé à
l’interroger dans le cadre de l’enquête sur les attentats de Madrid le 11 mars
2004.
2.
Mohamed
Said Ould Moulaye Eli accusé d’avoir participé à plusieurs actions d’Al Qaeda
au Maghreb Islamique (AQMI). Il a été appréhendé puis jugé en Algérie où il a
écopé de trois ans fermes. Remis à la Mauritanie, il a été condamné à deux ans.
Sa peine a expiré le 15 de ce mois.
3.
Taleb Ould
Hmednah, recherché pour appartenance à AQMI, il a été arrêté au Sénégal puis
remis à la Mauritanie. Il a été jugé et condamné à cinq ans de prison. Son
frère Abdel Kader a été tué au Mali au cours de l’offensive française de 2013.
Sa peine a pris fin il y a deux mois environ.
Mohamed el Hafedh alias Jouleybib qui fait partie de
ceux qui ont bénéficié de l’amnistie faisant suite au dialogue de 2010. Il est
vite repris et accusé de recruter pour le compte d’AQMI. Il est condamné à cinq
ans avant de faire appel, ce qui lui permet de réduire sa peine à trois ans qui
ont pris fin ce vendredi, le jour de la mutinerie.vendredi 23 janvier 2015
Le cas Ould Sellahi
Les mémoires du célèbre prisonnier Mohamedou Ould Sellahi sont parues
cette semaine sous le tire de «Carnets de Guantanamo». Premier du genre,
ce livre retrace l’expérience douloureuse de notre compatriote, torturé par la
police de son pays, parfois sous la supervision des agents du FBI et de la CIA,
avant d’être livré par les autorités aux Américains qui ont dû être
convaincus de l’utilité pour eux d’accepter ce cadeau.
Nous sommes en octobre 2001 quand le jeune ingénieur Mohamedou Ould
Sellahi est arrêté par la police politique mauritanienne pour une deuxième
fois. Cette fois-ci, alors qu’il participait à une réunion tribal qui préparait
l’une des visites carnavalesques du Président Moawiya Ould Taya à l’intérieur
du pays.
La première fois, ce fut au lendemain de son retour de l’extérieur où il
avait pourtant été longuement interrogé par les polices du Canada et de
l’Allemagne sur son implication éventuelle dans la préparation des attentats du
11 septembre 2001. Toutes les polices du monde avaient fini par le laisser
tranquillement rentrer chez lui. Mais ici, il arrivait à un moment où le
pouvoir cherchait à tout prix à trouver des excroissances aux réseaux
terroristes pour justifier l’autoritarisme qui occasionnait des répressions
périodiques contre telle ou telle mouvances.
C’est en août 2002 que Ould Sellahi est remis aux Américains et c’est
seulement en octobre de la même année qu’il arrive à Guantanamo. Où a-t-il été
quand il a quitté la Mauritanie, et surtout comment les Mauritaniens ont-ils
convaincus les Américains de le prendre avec eux ? Selon lui, il a fait un
séjour en Jordanie et un autre en Afghanistan avant d’être à Guantanamo.
Une première tentative a vu venir à Nouakchott des éléments du FBI qui
ont participé à l’interrogatoire de Ould Sellahi par la police. Un
interrogatoire où l’utilisation de la torture a été systématique chaque fois
que le prisonnier semblait ne pas vouloir collaborer. En présence ou non des
agents américains, les policiers ont longuement interrogés Ould Sellahi. Sans
résultat apparemment parce que les agents du FBI repartiront sans être
convaincus par les révélations.
Puis vinrent des agents, probablement de la CIA, habitués eux aux
méthodes des polices arabes et musulmanes en général. Ce sont eux qui
finalement accepteront d’amener Mohamedou Ould Sellahi.
Agé de 32 ans à l’époque, Mohamedou Ould Sellahi semble avoir été
contraint à collaborer dans un premier temps. Ses mémoires nous diront jusqu’à
quel niveau il a pu tenir.
Douze ans après les événements, le voilà qui consigne son expérience dans
des carnets qu’il publie dans vingt pays. Tous les droits ont été donnés au
journal The Guardian qui a d’ailleurs publié des extraits du journal
intime de notre compatriote.
Nous ne savons pas pour notre part combien de passages sont réservés à
la partie mauritanienne de sa mésaventure qui a tourné au drame. Séparé de sa
famille, notamment de son épouse palestinienne et de son enfant vivant depuis
en Allemagne sur le compte de compatriotes amis, puis de sa famille
mauritanienne, il apprendra la mort de sa mère à laquelle il vouait un grand
amour, alors qu’il est retenu contre son gré dans la prison américaine de
Guantanamo.
Reste pour nous le droit de demander des explications aux autorités de
l’époque : au Président de la République, au Premier ministre, au ministre
de l’intérieur, au directeur général de la police, au directeur de la police
politique… Pourquoi avoir livré un compatriote aux Américains, même s’il était
demandé par eux ?
Et si réponse il y a, ils devront rendre compte de ce
qu’ils lui ont fait subir de tortures et de mauvais traitements. Il faut que
quelqu’un paye et il en est temps. jeudi 22 janvier 2015
L’enlisement au Mali ?
Il ne se passe plus un jour sans que les régions du Nord malien ne
soient le théâtre d’affrontements entre les forces multinationales et maliennes
d’une part et les Jihadistes d’autre part. La carte des préoccupations dans cette
région est en train de changer. Avec de moins en moins de premier rôle pour les
organisations connues comme le MUJAO (mouvement pour le Jihad en Afrique de
l’Ouest), les Mourabitounes (mouvement créé pour unifier les segments AQMI sous
un même commandement, celui de Mokhtar Belmokhtar alias Belawar), Ançar Eddine
du dirigeant touareg Iyad Ag Ghali…, de moins en moins de rôle aussi pour les
mouvements rebelles qui ne finissent pas de se reconstituer, de s’unir et de se
désunir. Ce qui complique la lisibilité de la situation : on ne sait plus
qui est qui et qui veut quoi. Les commentaires malveillants et l’intoxication à
travers la presse faisant le reste.
De nouveaux mouvements sont en construction. Ils épousent souvent les
contours d’une ethnicité qui ne dit pas son nom. Les agresseurs de Nampala et
ailleurs sont pour la plupart des Peulhs. Jusqu’à présent cette composante
ethnique du Nord n’occupe pas de place prépondérante dans le dialogue
intercommunautaire d’Alger. Alors que les prédicateurs radicaux ont trouvé dans
cette exclusion de fait un motif et une justification pour recruter au sein de
cette composante importante de cet espace. On y pensera quand on se rappellera
que, comme les Bidhânes et les Touaregs du Nord, les Peulhs ont leurs ramifications
sociologiques partout en Afrique de l’Ouest. Que partout où ils sont, ils
vivent une marginalisation plus ou moins avérée. Que les raisons de les pousser
dans les bras du radicalisme sont d’autant plus fortes qu’ils sont
naturellement un peuple religieux, fier d’avoir été l’élément essentiel de la
propagation de l’Islam au sud du Sahara.
Toutes les missions internationales – celle de l’ONU (MINUSMA) et celle
de l’Union Africaine (MISMA) – reconnaissent désormais l’ambigüité de la
situation et la difficulté à trouver des solutions et à rétablir l’ordre.
L’une des grandes difficultés reste l’absence de l’Etat malien et son
incapacité à étendre son autorité sur le Septentrional comme on dit là-bas. La
présence de troupes étrangères ne peut être envisagée indéfiniment car elle est
déjà assimilée à une force d’occupation. D’autant plus que personne ne peut
assurer l’intégrité territoriale du Mali en dehors de ses fils. Personne non
plus ne peut trouver de solutions aux problèmes posés en dehors
d’eux-mêmes.
Dans une déclaration faite aujourd’hui, Pierre Buyoya, le chef de la
MISMA a invité à la mutualisation des efforts car aucun pays du Sahel,
ne peut réussir seul à combattre le terrorisme et ses ramifications
transfrontalières.
Selon les termes du communiqué rendu public par
son bureau, «cette mise en commun des moyens devrait se faire à travers une
pleine appropriation par les pays concernés du Processus de Nouakchott dont l’objectif est le
renforcement de la coopération en matière de sécurité entre les pays du Sahel
et l’opérationnalisation de l’Architecture africaine de paix et de sécurité
(APSA) dans la région sahélo-saharienne».
C’est dans ce cadre qu’il faut envisager le passage à
l’acte par «la mise en place d’une force régionale d’intervention rapide au
Nord du Mali, des patrouilles conjointes aux frontières et une force
multinationale pour faire face à Boko Haram»La reprise des pourparlers d’Alger s’annonce difficile et l’accord qui peut en découler restera fragile tant que toutes les problématiques de la région ne sont pas prises en compte.
mercredi 21 janvier 2015
Transparence et développement en Afrique
L’événement était de taille : une conférence internationale sur la
transparence en Afrique dans un pays classé très bas dans la perception de
l’indice de corruption et dans le classement annuel publié par Transparency
International. C’est que lors de sa visite en Mauritanie en décembre dernier,
Peter Eigen, président de TI avait été subjugué par le dispositif mis en place
par notre pays pour lutter contre la corruption et la mauvaise gouvernance en général.
Le rapport qui sortait la semaine de sa visite, et qui plaçait la Mauritanie à
la 122ème place ne l’avait pas empêché de provoquer cette réunion
internationale sur terre mauritanienne.
Sous le thème «Transparence et développement en Afrique», la rencontre
a finalement réuni les experts de tous horizons : institutions
internationales (TI, Banque Mondiale, Union Européenne, Union Africaine,
PNUD…), organisations de la société civile locales et régionales et les
représentants de gouvernements. En fait ce qui fait la fameuse triptyque du «Triangle
magique» tel que défini par Peter Eigen.
Après deux jours de discussions ouvertes, les participants ont convenu
de «la nécessité urgente et permanente d'accélérer
les progrès dans la lutte contre la corruption, le blanchiment d'argent,
l'évasion fiscale et toutes les autres formes de flux financiers illicites, à
travers des approches globales et stratégiques à long terme». Relevant que «l'Afrique est dotée d'une richesse de ressources naturelles,
dont le pétrole et le gaz, les mines ainsi que les ressources marines». Malgré cela, notre continent vit
toutes ces misères qui n’expriment en rien ses potentialités. Pourtant, «avec une bonne gouvernance à tous les niveaux, ces
ressources naturelles peuvent transformer les vies de millions de citoyens
africains des générations actuelles et futures. Avec une bonne gouvernance, les ressources naturelles
peuvent permettre à nos Etats de créer des emplois, dynamiser la croissance
économique, réduire la pauvreté et les inégalités, accroître l'intégration
sociale et favoriser le développement durable».
Dans le texte intitulé «Déclaration
de Nouakchott», les participants ont appelé
«à soutenir et à suivre l’engagement du gouvernement de la
Mauritanie, qui assure actuellement la présidence de l’Union Africaine». Notamment «à encourager la gestion efficace et transparente
des ressources publiques par des institutions fortes et fonctionnelles, une
fonction publique professionnelle et efficace, ainsi que des politiques saines
de gestion budgétaire et de passation de marchés et l'utilisation des nouvelles
technologies et des instruments pour la publication et l'analyse des données
fiscales». Ensuite «promouvoir
et renforcer la coopération et le dialogue entre les gouvernements, la société
civile et le secteur privé, afin de construire le consensus politique et la
compréhension qui sera nécessaire à prévenir et éradiquer la corruption, le
blanchiment d'argent, et les flux financiers illicites.»
Sans oublier d’appeler à «réaffirmer davantage
le soutien pour les efforts des pays membres de l'Union africaine pour
récupérer et restituer les avoirs volés, à refuser un havre de sécurité aux
recettes de la corruption, à mettre en place les principales conventions
régionales et internationales de lutte contre la corruption par leurs
engagements internationaux de recouvrement des avoirs, et à initier les
procédures internes contre les agents corrompus y compris le recouvrement des
avoirs volés».
La conscience aigue de l’utilité des médias amène
les participants à «soutenir la liberté de, et l'accès à l’information, un
principe qui est vital à la promotion de l'ouverture et la redevabilité dans la
politique public et la passation des marchés, et à permettre à la société
civile, y compris les médias, à aider à prévenir et lutter contre la corruption
et ses infractions principales».
Les participants ont
déclaré s’être réunis à l'invitation de Mohamed
OULD ABDEL AZIZ, Président de la République Islamique de Mauritanie,
et Président en exercice de l'Union africaine, avec le soutien de la Banque
africaine de développement, l'Union européenne, Deutsche Gesellschaftfür
Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH, Transparency International (TI), le
Programme des Nations Unies pour le Développement, et la Banque mondiale ;
provenant du secteur public, du secteur privé et de la société civile, et en
présence du chef d'État de Mauritanie, de représentants de plusieurs
gouvernements, et de hauts représentants des organisations internationales et
régionales.mardi 20 janvier 2015
Dialogue : la copie du gouvernement
Dans le papier remis par le Premier ministre au Secrétaire permanent du
FNDU, on note d’abord l’engagement de la Majorité à s’inscrire dans la
dynamique du dialogue constructif inclusif, en vue de créer «une atmosphère
politique apaisée». Partant de ce principe et «en vue de concrétiser sa
volonté d’ouverture, la Majorité déclare sa disponibilité à discuter les thèmes
suivants qui ont été soulevés par l’Opposition».
Thèmes à discuter : la
couverture par les médias publics des activités de l’Opposition, le
rétablissement de la confiance entre les deux pôles, l’arrêt de l’exclusion des
cadres et hommes d’affaires de l’Opposition («s’il s’en trouve»),
réorganisation du Conseil Constitutionnel, organisation de nouvelles élections
municipales et législatives consensuelles et recul des sénatoriales,
restructuration de la CENI, accord sur un calendrier électoral, réforme de la
Constitution pour lever la limitation d’âge pour la candidature aux
présidentielles, interdiction à l’Armée Nationale d’interférer dans la
politique, organisation d’élections présidentielles anticipées, redéfinir les
pouvoirs du Parlement et du Premier ministre, l’Unité nationale, la sécurité
publique et extérieure, la loi et la transparence dans la gestion des affaires
publiques, neutralité de l’administration, indépendance de la justice,
relations des partis au pouvoir avec l’administration et la redéfinition du
leadership de l’Opposition.
Le document conclut à la nécessité de discuter l’ensemble de ces
questions «dans le cadre d’un dialogue national consensuel auquel tous les
acteurs de l’espace politique national». Chacune des deux parties sera
conviée à désigner des représentants à ce dialogue.
Même si le document (en Arabe) précise qu’il répond à des doléances
écrites, nous n’avons pas connaissance d’un écrit autre que celui de la
proposition de Messaoud Ould Boulkheir. Or de nombreux points soulevés par le
document du Premier ministre ne figurent pas dans la proposition de Ould
Boulkheir. Notamment la question de l’organisation d’une élection
présidentielle anticipée, mais pas seulement. Alors ?
Dans sa copie, le Premier ministre s’est voulu exhaustif : il a
complété la proposition de Ould Boulkheir par toutes les demandes
antérieurement exprimées par l’Opposition, mais aussi par tout ce qui peut
l’intéresser. Les dix-huit points recouvrent effectivement le spectre
revendicatif de l’Opposition dans son ensemble. Cela pose plusieurs problèmes.
D’abord de quelle opposition parle-t-on quand on fixe les protagonistes
au nombre de DEUX ? Dans les documents on se suffit à désigner LE POUVOIR
et L’OPPOSITION comme les deux parties prenantes. Dans ce cas, le label
OPPOSITION désignera en même temps ceux de la CAP (Wiam, APP et Sawab) et ceux
du FNDU. Mais accepteront-ils d’être traités au même niveau, de désigner leurs
représentants d’un commun accord, de défendre les mêmes points de vue… ?
Même au sein du FNDU, les divergences sont évidentes et s’expliquent par
les différences dans les approches et dans les conduites. Si le parti Tawassoul
a participé aux dernières élections législatives, abandonnant ses compagnons de
la défunte Coordination de l’opposition démocratique (COD), c’est bien parce
que sa vision de l’avenir politique du pays et de son rôle sur l’échiquier est
différente des autres. Si l’Union des forces du progrès (UFP) doit payer le
prix du boycott qu’elle a adopté malgré de fortes réticences au sein des masses
populaires et même de l’élite dirigeante, c’est bien parce que la direction
historique s’est inscrite dans la logique d’autres composantes de la COD
comme le Rassemblement des forces démocratiques (RFD) de Ahmed Ould Daddah. Les
sentiments l’ont emporté à ce moment-là, mais la Raison a repris le dessus plus
tard.
Autant dire que la proposition du gouvernement peut paraitre comme une
manœuvre dans la mesure où l’on est sûr de côté qu’il sera difficile de trouver
un accord entre les acteurs de l’Opposition. Surtout si ceux-ci lisent la
proposition comme étant un moment de faiblesse, la conclusion est alors : «il
ne faut pas aider le pouvoir à sortir de ses problèmes, mais le laisser
s’empêtrer encore plus pour provoquer sa chute inéluctable». Cette
conclusion amène à refuser toute ouverture sur le vis-à-vis.
On peut cependant refuser en adoptant une attitude de
rejet pur et simple. C’est mortel et on le sait. On peut aussi faire des
contrepropositions impossibles à réaliser et dans ce cas faire croire à une
disponibilité qui n’est pas réelle mais qui a l’avantage de renvoyer la balle
ailleurs, loin de son camp.lundi 19 janvier 2015
Ould Mohamed Laghdaf revient
C’est sans doute l’information du jour : Dr Moulaye Ould Mohamed
Laghdaf, resté Premier ministre pendant plusieurs années (en fait d’août 2008 à
août 2014), revient aux premières loges en devenant Ministre secrétaire général
de la Présidence. Ce poste fut conçu pour coordonner l’action de tout
l’Exécutif et son occupant devait jouer le rôle d’interface entre la présidence
et le Premier ministère (ou le gouvernement). Mais la succession à ce poste de
personnages insignifiants lui a fait perdre son rôle et son poids. Au lieu
d’être perçu comme un Premier ministre bis, le secrétaire général de la
Présidence a fini par devenir un conseiller si ce n’est un attaché de cabinet
de plus à la Présidence. La nomination de Moulaye Ould Mohamed Laghdaf
peut-elle signifier une réhabilitation du poste ?
Homme de confiance qui a su (ou pu) accompagner Ould Abdel Aziz aux
moments difficiles, Ould Mohamed Laghdaf a été chargé de superviser le dialogue
politique qui a fini par ne concerner que la Coalition pour une Alternance
Pacifique (CAP formée par l’APP de Messaoud Ould Boulkheir, Wiam de Boydiel
Ould Hoummoid et Sawab de Abdessalam Ould Horma). Avec cette expérience, Ould
Mohamed Laghdaf est pressenti par certains observateurs comme le futur
vis-à-vis de l’opposition dans le dialogue attendu. Même si l’enclenchement de
ce dialogue a été du fait du Premier ministre actuel, Yahya Ould Hademine qui a
déjà remis une proposition de thèmes au secrétaire permanent du Forum national
pour la démocratie et l’unité (FNDU). Cette feuille de route est le
deuxième acte d’un processus dont on ne voit pas clairement le déroulement.
Tout commence par une énième proposition de dialogue élaborée par le
président Messaoud Ould Boulkheir. Après quelques rencontres avec le Président
de la République d’une part et les leaders les plus en vue de l’opposition
d’autre part, Ould Boulkheir consigne ses propositions dans un document qu’il
fait parvenir aux autorités.
La proposition de Ould Boulkheir s’étale sur quatre étapes dont la
première consiste en une rencontre préliminaire entre le Président de la
République et les leaders de l’opposition, «à sa convenance, ensemble ou
individuellement». L’objectif est de «les rassurer quant à sa volonté
sincère d’échanger avec eux sur tous les problèmes majeurs du pays dans le but
d’aboutir, ensemble, à des résultats qui garantiront au pays une transition
consensuelle, rassurante, paisible, civilisée et démocratique». A ce stade,
les rencontres «valent également déclaration solennelle d’intention et
engagement des deux parties à accepter et à respecter les clauses»
énumérées ensuite.
Engagements : ne pas
recourir à la violence pour changer le pouvoir, ne pas remettre en cause la
limitation des mandats présidentiels, ne pas soutenir un successeur désigné,
adapter la législation et la réglementation en vigueur «pour prémunir le
pays contre les dérapages et les extrémismes de toute nature susceptibles de
porter atteinte à l’unité et à la sécurité du pays» (?), promouvoir une
administration «au service de tous» loin des jeux politiques et «une
justice pour tous, indépendante et crédible», restructurer la CENI et le
Conseil Constitutionnel «sur les seuls critères de la compétence et de
l’intégrité», couper les liens entre les partis soutiens du Président de la
République et l’administration, reconsidérer le leadership de l’Opposition
démocratique (Statut de l’Opposition), «interdire par tous les moyens légaux
et réglementaires l’implication de l’Armée Nationale dans les activités
politiques autres que le droit de vote universel», amender la Constitution
pour «supprimer la limitation de l’âge des candidats aux présidentielles, y
définir et y changer le mode de désignation des membres du Conseil
Constitutionnel», pour finir par proposer «l’organisation de nouvelles
élections municipales et législatives inclusives et le report des élections
sénatoriales en vue d’y rendre possible la participation la plus large».
Les deux parties désignent alors leurs représentants aux négociations
formelles qui devront se tenir «à l’abri des médias». Suivra ensuite
l’ouverture officielle et solennelle et la dernière étape qui est celle de la
mise en œuvre des termes de l’accord.
Le papier est daté du 7 janvier 2015. La
réponse viendra le 14 janvier sous forme de feuille de route remise de
main à main par le Premier ministre Yahya Ould Hademine au Secrétaire permanent
du FNDU, Mohamed Val Ould Bellal (voir le posting prochain).dimanche 18 janvier 2015
Dommage collatéral
Le
maire de Villiers-sur-Marne a décidé de déprogrammer le film Timbuktu de
notre compatriote Abderrahmane Sissako. Pour lui, cette œuvre qui vient d’être
nominé pour l’Oscar du meilleur film étranger fait l’apologie du terrorisme.
Alors que le film est le premier acte de combat contre l’obscurantisme et
contre l’idéologie qui soutient et justifie l’exercice de la violence en terre
d’Islam et ailleurs. C’est la preuve de cette folie qui prend l’élite bienpensante
du pays qui a vu naitre la philosophie des Lumières. On ne sait plus distinguer
la bonne graine de l’ivraie, l’amalgame est l’exercice le mieux partagé au sein
de la classe dirigeante.
Le
Maire, devant l’énormité de sa décision, a dû revenir là-dessus en expliquant
au journal Le Monde que «compte
tenu des événements, et du fait que Hayat
Boumeddiene était originaire de Villiers, je ne voulais pas que
le sujet du film soit dévoyé et que les jeunes puissent prendre comme modèle
les djihadistes. Nous allons reprogrammer le film dans une quinzaine de
jours, et organiser un débat, avec des responsables des trois grandes
religions, des représentants d’associations, et pourquoi pas, s’ils le
souhaitent, des membres de l’équipe du film».
On peut rappeler la grande cabale suscitée par la
censure du film Exodus dans certains pays arabes et tout le tintamarre
produit par la presse occidentale autour de la question. Le film qui remanie
profondément l’Histoire pour ancrer l’idée du’ «Peuple errant» qui fonde
la victimisation chez les idéologues particulièrement du sionisme, a été jugé
une instrumentalisation, un usage de faux pour justifier les prétentions de
l’Etat hébreux sur les terres arabes, notamment la Palestine.
Pour revenir à Timbuktu, il faut signaler
que le réalisateur s’est abstenu de faire une déclaration à la presse locale,
préférant réserver ses paroles aux médias étrangers. Nous apprenons par une
dépêche de l’AFP que la nomination de son film est «un grand signe pour la Mauritanie et l’Afrique». Ajoutant
qu’il s’agit là de «la reconnaissance d’un travail accompli avec la passion
et l’engagement de femmes et d’hommes de différents pays unis pour défendre nos
valeurs universelles d’amour, de paix et de justice».
Pour lui ; le film défend les valeurs
universelles d’amour, de paix et de justice. On est loin, très loin de l’apologie
du terrorisme.samedi 17 janvier 2015
Qui marche, et pour aller où ?
Comme
dans de nombreuses villes du Monde islamique, Nouakchott a connu sa marche de
l’après prière du vendredi. A la suite de l’appel lancé par le Forum des Imams
et Ulémas proche de Tawassoul, l’Association des Ulémas, proche du pouvoir,
entre autres organisations islamiques, des milliers de Nouakchottois ont marché
pour dénoncer ce qu’ils considèrent être une offense fait à l’Islam et aux
Musulmans après la publication de nouvelles caricatures dans le numéro de
Charlie Hebdo et systématiquement reprise par les médias français et d’autres
médias internationaux.
La
marche s’est d’abord dirigée vers la présidence où l’attendait le locataire du
lieu entouré de ses principaux collaborateurs. Le discours était net et sans
ambages. Premier axe : la position par rapport aux caricatures, à leurs
auteurs, à leurs soutiens, à leur esprit. Deuxième axe : l’explication
personnelle par rapport à la présence sur les réseaux sociaux.
Pour
le deuxième axe, ce fut surtout l’occasion de démentir l’existence de comptes
facebook ou tweeter pour le Président de la République. On sait que depuis un
certain temps, des pages sont animées en son nom sur la toile. Sur ces pages
des positions ont été exprimées. La dernière d’entre elles, largement reprise
par la presse électronique, annonçait l’imminence d’une épuration au sein du
système financier mauritanien, quelques heures seulement avant les premiers
changements à la tête de la BCM, de la CDD et enfin du ministère des finances.
La déclaration du Président mettait un terme à de nombreuses supputations
données pour informations précises et analyses lumineuses autour
de soi-disant déclarations du Président Mohamed Ould Abdel Aziz sur ses pages.
Un mensonge de plus, entretenu depuis longtemps… on passe à un autre mensonge
que doivent préparer nos internautes. Sans commentaire.
«Je
ne suis pas Charlie, je ne suis pas Coulibaly». Explication de texte :
la première partie de l’affirmation permet au Président de se démarquer de
l’esprit et de la pratique de l’hebdomadaire français qui est rapidement revenu
à ses habitudes de stigmatisation et d’orientation contre l’Islam et le sacré
des Musulmans. La deuxième partie lui permet de revenir sur le combat mené par
le pays contre le terrorisme ces dernières années et de rappeler qu’il a
toujours considéré que la menace était globale et qu’elle trouvait justement sa
justification dans le ciblage systématique des Musulmans et de leur religion.
L’essentiel
étant d’expliquer l’absence à la marche internationale de Paris. «Je ne
soutiendrai jamais ce qui touche aux valeurs et au sacré des Musulmans».
Tous les présidents de pays musulmans ayant participé à la manifestation de
Paris ont dû au moins s’expliquer devant leurs opinions publiques. Autant, la
solidarité avec la France est exigible à la suite de cet assassinat, autant il
leur était préjudiciable de se retrouver dans une marche où les caricatures du
Prophète Mohammad (PSL) étaient brandies en signe de victoire.
Si
la Mauritanie a marché dans le calme, d’autres pays ont manifesté violemment
leur hostilité à la France. C’est le cas, en Afrique, du Niger où les
manifestants s’en sont pris malheureusement à des églises et à leurs
compatriotes de confession chrétienne. Qui est responsable de ces morts ?
D’abord ceux qui ont tenu à poursuivre l’œuvre jugée blasphématoire provoquant
ainsi l’ire de près de deux milliards de Musulmans à travers le monde.
Qui
est responsable de cette hostilité envers la France ? Ceux qui tiennent
encore à en rester à faire des amalgames entre des brebis galeuses, perdues
pour tous, et les adeptes d’une religion monothéiste qui a tant donné à
l’Humanité.
Quand
on décidera en France de parler des causes profondes de l’existence des
loups solitaires et autres groupes terroristes, de passer à l’après 11
janvier, on comprendra et on corrigera peut-être. Les problèmes d’intégration,
de ghettoïsation, d’exclusion, de stigmatisation et d’injustice dont la moindre
manifestation n’est pas cette situation où l’antisémitisme est combattu par des
lois dangereuses pour le principe sacré de la liberté d’expression, alors que
l’islamophobie est toléré sur la place publique.
J’ai entendu une jeune élève dire : «Quand on
s’attaque aux homosexuels, on crie à l’homophobie ; quand on parle des
Juifs on crie à l’antisémitisme ; quand on attaque l’Islam, on parle de
liberté d’expression». Vue d’ici, la réalité est celle-là.
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