Les choses donnent l’impression de s’accélérer,
mais seulement l’impression. Le tout nouveau Forum national pour la démocratie
et l’unité (FNDU, cela rappelle-t-il quelque chose ?) rend public la
composition de ses comités dirigeants. Visiblement on a essayé de mettre en «backoffice»
les dirigeants politiques symboliques, surtout ceux de l’opposition «traditionnelle».
Du coup, le gros de la troupe fait partie d’un sérail bien connu des
Mauritaniens. Trois catégories de gens : 1. Quelques deux ou trois
personnes qui ont toujours cherché à jouer les «indépendants» et qui
bénéficient encore d’une certaine confiance dans les milieux intellectuels ;
2. Quelques-uns – un peu plus que les premiers – de cadres de partis ou
syndicats partisans connus ; 3. La majorité est composée de caciques du
PRDS, voire du PPM (parti du peuple mauritanien des années 70).
Il est vrai que la personnalité du président du
FNDU peut faire passer le reste, mais il est impossible de ne pas remarquer la
forte remontée sur la scène du groupe des «Kadihines», et qui n’en sont
pas véritablement, mais c’est comme ça qu’on doit appeler tous ceux qui ont manœuvré
la politique des décennies durant en manipulant les gouvernants…
Sitôt composé, la direction a tenu une conférence
de presse au sortir de laquelle, le président Cheikh Sid’Ahmed Ould Babamine a
été reçu par le Premier ministre pour discuter de la suite à donner au dialogue
entamé individuellement avec les partis. L’avantage d’une telle rencontre, c’est
qu’elle se déroule autour de propositions plus ou moins concrètes, en tout cas
susceptibles d’être à la base d’un dialogue. C’est probablement le temps qui va
manquer aux protagonistes.
En effet, nous sommes déjà à moins de trois mois
du premier tour de la présidentielle. Les délais sont incompressibles parce qu’ils
sont «constitutionnels». Il va falloir donc ne pas tergiverser et
engager rapidement le processus. Il ne faut pas s’attarder sur les formes parce
que le dialogue envisagé ne prendra jamais la forme de celui de 2011-2012. Ce renoncement
à la forme doit s’accompagner de prédispositions à accepter d’abandonner les positions
figées sur des questions qui n’apportent pas réellement un plus aux conditions
renforçant la régularité du scrutin et la confiance de l’électeur.
Un gouvernement d’union ou d’ouverture (ou de
consensus) n’a aucune incidence sur le processus électoral. C’est la CENI qu’il
va falloir renforcer pour lui permettre d’exercer entièrement ses prérogatives.
Faire attention à ne pas chercher vers un montage partisan car une CENI
partisane comporte des risques alors qu’elle ne garantit aucune loyauté. L’expérience
de 2009 nous enseigne là-dessus : quand le président de la CENI, proche du
RFD, a démissionné, aucun des représentants de ce parti ne l’a suivi. A rappeler
aussi qu’aucun des ministres des deux pôles de l’opposition n’a non plus
démission quand leurs partis ont dénoncé
le déroulement des événements.
Reste à concevoir un package qui comprendra l’avant
et l’après, y compris la dissolution du Parlement et des municipalités. Pour une
fois, nos politiques doivent penser loin et agir vite. Ce sont là des qualités
qu’il faut avoir en politique.