Au
cours de la cérémonie d’ouverture de la 15ème session du sommet de l’OMVS,
des mots ont été prononcés, d’autres «dits»,
pour reprendre l’expression de la présentatrice qui ne pouvait s’empêcher d’inviter
tel ou tel Président «…à dire son
discours», parfois «…pour son
discours». Parmi ces mots celui d’«esclave» prononcé par le Président Alpha
Condé de Guinée qui a voulu terminer son discours par une interpellation à ses
homologues, un peu dans l’improvisation pour détendre l’atmosphère.
«…A mon ami le Président Ould Abdel Aziz,
tous mes remerciements, ainsi qu’à mon jeune frère Macky Sall, et à mon …esclave
Dioncounda… tout le monde sait que les Traoré sont les esclaves des Condé…»
Après
avoir marqué un moment de surprise, les présents donnèrent l’impression de bien
prendre la blague. Il s’agissait en fait d’un impair, d’ailleurs punissable par
la loi mauritanienne. Par une amende et un emprisonnement.
Cette
vanne autour d’une question aussi dramatique que l’esclavage, aussi actuelle
aussi dans les sociétés ouest-africaines, ne sera pas du goût de tous. En attendant
d’entendre les réactions des uns et des autres, il est important de rappeler le
chemin parcouru par la Mauritanie sur la voie de l’émancipation. En témoignent
ces propos de Boubacar Ould Messaoud, l’und es grands pionniers de la cause :
«Je considère
que la question de l’esclavage en Mauritanie a fait un grand progrès. L’un des
signes révélateurs de ce progrès est que les féodaux, propriétaires d’esclaves,
qui hier se ventaient et se considéraient des hommes de parole et d’honneur,
nient à présent l’esclavage et le cachent et sont capables de mentir pour
cacher leur forfaiture. Une fois pris en flagrant délit, ils inventent tous les
stratagèmes pour justifier leur relation avec ces gens que tout le monde
connait comme étant leurs esclaves ou les descendants de leurs esclaves. On les
trouve chez eux comme domestiques, gardiens de troupeaux ou autres.
Le combat que nous avons mené a amené les esclavagistes à nier le
phénomène et ne plus s’en venter comme avant, quand ils se qualifiaient de
nobles et les autres d’esclaves, d’hommes inférieurs. Ils ont toujours cette
considération, mais n’ont plus le courage de le dire». (interview à maurisahel.com)