La Haute autorité de la presse et de
l’audiovisuel (HAPA) se mêle enfin de ce qui la regarde finalement. Voilà
qu’après avoir rappelé à l’ordre l’ensemble des médias publics et privés, elle
organise un atelier sur leur rôle en période électorale. Une soixantaine de
personnes dont la plupart des journalistes ont participé à cet atelier où des
compétences du métier ont été sollicitées.
C’est, pour le président de la HAPA, Hamoud
Ould M’Hammad, «un forum qui nous aidera tous, régulateurs, médias publics
et privés, journalistes, à répondre à des questions pratiques qui se poseront à
nous à tout instant, et aussi à une meilleure compréhension de notre rôle et de
l’action que nous devons mener». Une occasion d’expliquer la régulation,
ses objectifs, son champ d’action, ses outils…
«La période électorale vous le savez, est
chez nous propice aux émotions, l’on y oublie parfois les convenances, et la
passion, en cette saison, l’emporte souvent, malheureusement sur la tempérance.
La HAPA dont la mission en cette étape cruciale pour notre démocratie
consistera essentiellement à s’assurer de l’égalité des temps d’antenne et de
parole offerts par les médias aux différents candidats, est aussi comptable du
bon respect par toute la profession des principes déontologiques et d’éthique
dont le maître-mot est le respect strict de certaines méthodes de travail qui
fondent la bonne foi, sinon la stricte objectivité».
Quand nous revendiquions le régime de la
régulation en lieu et place de celui de l’autorisation, cela supposait une
maturité que nous sommes supposés avoir à partir de l’accumulation de nos
expériences.
Jusqu’en 2006, toute publication était soumise
à une autorisation préalable (le récépissé de dépôt légal devenant
autorisation). Il s’agissait de laisser paraitre seulement les publications qui
auront répondu à certaines normes. Là où était l’injustice, c’est que la loi sur
la presse ne prévoyait pas l’autorisation et que l’appréciation était laissée à
la discrétion d’un fonctionnaire du ministère de l’intérieur plus prompt à
réagir comme «assurant de l’ordre public» que comme garantie de l’exercice de
la liberté d’expression.
En 2006, notre société nous a suivis en
instituant pour nous le régime de la régulation. C’est par nous-mêmes que nous
devons être régulés. Ce sont nos compétences et nos prédispositions à savoir ce
qui doit être dit (ou écrit), ce qui peut être dit (ou écrit) de ce qui ne doit
et ne peut l’être. Cela suppose un degré de maturité qui implique la conscience
de la responsabilité. Puis vint la dépénalisation du délit de presse qui était
aussi l’une de nos revendications primordiales et qui accentua cette nécessité
d’être à la hauteur du défi, celui de se prendre en charge en exerçant en toute
responsabilité le droit à s’exprimer et le devoir d’informer. Nous sommes
supposés avoir dépassé l’époque où la passion aveuglait, où
l’instrumentalisation par les services de renseignements et les lobbies
financiers et sociaux décrédibilisaient l’entreprise de presse… l’époque où
tout était permis sauf l’essentiel. A cette époque-là, les journaux sérieux,
ceux qui enquêtaient sur les malversations et sur la mauvaise gouvernance en
général, ceux qui dénonçaient ouvertement l’arbitraire, ceux-là souffraient les
saisies et les censures. Alors que ceux qui insultaient sans retenue les gens,
qui distillaient une littérature raciste et attisaient les haines sociales,
ceux-là étaient engraissés par le système.
…Après tout le parcours difficilement accomplis
par la presse, nous voyons refaire surface la délation, la fausse information,
la propagande raciste et violente. D’où la nécessité pour la HAPA de se
manifester.