Hier, jeudi 31 octobre, plusieurs associations et regroupements de
la presse mauritanienne ont été conviés par la HAPA en vue de discuter et de
signer un pacte d’honneur, une sorte de déclaration sur l’honneur en vue de
couvrir dans les limites «professionnelles» les élections futures. Comme
tout pacte de ce genre, le document qui se veut le résultat d’un consensus
entre les différentes organisations syndicales de presse, indique quelques
principes majeurs :
- Le refus de publier tout ce qui
peut altérer les valeurs islamiques et l’unité nationale.
- Le refus d’altérer l’honneur,
les biens et la liberté des individus, tout en respectant le pluralisme
dans les idées et dans les orientations intellectuelles.
- Le respect du droit du citoyen
à avoir l’information et à s’exprimer en toute liberté.
- La différentiation entre l’information
et la publicité.
- Le refus de publier tout ce qui
menace la sécurité publique, la cohésion nationale et l’intégrité
territoriale.
- L’éloignement des discours qui
incitent à la division, à la haine et aux conflits personnels.
- Stricte observation de la
neutralité et de l’égalité entre les candidats durant toute la campagne
électorale.
Les signataires ont déclaré leur engagement quant au respect des
principes démocratiques, le droit à la différence, insistant sur le souci de
renforcer le pluralisme et la liberté en prenant en considération l’intérêt
général du pays. Pour le suivi de tels engagements, les signataires ont
constitué une commission chargée de suivre le respect de ces engagements et la
coordination avec la HAPA et les parties prenantes. Ils s’engagent à faire la
publicité de ce document auprès des intervenants politiques et de leurs
adhérents.
Ce n’est pas le premier engagement du genre. Ce ne sera pas le
dernier. C’est pourquoi, il importait de mettre en place une procédure
répressive car il n’est vain de croire que le seul engagement sur l’honneur
dans un pays où rares sont ceux qui se sentent engagés par ce qu’ils disent,
écrivent ou signent.
Quant à faire la différence entre la propagande (publicité pour tel
ou tel candidat, telle ou telle posture), il y a encore à faire plus qu’une
déclaration d’intention. Il y a des sites, journaux et autres moyens d’information
(TV et radios) qui sont les outils de partis reconnus. Il n’y a aucune honte à
cela, mais il est impossible de leur faire respecter les limites élémentaires
de la neutralité. Ils donneront la parole plus aux uns qu’aux autres, mettront
à nu plus les uns que les autres, couvriront (dans tous les sens) les uns plus
que les autres… Que peut faire la commission de suivi ?
Il y a pire : tous ces organes de presse qui ne vérifient
jamais les informations, qui ne les démentissent jamais quand il est avéré que
ce qu’ils ont écrit est faux, qui ne s’abstiennent jamais de faire les
commentaires les plus excessifs sur les uns et les autres, de répercuter les
communiqués les plus sectaires, les plus virulents et les plus menaçants pour «l’unité
nationale» et la «sécurité publique», genre ces communiqués signés
au nom de tribus et qui remplissent nos rédactions en ces jours de
pré-élections.
Quand un mouvement se pose en défenseur d’une cause
(anti-esclavagiste par exemple), il ne peut être taxé d’«antinational»
ou de «menace pour l’unité nationale» quelle que soit par ailleurs sa
méthode. Parce qu’il participe, de manière radicale ou non, à l’établissement d’un
dialogue autour d’une question d’intérêt public, une question centrale dans le
devenir du pays. Mais quand un individu ou un groupe d’individus bougent au nom
d’une tribu donnée et expriment par là les velléités de cette tribu, cette
expression entre forcément en contradiction avec cette volonté de créer un Etat
où toutes les différences de naissance doivent disparaitre. Elle est donc en
opposition à ce que nous avons choisi d’être : des citoyens d’un Etat
unitaire, égalitaire et équitable pour tous.
Il fallait discuter, le temps qu’il faut, de ces principes et de ce
qu’ils recouvrent. Il ne suffit pas d’appeler les représentants des syndicats
et regroupements, leur faire signer un document plein de bonnes intentions et
lui faire la publicité pour avoir une presse qui respecte les faits et le
public, qui refuse le faux et la manipulation, qui veut l’indépendance
financière et l’autonomie politique… Non ! Les élections sont conçues
comme une période de «faste» pour ces organes de presse qui ne comptent
sur aucun soutien financier sérieux et suffisant. Surtout en cette année où l’enveloppe
de l’aide à la presse n’a pas encore été distribuée pour l’année 2013…
Encore une fois : «l’argent est le nerf de la guerre». Ici
plus qu’ailleurs…