Une terminologie qui a toujours suscité chez moi le scepticisme… les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Comme pour les programmes de la Banque Mondiale et du FMI, j’ai toujours cru qu’il s’agit d’une fuite en avant de nos partenaires techniques et financiers (PTF, pour les intimes) pour masquer les cuisants échecs des programmes qu’ils imposent aux pays pauvres et mal gouvernés. Et la preuve pour moi est simplement le fait qu’un pays comme la Mauritanie est passé de «pays en voie de développement» au moment des premiers programmes du milieu des années 80, à «pays le moins avancé» dans les années 90, à «pays pauvre» à la fin de ces années-là, à «pays pauvre très endetté» dans les années 2000. Une descente aux enfers dont quelqu’un (n’importe qui) est bien responsable. Alors on utilise cette logomachie qui a fini par être décrite comme un «catéchisme» par les spécialistes de la question. Je paraphraserai un éminent anthropologue de notre temps, pour résumer en disant qu’il s’agit là d’un ésotérisme destiné à occidentaliser un peu plus les peuples du Tiers-Monde. Mais là n’est pas l’objet de ce billet…
Il y a moins de trois semaines, j’ai été convié à un déjeuner de presse co-organisé par le PNUD et l’Ambassade d’Espagne. On devait y discuter de certains programmes exécutés dans le cadre des OMD et financés par le Royaume d’Espagne. J’y ai appris que c’est grâce à ces financements espagnols et avec la supervision des agences ONU concernées, que le festival du Med’h a été organisé à Atar, que le festival musiques traditionnelles a été organisé à Kiffa.
J’ai pris la parole pour louer ces deux évènements, le premier ayant donné un concours du Meddah qui a permis de découvrir de nouveaux talents et de consacrer les anciens. Tout comme le second qui a donné toutes ces compétitions comme «Ennaghma edhahabiya», «sawtal watan»… et qui visent toutes à promouvoir le talent et la créativité. Pour moi c’était là une «réalisation concrète» d’un aspect des OMD qui ont relevé jusqu’à présent de la théorie…
Je viens d’apprendre que les fonds destinés à ces deux festivals qu’on espérait saisonniers, que ces fonds ont été «utilisés» par le ministère de la culture pour organiser le festival de la diversité culturelle qui vient de se tenir à Nouakchott. Ce n’est pas qu’il aurait fallu trouver d’autres ressources pour le faire, mais je crois que le festival de Nouakchott n’a pas eu – et n’aura jamais – l’incidence de ceux de l’intérieur du pays. Même s’il s’agissait de promouvoir la diversité culturelle comme source de richesse – noble intention -, les autorités concernées ont échoué à en faire l’évènement de l’année. Alors qu’elles nous ont privés de deux évènements largement suivis par les Mauritaniens et ayant un très grand apport sur les populations locales, et de grands effets sur les arts promus.
Il est vrai que les fonds mobilisés étaient gérés par les associations quand il s’agissait des festivals de Kiffa et d’Atar, alors que c’est le ministère et uniquement le ministère qui a eu la gestion du pactole lors du festival de la diversité. Je ne sais pas si cela en valait la peine, mais les faits sont là : les financements qui auraient dû être utilisés par le festival du Med’h à Atar et celui des musiques traditionnelles à Kiffa, ces financements ont été «bouffés» à Nouakchott… à l’occasion du festival de la diversité culturelle…