Le
maire de Villiers-sur-Marne a décidé de déprogrammer le film Timbuktu de
notre compatriote Abderrahmane Sissako. Pour lui, cette œuvre qui vient d’être
nominé pour l’Oscar du meilleur film étranger fait l’apologie du terrorisme.
Alors que le film est le premier acte de combat contre l’obscurantisme et
contre l’idéologie qui soutient et justifie l’exercice de la violence en terre
d’Islam et ailleurs. C’est la preuve de cette folie qui prend l’élite bienpensante
du pays qui a vu naitre la philosophie des Lumières. On ne sait plus distinguer
la bonne graine de l’ivraie, l’amalgame est l’exercice le mieux partagé au sein
de la classe dirigeante.
Le
Maire, devant l’énormité de sa décision, a dû revenir là-dessus en expliquant
au journal Le Monde que «compte
tenu des événements, et du fait que Hayat
Boumeddiene était originaire de Villiers, je ne voulais pas que
le sujet du film soit dévoyé et que les jeunes puissent prendre comme modèle
les djihadistes. Nous allons reprogrammer le film dans une quinzaine de
jours, et organiser un débat, avec des responsables des trois grandes
religions, des représentants d’associations, et pourquoi pas, s’ils le
souhaitent, des membres de l’équipe du film».
On peut rappeler la grande cabale suscitée par la
censure du film Exodus dans certains pays arabes et tout le tintamarre
produit par la presse occidentale autour de la question. Le film qui remanie
profondément l’Histoire pour ancrer l’idée du’ «Peuple errant» qui fonde
la victimisation chez les idéologues particulièrement du sionisme, a été jugé
une instrumentalisation, un usage de faux pour justifier les prétentions de
l’Etat hébreux sur les terres arabes, notamment la Palestine.
Pour revenir à Timbuktu, il faut signaler
que le réalisateur s’est abstenu de faire une déclaration à la presse locale,
préférant réserver ses paroles aux médias étrangers. Nous apprenons par une
dépêche de l’AFP que la nomination de son film est «un grand signe pour la Mauritanie et l’Afrique». Ajoutant
qu’il s’agit là de «la reconnaissance d’un travail accompli avec la passion
et l’engagement de femmes et d’hommes de différents pays unis pour défendre nos
valeurs universelles d’amour, de paix et de justice».
Pour lui ; le film défend les valeurs
universelles d’amour, de paix et de justice. On est loin, très loin de l’apologie
du terrorisme.