Si
ce qui doit arriver arrive, c’est normalement Mohamed Mahmoud Ould Mohamed
Lemine, le président de l’UPR qui doit hériter la présidence de l’Assemblée
nationale. Avec sa confortable majorité de députés et ses soutiens au sein des
autres partis «frères», il n’aura aucun mal à diriger convenablement la
future Assemblée qui sera plus hétéroclite – pour ne pas dire pluraliste – et plus
bruyante que celle d’avant. A sa gauche comme à sa droite, le président de l’Assemblée
devra constamment jouer les équilibristes et les facilitateurs. Dans ce chao
annoncé, l’on aura besoin de calme et d’écoute. Dans le camp de la Majorité,
Ould Mohamed Lemine est tout indiqué.
La
logique qui doit guider à la constitution du gouvernement est celle qui promet
la vieille formule du temps de Ould Taya : «le changement dans la
stabilité». A quelques semaines de la présidentielle, le pouvoir ne peut
pas se permettre de grandes ruptures. D’où la nécessité pour lui de rassurer
ses soutiens actuels. Il ne peut pas non plus faire semblant que «tout est
pour le mieux dans le meilleur des mondes». D’où l’exigence d’une promesse
de changement.
Cette
logique pourrait conduire le Président Ould Abdel Aziz à maintenir son Premier
ministre actuel Dr Moulaye Ould Mohamed Laghdaf. Auquel cas, on expliquera qu’il
préfère garder celui qui l’a accompagné au lendemain du coup d’Etat du 6 août
2008, qui a dirigé le gouvernement de sortie de crise de juillet 2009 et auquel
il a depuis renouvelé sa confiance. Une façon d’éviter à choisir entre
différents postulants dont la proximité pourrait bouleverser le dispositif
actuel.
La
même logique pourrait conduire à la nomination d’un Premier ministre, jeune
technocrate, faisant partie ou non de l’actuelle équipe, détribalisé, plus ou
moins indépendant de l’influence des groupes d’affaires proches ou non de l’actuel
pouvoir. Auquel cas, le risque de faire le mauvais choix et de devoir se
rattraper à quelques semaines d’une échéance qui n’est pas gagnée d’avance, ce
risque est gros.
Jusque-là
le Président Mohamed Ould Abdel Aziz a été imprévisible dans ses choix. Ce qui
amène à croire que la situation reste ouverte. Tout peut arriver. Y compris une
alliance avec un parti d’opposition auquel sera confiée la mission de
constituer un gouvernement. Ou au moins, l’ouverture du futur gouvernement sur
une partie de cette opposition.
Reste
que de l’autre côté, l’Opposition s’organisera forcément autour de Tawaçoul qui
prendra la tête de l’Institution de l’Opposition Démocratique. Le bureau qui en
sortira comportera aussi un représentant des partis d’opposition qui auront
fait ce choix. Reste à identifier qui sera le chef de file de l’Opposition. Si le
renouvellement des deux tiers du Sénat n’est pas décidé au plus vite, le
président de Tawaçoul, Jemil Mansour ne pourra être à ce poste. Il va falloir
chercher au sein des élus du parti le plus apte à mener à bien les futures
concertations avec le pouvoir.
En réalité, tout ce qu’on peut dire reste du domaine
du supposé, de l’analyse donc du probable… Cela peut servir justement à occuper
en attendant de voir si ce qui doit arriver va arriver comme on peut s’y
attendre.