J’ai attendu des jours pour réagir à tout ce qui a été dit, parfois
écrit, souvent sous le saut de l’anonymat. Qu’est-ce qu’on n’a pas dit des
journalistes qui ont eu à interviewer le Président de la République à
Atar ?!? Sur leurs positionnements, sur leur manque de professionnalisme,
sur leur inaptitude ou leur disqualification à pouvoir mener un tel débat, sur
leur complicité avec le pouvoir, leur indulgence, leur manque de «pugnacité»
(?)…
Le plus énervant pour moi a été cette information donnée par les
plus sérieux des journaux : comme quoi les journalistes «auraient» - le
conditionnel est de mauvaise foi parce que la suggestion restera – communiqué
leurs questions au Cabinet du Président qui «aurait» rayé les questions
malvenues.
C’est dénué de tout fondement, naturellement. Et ceux qui donnent
l’information sont les premiers à le savoir. N’empêche.
Je ne vois pas quelles questions auraient dû être posées par les
journalistes présents. Chacun a posé les questions pour lesquelles il voulait
avoir des réponses en priorité. L’objectif ici étant de faire le bilan d’un
exercice, de voir les perspectives d’avenir, de poser certaines questions
d’actualité notamment les questions se rapportant au dialogue politique et au
processus électoral.
Je vous ai dit, la veille du débat, toute la pression dont nous
étions victimes. Chacun croyant que nous étions là pour poser son problème,
celui de sa communauté, de son village, de son groupe, de sa caste… Même si
nous avions tenté de poser les problèmes tels qu’ils étaient exposés par ceux
qui nous interpellaient, il aurait fallu y passer la nuit. Sans aborder les
questions nationales.
Qu’y gagnait le débat ? Rien sinon qu’on aurait occulté les
vraies questions qui occupent l’esprit des Mauritaniens. Ceux qui avaient des
questions particulières auraient dû chercher à les poser directement. Ceux qui
voulaient insulter ou violenter (verbalement) le Président auraient dû chercher
à le faire directement. Au grand jour. C’était possible et d’ailleurs certains
membres d’un syndicat estudiantin l’ont fait. L’un d’eux a été invité à venir s’exprimer
en toute liberté devant le Président, mais il est parti.
Il n’y a pas de mal à exprimer son état d’âme. Encore
faut-il accepter aux autres de faire de même.