L’émir de la Katiba Tarek Ibn Zeyad,
Abdel Hamid Abu Zeyd est bien mort. Vraisemblablement dans un raid aérien de l’Armée
française. Mais c’est le Tchad qui a eu droit à crier victoire, une façon pour
ce pays de compenser les lourdes pertes au sein de ses effectifs. C’est cette
explication qui est retenue officieusement. Et si c’était autre chose ? Et
si les avions français avaient bombardé «une colonne de terroristes» ignorant
qu’il n’y avait pas que les combattants de AQMI ? Il n’y aurait pas d’autre
choix pour eux que laisser passer le temps et se répandre le doute sur les
conditions de destruction de la colonne.
Qu’en est-il de Belawar ? On fait
circuler une photo qui serait celle de l’émir de la Katiba «El Moulathamoune»
devenue «les signataires par le sang». Un guide de l’Armée tchadienne aurait
formellement reconnu le corps de Belawar. Mais tout concourt à ne pas croire à
sa mort.
D’abord, il s’agit d’un Emir qui plus
est trafiquant notoire et peu porté sur les combats et le sacrifice de sa vie. Abu
Zeyd est le chef d’une unité combattante et a dirigé quelques batailles dont
celle de Djabali qui lui a permis d’occuper cette ville alors que l’Armée
française était déjà passée à l’action. La seule bataille que Belawar a dirigé
jusqu’au bout, est celle de Lemghayti en juin 2005. Il a par contre des hommes
qui sont prêts à mourir pour lui et qui le protègent. Ses relations, tissées
pendant de longues années de trafics de tous genres aux frontières des pays du
champ, lui permettent de se mouvoir sans être forcément répéré par les armées
officielles.
L’intervention française a coûté cher aux
Jihadistes qui ont perdu des centaines d’hommes et une grande partie de leur
matériel de guerre amassé ces dernières années. C’est ce qui explique les
déchirements que le mouvement Ançar Eddine vit depuis la forte réaction
française et africaine qui fait suite à l’offensive lancée vers le sud par le
mouvement et ses alliés jihadistes, offensive qui a pris la forme d’une
provocation de la communauté internationale.
Rappelons que la Katiba «Tarik Ibn
Zeyad» est responsable de l’attaque de Tourine le 15 septembre 2008. En plein
ramadan, la brigade de Abu Zeyd tue, décapite et mine les corps de 12
Mauritaniens en plein territoire mauritanien. C’est son groupe qui a enlevé les
deux Italiens en décembre 2009.
L’assassinat des Français à Aleg, l’enlèvement
des Espagnols, les projets d’attentats à Nouakchott, celle d’établissement à
Wagadu, l’attaque de Lemghayti… sont le fait de la Katiba de Belawar. L’attaque
de Bassiknou, en 2011, est le résultat d’un regroupement de toutes les forces
de AQMI sous le commandement de Nabil Makhloufi, avec la participation directe
de Abul Hamam, celui qui allait devenir l’Emir du Sahara, et d’éléments envoyés
par Abu Zeyd et Belawar.
Ce ne sont pas des enfants de chœur,
mais ils savent se replier devant les contre-attaques quand elles sont
efficaces et déterminées. Ce fut le cas des campagnes de l’Armée mauritanienne
en 2010 et 2011. Depuis, la peur a changé de camp.
Quoi qu’il en soit, la guerre continue
avec moins de risques de dommages collatéraux car les Jihadistes se sont
réfugiés dans des zones reculées et inhabitées. L’un des plus grands risques
pour la France et ses alliés, c’est de laisser l’Armée malienne sévir contre
les populations. A ce moment, l’hostilité des populations locales sera tel qu’il
sera difficile de se préserver des attaques fulgurantes des groupes armés.
Il va
falloir aussi trouver un rôle pour les pays du champ – Algérie, Mauritanie et
Niger – afin de les obliger à s’impliquer d’avantage pour garantir la
stabilisation et la sécurisation de la zone sahélo-saharienne.