Encore
une fois, le Président Mohamed Ould Abdel Aziz se dit prêt à ouvrir un
dialogue. Au cours de son discours de lancement de la cinquième édition du
festival des Villes anciennes qui se tient cette année à Chinguitty, le
Président Ould Abdel Aziz a déclaré :
«Nous avons déclaré au cours du discours
d'investiture du nouveau mandat présidentiel notre constante disponibilité à
rester ouvert au dialogue avec toutes les composantes nationales parce que nous
sommes convaincus de la nécessité de la participation de tous à l'œuvre de
construction nationale. A cette importante occasion, je renouvelle notre
entière disposition pour l'instauration d'un dialogue inclusif pour la
réalisation des intérêts suprêmes de la nation».
L’occasion n’est pas traditionnellement consacrée
à faire des déclarations du genre. Elle a toujours été celle de discourir sur
le passé riche du pays qu’on tente de restaurer à travers la revivification des
centres culturels que furent les villes anciennes. L’appel est donc solennel
dans sa forme. Il l’est aussi dans son fonds parce qu’il ne revient pas sur les
procès d’intention des uns et des autres et qu’il demande un dialogue INCLUSIF,
un qualificatif que les autorités ont toujours évité d’utiliser parce que
faisant référence aux périodes de crise précédant l’Accord de Dakar.
La question qui se pose aujourd’hui est de savoir
comment les autres parties vont-elles réagir et aller au-delà des premières réactions.
D’abord le Forum national pour la
démocratie et l’unité (FNDU) qui rassemble l’opposition radicale dont la
majorité des formations avait boycotté les derniers scrutins. Le FNDU va-t-il
saisir l’opportunité ouverte ainsi pour présenter de nouvelles propositions ou
va-t-il s’en tenir à sa position traditionnellement exprimée et qui met en
doute d’avance tout ce que le pouvoir propose ?
Il est difficile d’envisager, alors que le FNDU
est dirigé par le RFD de Ahmed Ould Daddah, autre réponse que le rejet sous
prétexte que la confiance n’y est pas. On peut alors invoquer toutes les fois
où ces forces politiques sont allées au dialogue sans en récolter les
dividendes. Situant la responsabilité du seul côté du Pouvoir.
Mais il est probable par ailleurs que la
recherche d’un compromis politique l’emporte surtout qu’au sein du FNDU, il
existe bel et bien un courant ou plusieurs courants dont la stratégie ne peut
rester celle de la chaise vide.
D’abord Tawassoul qui a participé aux élections
législatives et municipales et qui a désormais la direction de l’Institution de
l’Opposition Démocratique dont elle peut faire un cadre de convergence et un
outil de compromis. La logique de Tawassoul est de participer en attendant
l’échéance 2019 qu’il faut dès à présent préparer.
Il y a ensuite tout le groupe des anciens
Gauchistes qu’on retrouve soit au sein de l’Union des forces du progrès (UFP),
soit au sein de Moussa Fall. Ce
groupe a une doctrine politique basée sur la participation au jeu pour s’ouvrir
les portes de l’implication dans l’exercice du pouvoir en vue «du changement
de l’intérieur». Il se retrouve aujourd’hui, à cause du boycott, à la marge
du jeu. Plus grave pour ses militants emblématiques, son destin est désormais
lié à celui de Ahmed Ould Daddah qui est aux antipodes du modèle de leadership
conçu et bâti sur des décennies d’histoire politique par la littérature
militante des Kaidhines et du Mouvement national démocratique (MND) dont sont
issues les troupes de ce groupe.
Il y a enfin tous les snipers politiques, les
électrons libres, anciens hauts cadres de l’administration PRDSienne pour la
plupart, ceux-là ne peuvent se laisser confiner dans des rôles d’opposants,
même si cela leur permet de se blanchir et de faire oublier leur participation
active au pillage systématique des ressources et à la corruption du processus
démocratique. Ils cherchent chacun, une courroie, une fenêtre, une passe où
s’engouffrer. La situation actuelle ne peut perdurer pour eux.
Il est temps pour tous d’exprimer un
positionnement clair et conforme à la réalité sociopolitique du pays, prenant
en compte aussi les rapports de force et les capacités de chacun à atteindre
ses objectifs.
En réalité les attelages qui existent – à
commencer par le FNDU – ne répondent pas à une logique politique, idéologique
et même stratégique partagée. C’est pourquoi, le comportement est celui qu’on
connait. Et c’est pourquoi le résultat est celui qu’on voit. Pas besoin d’en
dire plus.